Playlist « Néo-classicisme motorique »

La playlist du jour est consacrée à l’oeuvre symphonique d’un musicien assez peu connu du « grand-public », bien qu’il s’agisse sans doute du plus important compositeur allemand du XXème siècle : Paul Hindemith, estampillé dans son pays comme « artiste dégénéré » par le régime des aboyeurs en chemises brunes.

C’est une musique qui reste facile d’accès –on est très loin des dissonances de la seconde école de Vienne-, oscillant entre un néo-classisicime motorique grinçant et un post-romantisme contrapuntique non dénué d’humour innovant par des couleurs assez cuivrées et des alliances de timbres assez inédites et très personnelles –cf. extrait ci dessous-. Paul Hindemith fut un compositeur très prolifique sans que la quantité des oeuvres écrites –dans tous les domaines– ne nuise à sa qualité, tant il possédait de facilités et de métier. Il s’exila rapidement aux Etas-Unis, puis en Suisse.

Le présent coffret –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, copieusement garni, dans un son très convenable, contient l’ensemble des oeuvres symphoniques pour « grand orchestre » et les interprétations sont généralement de fort belle qualité, même si d’autres versions des oeuvres les plus populaires du compositeur sont parfois plus percutantes –mais on ne trouve pas facilement les oeuvres plus rares réunies ici-. Deux autres coffrets complètent cette collection, l’un consacré aux œuvres concertantes, l’autres aux oeuvres pour orchestres de chambre. 

, ,

Playlist seconde chance

Le principe est connu : donner une seconde chance à des enregistrements qui ne m’ont pas trop convaincu lorsque je les ai écoutés antérieurement. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux albums Beethoven sont issus d’intégrales des symphonies que j’apprécie le moins, ainsi que je le présentais ici. Ces intégrales ont rapidement fait les beaux jours des bacs à soldes et restent encore disponibles à tout petit prix. La deuxième symphonie par André Cluytens est, en fait, beaucoup mieux que dans ma mémoire, et il serait sans doute nécessaire de réécouter ses huit soeurs : peut-être réviserai-je mon jugement à propos de cette intégrale ? En revanche, la neuvième symphonie par Carl Schuricht, qui prend appui sur une tradition française bien ancrée de l’interprétation des symphonies de Beethoven, me laisse toujours dubitatif, et la prise de son, typique de EMI France, est assez peu engageante –stéréo schématique sans grande profondeur, timbres assez délavés…-.

Quant à la monumentale huitième symphonie de Bruckner par Celibidache, je reconnais ne pas comprendre l’engouement assez général –mais, semble-t-il, de plus en plus interrogé– suscité par ce chef dans l’interprétation des oeuvres du compositeur : le superbe mouvement lent s’enlise dans des tempos lentissimes –«Ne pas traîner», indique la partition…-, et c’est vrai également pour le finale, qui y perd paradoxalement une partie de sa force et de sa grandeur. Un précis de décomposition manquant de plus cruellement de couleurs –l’orchestre est gris et terne– malgré une prise de son de très bonne qualité : il faut donc en rendre responsable ce chef très singulier !

Au final, un disque réhabilité : ce n’est pas si mal !

, ,

Playlist légendaire

La playlist de ce jour est légendaire, rien que ça ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Je l’ai entamée par le « Teenage head » des Flamin’Groovies, ce très bon disque d’un très bon groupe qui ne perça jamais tout-à-fait, et que l’on surnomma alternativement les Beatles américains ou les Rolling Stones américains, selon l’humeur du jour… Sauf qu’ils ne connurent jamais le succès des Anglais ! «Teenage Head» –1971– est leur album le plus abouti, certains vous diront «leur meilleur», ce qui reste sujet à appréciation personnelle. Roy Loney, chanteur-guitariste du groupe, prétend que Mick Jagger lui aurait affirmé, à sa sortie, qu’il était encore meilleur que le « Sticky Fingers » de ses propres Rolling Stones. Affirmation jamais confirmée par son auteur supposé –qui a toujours été avare de commentaires publics et ne parle quasiment jamais des autres dans ses très rares interviews-, et démentie par Ciryl Jordan, guitariste des Flamin’Groovies, qui prétend, quant à lui, qu’il a entendu cette phrase dans la bouche de Keith Richards !
Quoi qu’il en soit, il s’agit effectivement d’un album de très belle tenue, où toutes les compositions sont vraiment très bonnes sans que n’en émerge cependant une excellente –c’est ce qui a toujours manqué au groupe américain : un «hit» majeur– ! L’album se vendit plutôt mal, malgré son statut de disque-culte bien plus tardif et occasionna le lâchage du groupe par sa maison de disques et le départ de certains membres, dont Roy Loney.

