Playlist « Wagner sans paroles » – 2

Seconde partie de cette brève incartade du côté des anthologies orchestrales wagnériennes, telles qu’elles étaient brillamment pratiquées dans les années 50 et 60 selon leur versant américain.Appréciation : **** / **** / ****Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Au sortir de la guerre, et grâce à l’essor du disque, les Européens purent commencer à découvrir les orchestres du nouveau monde : les quelques témoignages d’avant-guerre n’étaient pas des plus réjouissants quant à la qualité des orchestres américains : hors New-York, où Toscanini régnait en maître, point de salut, même si commençait à émerger la réputation des quatre autres orchestres du « Big Five » : Boston, Chicago, Cleveland et Philadelphie –tous dirigés par des chefs européens, respectivement : Koussevitzky puis Munch ; Reiner ; Szell ; Ormandy-. Aussi la surprise fut-elle immense lorsque ces disques parurent : les orchestres américains avaient rejoint, voire dépassé, leurs homologues européens : ces pages orchestrales le démontrent amplement.

William Steinberg –né Hans-Wilhelm Steinberg à Cologne, et dont je vous ai déjà exposé les grands talents ici-, fut interdit de direction en Allemagne par les nazis dès 1933. Exilé aux États-Unis où il occupa longtemps –1952-1976– la tête de l’orchestre de Pittsburgh, il contribua à créer un solide et assez conséquent catalogue d’enregistrements pour les firmes Capitol –filiale américaine d’EMI– puis Command Classics. Son anthologie orchestrale de Wagner est de très haute tenue, ce qui n’est guère étonnant lorsqu’on sait qu’il commença sa carrière comme chef d’opéra à Francfort, où il s’illustra notamment en conduisant la création mondiale de « Von heute auf morgen », de Schonberg, ou encore la création allemande du « Mahagonny » de Weill.
Très grand chef, longtemps peu connu en Europe –tous ses disques furent pourtant très hautement évalués à l’époque de leur parution en Europe– mais que la réédition de ses enregistrements permet de redécouvrir,  affirmait d’ailleurs : « Tous les orchestres du Top 20 des États-Unis sont supérieurs à n’importe quel orchestre européen, à part le philharmonique de Berlin ».

Playlist « Pause Pop, tiercé gagnant » !

Entre plusieurs séries en cours -chronologique, défi des dix ans, anthologies orchestrales des deux Richard…- je m’accorde une jolie pause pop avec la playlist de ce jour, composée des trois meilleurs albums  –à mes oreilles, et dans l’ordre de parution : ***** ; **** ; *****– aux superbes pochettes –à mes yeux : cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– de Supertramp, dans sa formation la plus fructueuse –avant et après, le groupe a connu un certain nombre de changements de personnel-.

Après des années de disette pour le groupe, ces albums se sont tous vendus comme des petits pains, notamment le dernier, grâce auquel Supertramp connut une popularité à travers le monde entier –au moins trois singles classés simultanément dans les charts un peu partout-. C’est le plus « pop » des trois disques, les deux autres lorgnant parfois du côté du « Prog-Rock », mais de manière suffisamment éloignée pour ne pas m’en éloigner –c’est un genre que je déteste cordialement en général-.

Techniquement, tous ces albums méritent d’être distingués : ils sont tous très bien enregistrés sans donner dans le spectaculaire et bien produits et réédités en CD –livrets avec paroles pour chaque disque, iconographie…-. Ils ont tous bénéficié d’une remastérisation de qualité, qui les rend encore plus agréables à écouter, notamment à fort volume !
En revanche, la réédition en vinyle –Picture-Disc– de « Breakfast In America est à éviter : c’est un joli certes un joli objet, mais rien de plus et le son est altéré du fait même du procédé.

Je n’y avais jamais fait attention auparavant, mais une écoute un peu concentrée permet de constater que certaines lignes de basse s’avèrent réellement intéressantes, très mélodieuses et tombent étonnamment bien sous les doigts. Ce n’est pas très audacieux harmoniquement, mais le rythme est souvent plus complexe qu’il n’y paraît et c’est généralement très joli lorsque joué de manière autonome, sans accompagnement !

Playlist «  L’autre Richard : Anthologie Strauss / Karajan 70’s » – 1

Entre Herbert Von Karajan et Richard Strauss, ce fut une histoire d’amour jamais démentie tout au long de la carrière discographique –et de concert– du chef, qui signa quatre anthologies orchestrales plus ou moins exhaustives des oeuvres du compositeur :
la première à la fin des années 40 –avec, notamment, le premier enregistrement mondial des « Métamorphoses »-et au début des années 50, avec l’orchestre philharmonique de Vienne et le Philharmonia Orchestra, chez EMI/Columbia ;
la deuxième au début des années 60, partagée entre l’orchestre philharmonique de Berlin, pour Deutsche Grammophon –son premier enregistrement pour honorer son contrat avec le label fut consacré à Richard Strauss– et l’orchestre philharmonique de Vienne, pour Decca ;
la troisième –la plus complète– à la toute fin des années 60 et au début des années 70 avec l’orchestre philharmonique de Berlin, partagée entre Deutsche Grammophon et EMI : c’est celle dont j’écoute la première partie aujourd’hui –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– ;

une dernière, enfin, toujours avec l’orchestre philharmonique de Berlin, au début des années 80 et de l’ère digitale, toujours chez Deutsche Grammophon.

Toutes ces versions sont a minima très satisfaisantes, et nombre d’entre elles sont exceptionnelles et restent considérées par de nombreux mélomanes et musicographes comme des versions « de référence ». Outre-Rhin, le chef reste réputé comme le plus grand « Straussien » du 20ème siècle et en France, cette opinion est assez largement partagée, même si on met sur un pied d’égalité Rudolf Kempe ou Clemens Krauss, voire Fritz Reiner. L’orchestration rutilante et foisonnante de Richard Strauss est parfaitement en accord avec les conceptions du chef : beauté des sonorités, qualité de tous les pupitres de l’orchestre, grande dynamique, sens de l’architecture.
Elles permettent également de suivre l’évolution du chef et de son orchestre de Berlin à travers les décennies, ainsi que l’évolution des techniques d’enregistrement : monophonie des années 40 et 50, début puis rapide essor de la stéréophonie, quadriphoniequi n’était intéressante que pour les marchands de canapé selon Karajan…– et, enfin, début de l’ère numérique –les remastérisations de ces premiers enregistrements numériques sont nettement préférables-.

Playlist « Wagner sans paroles » – 1

La playlist de la matinée est la première d’une série de 2, consacrées à des pages orchestrales extraites des opéras de Richard Wagner. La démarche peut paraître bizarre –et contestable-, mais je n’ai pas toujours le temps –voire l’envie– d’écouter un opéra en entier et Wagner était de toute manière un orchestrateur de génie. Les ouvertures et préludes peuvent assez facilement constituer des pièces « autonomes », mais ces enregistrements contiennent, en outre, des pages plus difficilement réductibles à une simple exposition orchestrale sans un minimum de bidouillage d’adaptation.
Pour le moins téméraire ou le plus novice des auditeurs, ces pièces orchestrales lui permettront de découvrir Wagner plus facilement que l’écoute d’un opéra, même si elles ne lui offriront  évidemment pas l’occasion de pénétrer dans cet univers si particulier. Par ailleurs, certains mélomanes avertis totalement réfractaires à l’opéra raffolent en revanche de ces extraits orchestraux.
Cette première partie présente des versions enregistrées par des orchestres européens –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

On retrouve donc :
l’un des premiers disques enregistré par Herbert Von Karajan avec la philharmonie de Berlin, en 1957. Le chef, titulaire d’une nomination « à vie » dûment avalisée par le sénat de Berlin, n’avait pas encore signé son juteux contrat avec le label Deutsche Grammophon, mais il était déjà l’artiste classique le plus vendeur du marché alors très actif du disque classique, enregistrant pour EMI/HMV. Cet album est l’un de ses premiers enregistrements en stéréo **** ;
une anthologie très réussie à mes oreilles, et plutôt complète, mobilisant les trois principaux orchestres londoniens –orchestre symphonique, orchestre philharmonique et Philharmonia Orchestra-, enregistrée au début des années 70 par le chef anglais (Sir) Adrian Boult, à la longévité discographique exceptionnelle, qui regretta toujours de n’avoir jamais eu l’occasion d’enregistrer un opéra complet du compositeur **** ;
Le deux très fameux albums –la réédition en CD des trois LP d’origine tient en deux disques– enregistrés par Otto Klemperer avec « son » Philharmonia Orchestra au début des années 60, durant ce qu’il est coutume d’appeler son « été indien discographie » et qui ont acquis –et conservent, aujourd’hui encore– un statut mythique chez de nombreux mélomanes depuis cette date ****.