Suivent deux albums live de blues absolument formidables permettant de retrouver l’immense guitariste Mike Bloomfield : le premier –1968-, avec Al Kooper –orgue et claviers-, est consécutif au brillantissime « Super Session » enregistré en studio par les deux compères et constitue l’un des tout meilleurs live dont on garde le témoignage dans les années 60, à l’occasion de trois soirées. Il permet également d’entendre un juvénile et encore quasi-inconnu Carlos Santana sur un titre, où il remplaça Mike Bloomfield –régulièrement hospitalisé pour ses très importants troubles du sommeil-. Les titres sont essentiellement des reprises du répertoire blues sous forme de jam-sessions jamais ostentatoires, même si chaque musicien à l’occasion de briller.
Le second, à peine moins brillant mais plus inégal, est enregistré une année plus tard avec son compère Nick Gravenites, avec lequel le guitariste avait fondé l’éphémère groupe The Electric Flag. Mike Bloomfield s’y montre, là encore, inspiré et brillant, comme dans le long « Blues On Te Westside », si intense –le solo médian, bourré de feeling, est dantesque– qu’il éclipse un peu les autres titre de ce très bon live –cf. video ci-dessous-.

, ,

Playlist lumineuse

Il me reste encore un peu de temps pour profiter de quelques écoutes nourrissantes avant une reprise vraisemblablement inscrite sous les mêmes auspices que l’année dernière, crise sanitaire oblige : on n’est pas prêts de tomber les masques, malheureusement ! –Cliquer sur l’image pour a voir en plus grand-.

• La version du « Don Giovanni » de Mozart est un enregistrement public bénéficiant d’une assez bonne qualité sonore et d’une excellente interprétation, très contrastée : les passages les plus lents sont très lents, les passages les plus rapides sont très vifs, les récitatifs sont vivants et les chanteurs principaux sont tous excellents –les voix de Don Giovanni, Leporello et du Commandeur sont bien différenciées, ce qui n’est pas toujours le cas– et l’on tient là, en effet, face à un « drame joyeux », ainsi que l’indique le livret. Je n’y reviendrai pas tous les jours, n’appréciant pas outre mesure cet opéra –mode provocation on : j’ai autre chose à faire que d’écouter du Mozart. Mode provocation off-, mais, de temps à autre, c’est tout-à-fait plaisant, et cela me rappelle mes études d’histoire de la musique, durant lesquelles nous avons décortiqué cet opus de manière très approfondie –à mon grand désespoir : à l’époque, j’aimais encore moins Mozart que maintenant ! -.

• Les symphonies de Sibeliuscompositeur totalement et injustement ignoré durant ces mêmes études, mais alors (fin des années 80), Sibelius n’avait pas si bonne presse en France-, ici écoutées nuitamment, font partie de la seconde intégrale enregistrée par le chef finlandais Osmo Vänskä, avec l’orchestre symphonique du Minnesota dont il est titulaire depuis près de vingt ans. Sa première intégrale, avec l’orchestre finlandais de Lahti, avait été très remarquée et unanimement saluée, la seconde ne me semble pas moins réussie, malgré un accueil un peu moins chaleureux que la première par la presse spécialisée. Les contrastes de tempo et de dynamique sont un peu plus exacerbés, et la prise son s’avère exceptionnelle –comme toujours chez cet éditeur-. Mention particulière pour la lumineuse sixième symphonie –d’où le titre de cette notule-, tout-à-fait remarquable. –cf. extrait ci-dessous-.