Playlist russo-germano-hongroise !

J’avais déjà évoqué il y a une dizaine d’années de manière un peu détaillée –à lire ici- la courte carrière de Ferenc Fricsay, tôt disparu à 48 ans, et star du label Deutsche Grammophon de la fin des années 40 au milieu des années 50, label qu’il contribua à largement abonder durant cette période, aussi bien dans le domaine de la musique orchestrale que dans celui de l’opéra : son leg discographique comprend une centaine de volumes enregistré en une petite douzaine d’années .
La playlist de ce jour lui est entièrement consacrée, via trois albums qui bénéficient d’excellentes conditions techniques pour l’époque –de la monophonie de première qualité– et d’un remastering soigné : elle propose ainsi des oeuvres de deux musiciens russes, interprétées par des orchestres allemands dirigés par un chef hongrois –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– !

La sérénade pour cordes de Tchaïkovski est une œuvre que j’apprécie beaucoup, d’accès très facile, et qui oscille entre vigueur chantante et douce mélancolie, mobilisant ponctuellement des airs de la musique populaire russe.
La version de Ferenc Fricsay est tout-à-fait excellente et permet de mettre en valeur les cordes de son orchestre –à cette époque (1953) les meilleurs pupitres du RIAS de Berlin-. ****

Toujours en 1953 et toujours à Berlin, mais avec l’orchestre philharmonique cette fois, la version de la sixième symphonie « Pathétique » de Tchaikovskyl’une des toute premières œuvres que j’ai connue, enfant-, au classicisme très épuré, est l’une des meilleures de la discographie.
Fricsay réenregistra l’oeuvre avec son orchestre, le RIAS Berlin, en 1959 : une autre belle version, même si je préfère celle écoutée ce jour. *****

Enfin, la très belle suite symphonique « Shéhérazade » de Rimsky-Korsakov, en quatre parties, est très bien interprétée –un enregistrement de 1957-, dans une veine là encore très classique mais qui ne nuit pas à la narration, mais expose les limites de l’orchestre, qui, même s’il ne démérite pas, ne possède pas les couleurs ou la souplesse des plus beaux orchestres européens de l’époque. ****

In Memoriam – Leif Segerstam

Ce compositeur finlandais prolifique, qui composa pas moins de 371 symphonies –dont plus d’une centaine ont été effectivement jouées à ce jour-, une trentaine de quatuors à cordes, une douzaine de concertos pour violon, mais également quelques concertos pour alto ou pour piano, est décédé il y a quelques jours.
Selon le grand chanteur basse finlandais Marti Talvela, ses symphonies, au moins pour les premières d’entre elles, s’inscrivent dans dans le droit fil de la septième symphonie de Sibelius. Elles sont généralement composées d’un unique mouvement et n’excèdent pas une vingtaine de minutes.

Leif Segerstam fut aussi un grand pédagogue et un excellent chef d’orchestre, notamment à la tête de l’orchestre philharmonique d’Helsinki, avec lequel il enregistra l’une des toute meilleure intégrale des symphonies de Sibelius pour le label Ondine, et, à mes oreilles, la mieux enregistrée : les timbres sont somptueusement captés notamment ceux des bois –cliquer sur l’imagette pour la voir en plus grand-.

Il se dévoua notamment pour faire connaître la musique de son pays : son anthologie Uuno Klami pour le label Finlandia, ou encore son intégrale des symphonies du compositeur finlandais Einojuhani Rautavaara, édité par le label Ondine, méritent également un large coup d’oreille.

Playlist « du blues anglais au rock FM américain »

La playlist de ce jour est entièrement consacrée aà une période charnière du groupe Fleetwood Mac –1970-1973-, période qui signe l’évolution de ce groupe, à grands coups de changements de personnel, du « British Blues » vers une forme de Rock FM américain, qui atteindra son sommet avec le très fameux « Rumours » en 1977. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Rappelons pour commencer que Fleetwood Mac était initialement composé en 1967, de Mick Fleetwood à la batterie, John Mac Vie à la basse et Peter Green à la guitare, tous trois issus des Bluesbreakers de John Mayall et renforcés par un second guitariste Jeremy spencer. Le groupe est alors l’un des meilleurs combos anglais de British blues, parfois mâtiné d’une touche de psychédélisme.
En 1969, un troisième guitariste, Danny Kirwan, les rejoint, peu avant le départ de Peter Green en 1970, atteint de dépression -il sera un temps interné en hôpital psychiatrique- et de crise mystique,  et le groupe recrute en outre une claviériste, Christine Perfect –future Christine McVie (✝︎2022)-.