Bon, il est temps pour moi de me consacrer à ma petite heure quotidienne de gammes chromatiques et d’enchaînements d’accords…

, , ,

Playlist « retour de vacances »

Je profite de cette playlist en trois langues écoutée « un peu fort » –le plaisir retrouvé de bénéficier du confort certain d’une chaîne Hi-Fi est très réel ! -, tout en rangeant les dernières affaires des vacances et en répondant, déjà, à quelques courriels professionnels, même si le retour au travail n’est pas encore pour demain ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Cette après-midi, je retourne à l’école –en mode instruction au domicile…-, avec mon premier cours dédié à l’instrument dont je vous ai parlé il y a un peu longtemps déjà et pour lequel j’ai enfin un ampli adapté –ça ne « sonne » pas avec un ampli de basse…– ! Avec une agréable surprise à la clé : les cours à domicile bénéficient d’une déduction fiscale de 50%, ce que j’ignorais !

Playlist « Découverte sur le tard »

Je dépiaute depuis hier matin un volumineux coffret acheté il y a bien longtemps –c’était bien avant la « crise sanitaire »– dans un bac à soldes allemand pour une bouchée de pain –moins d’un euro par CD– et que je n’avais presque pas écouté autrement que par bribes distraites depuis son achat.
Alors que je suis généralement très attiré par la musique en provenance d’Outre-Manche, Benjamin Britten est un compositeur, et, accessoirement un pianiste de belle renommée, que je connais très mal, et sa découverte méritait une écoute un peu attentive ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand

A priori, la majorité des versions proposées dans ce coffret sont généralement excellentes si j’en crois les différents avis glanés ici ou là, et le coffret fut salué par la critique spécialisée à sa sortie en 2009. Comme je n’ai aucun recul par rapport à la musique du compositeur, je les crois sur paroles –et je n’en ai pas d’autres pour comparer, quoi qu’il en soit– !

De ce que j’ai pu écouter de cette copieuse anthologie à cette heure –les suites pour violoncelle, le long ballet « Le Prince des pagodes », le concerto pour piano et le concerto pour violon (très virtuoses dans les deux cas), et les « Matinées musicales »-, c’est souvent très intéressant et inscrit dans un style tout-à-fait personnel et plutôt incisif, loin pourtant des audaces sérielles alors fréquemment en vigueur. Je vais poursuivre encore quelques temps, petits à petit, la découverte de ses autres oeuvres symphoniques ou de musique de chambre.
Les opéras, qui constituent une large part de la production du compositeur, viendront pour plus tard : j’aurai sans doute un peu de temps à consacrer à la lecture de leurs livrets durant les vacances à venir si les prévisions d’une météo assez maussade se confirment…

En attendant, de bien belles heures en perspective !

Playlist « En général, je n ‘aime pas… »

En général, je n’aime pas beaucoup Stravinsky, sauf –exception qui confirme la règle– ses premiers ballets, tous écrits avant la première guerre mondiale, entre 1910 et 1913 : Petrouchkaici dans sa réduction pour piano d’une virtuosité redoutable, cf. extrait ci-dessous-, L’oiseau de feu et Le sacre du printemps.
Toutes ces oeuvres s’incrivent dans la « période russe » du compositeur, et s’appuient sur des contes ou légendes du folklore national. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Comme je ne suis pas du genre à punir mes oreilles, et même si j’apprécie beaucoup de faire de nouvelles découvertes –ce pour quoi je n’ai malheureusement guère de temps en ce moment…-, la playlist de ce jour est donc consacrée aux rares pièces de ce compositeur qui trouvent mérite à mes oreilles. Par la suite, en effet, Stravinsky s’orienta vers des oeuvres « néo-classiques » ou sérielles qui ne m’enchantent guère et ne retrouva jamais, au moins à mon avis, le même niveau d’inspiration…

,

Playlist courte et intense

La playlist de ce jour est très courte, puisqu’elle est consacrée, dans deux versions très différentes, aux « Trois Fragments de Wozzeck » : trois pièces orchestrales extraites de l’opéra d’Alban Berg. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Oeuvre d’une intensité dramatique exceptionnelle et d’une profondeur émotionnelle puissante, Wozzeck est l’un de mes opéra favoris, voire mon préféré. Ces deux versions sont tout-à-fait excellentes, et très complémentaires : sombre et presque distanciée pour Antal Dorati, dans un antique album enregistré –de manière exceptionnelle– en 1961; à l’inverse, Giuseppe Sinopoli joue à fond la carte post-romantique d’une lente déploration, qui culmine dans le troisième fragment –cf. ci-dessous-.