C’est ici que commence la playlist de ce jour.
• Kiln House – 1970. *** Formation : Fleetwood / McVie / Spencer / Kirwan / Perfect.
• Future Games – 1971. **** Formation : Fleetwood / McVie / Welch / Kirwan / C. McVie. Cet album est marqué par le départ de Jeremy Spencer et l’arrivée de Bob Welch, premier membre américain du groupe.
• Bare Trees – 1972. **** Formation : Fleetwood / McVie / Welch / Kirwan / C. McVie.
• Mystery To Me – 1973. *** Fleetwood / McVie / Welch / Weston / C. McVie. Danny Kirwan a quitté le groupe fin 1972, après avoir sombré dans une quasi-démence. Il finira tristement sa vie clochard et alcoolique (✝︎2008), il est remplacé par Bob Weston.

Les deux années suivantes seront encore marquées par des changements de personnel, avec notamment l’arrivée de Stevie Nicks et de Lindsey Buckingham, qui orienteront définitivement le groupe vers d’autres horizons musicaux et le succès commercial-.

Playlist « Musique dégénérée »

La playlist du jour, dans droit fil de l’opéra écouté dimanche, est consacrée à des compositeurs considérés par le régime national socialiste allemand comme « dégénérés » et, en conséquence, interdits par le régime.
Certains de ces compositeurs ont été redécouverts grâce à la remarquable collection « Entartete Musik » éditée par Decca durant les années 90 : le troisième album présenté ce jour est en quelque sorte un disque-catalogue proposant des extraits de cette collection, avec des compositeurs aussi variés que Franz Schreker, Walter Braunfels, Berthold Goldschmidt  ou Enst Krenek. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Pour avoir une vision succincte de ce qu’est la « musique dégénérée », la notice de l’encyclopédie en ligne est à lire ici. Pour en savoir plus sur les fondements idéologiques et moraux qui ont abouti à la mise au ban de ces musiciens considérés comme dégénérés, deux articles, ici et , s’avèrent très instructifs.

Playlist « grands classiques – Seconde chance »

J’ai pioché au hasard dans ma discothèque trois disques consacrés à de « grands classique » dont j’avais gardé un souvenir pour le moins mitigé –en matière d’interprétation– afin de confirmer ou d’infirmer les impressions plutôt défavorables qu’ils avaient laissées dans ma mémoire. Les étoiles attribuées correspondent mon appréciation après réécoute.-Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Beethoven – Symphonie n°5 – Bernstein/New York. Après réécoute, je reste sur une impression mitigée. Certes, le « jeune » Bernstein de New York n’est pas encore le Bernstein plus âgé plein de maniérismes qui enregistra tardivement en Europe, mais cette cinquième symphonie est bizarre, avec son premier mouvement pris plutôt lentement et ses déséquilibres orchestraux ponctuels. La transition entre les troisième et quatrième mouvement est cependant très bien gérée et le deuxième mouvement s’avère plutôt chantant. ***
• Bach – Variations Goldberg – Keith Jarrett (clavecin). Voilà une oeuvre que j’apprécie particulièrement, que j’écoute souvent et dont ma discothèque regorge de versions. Celle de Keith Jarrett n’est pas mal jouée, mais, sur des tempi plutôt lents, se présente comme une succession de petits moments –parfois agréables-sans garantir une cohérence d’ensemble et, au final, aboutit à un résultat plutôt soporifique –ce qui peut s’avérer pratique l’oeuvre étant écrite à destination d’un insomniaque ! -. **
• Tchaikovsky – Symphonie n°4 – Celibidache/Munich. C’est lent, pachydermique et pauvre en couleurs. Personnellement, je trouve cela d’un mauvais goût remarquable, mais d’autres mélomanes en raffolent et ne jurent que par ce chef, qui savait mieux que les compositeurs ce que contenait leur musique –cf. ses théories sur la phénoménologie de la musique– et, vers la fin de sa vie, dirigeait tout de manière uniformément lentissime… Je crois que c’est un des pires disques de ma discothèque ! *

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