,

Playlist « Sublimes pattes de mouche… »

Aujourd’hui, profitant d’un temps de répit bienvenu et d’un jour pluvieux de fête nationale, je révise La Marseillaise l’ultime sonate pour piano de Beethoven à travers trois éclairages fort différents et très complémentaires, pour une oeuvre que l’on serait bien en mal d’épuiser ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux premières versions présentée sont phénoménales pour des raisons très différentes –la première d’une ardeur et d’un abattage juvénile, la seconde pour sa noirceur insondable-, mais dans un son relativement précaire, la troisième version est fort belle aussi –presque paisible et décantée-, dans une belle prise de son. Ce qui vous vaut le titre de cette notule vous est présenté sur l’imagette de droite –cliquer sur icelle pour l’agrandir : ça vaut vraiment le coup d’oeil ! -.

Vous pouvez retrouver la première de ces versions ici : ENJOY !

L’écriture de Beethoven, inclinée vers la droite, n’est guère appliquée, et les corrections et autres ratures, voire trous dans la page, sont innombrables. « Beethoven n’était pas un compositeur qui avait une belle écriture. Il écrivait comme cela lui venait, raturait, ses pensées changeaient et il continuait ainsi […] » (Stefan Weymar, musicologue attaché à l’institut Brahms).
Outre ses partitions plus ou moins griffonnées, le corpus des pattes de mouche du compositeur est abondant et disparate : correspondances, cahiers de conversations –parce qu’il était sourd, il se faisait écrire les questions et répondait parfois par écrit-, billets épars d’intérêt très « domestique » à l’intention de son personnel de maison dont il n’était jamais satisfait et qu’il traitait régulièrement d’âne, carnets « d’idées » –le compositeur avait également une âme d’archiviste…– . Tous ses écrits –dont la qualité calligraphique s’est notablement dégradée au fur et à mesure du temps– laissent apparaître le tempérament explosif de Beethoven : un feu d’artifice sur papier !

, ,

Playlist « Ex-jeune loup prometteur »

La playlist de ce jour est consacrée à quelques-uns des excellents albums que le jeune chef américain Lorin Maazel réalisa pour la firme allemande Deutsche Grammophon avec l’orchestre philharmonique de Berlin à l’aube de sa carrière, à la fin des années 50 et au début des années 60. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Lorin Maazel a connu un destin assez singulier : début à la tête d’un orchestre à 8 ans pour diriger rien moins que la « Symphonie Inachevée » de Schubert, star de la baguette particulièrement appréciée du « grand public », il a suscité un quasi-rejet presque viscéral -et assez difficilement compréhensible pour moi- de la part du cercle bien plus étroit des mélomanes –au moins en France– mais une vraie admiration, voire parfois de l’adoration de la part des musiciens d’orchestre, qui lui ont toujours reconnu une maîtrise technique exceptionnelle et une mémoire fabuleuse.

Quoi qu’il en soit, ses premiers albums sont tous de très belle tenue : c’est vif –au risque d’une certaine brutalité parfois, comme dans la célèbre 5ème symphonie de Beethoven-, c’est très clair et lisible –l’appui sur les cordes est bien moindre que chez Karajan avec le même orchestre à la même époque-, et d’un engagement que le chef ne trouvera plus toujours plus tard.

Les quatre disques du jour sont issus d’un très intéressant coffret thématique contenant 8 CD –cliquer sur l’imagette de droite pour voir en plus grand de quoi il s’agit-, paru en série économique il y a une quinzaine d’année –à titre anecdotique, bénéficiant d’une erreur d’étiquetage, je ai eu, neuf, pour 9,90€, en compagnie d’autres excellents coffrets de cette très belle collection, tous affichés au même prix de manière erronée…-, lequel coffret, assez copieusement garni,  contient d’autres pépites aussi éclatantes –plusieurs symphonies de Schubert rarement enregistrées à l’époque, d’excellentes symphonies de Mendelssohn, une quatrième symphonie de Tchaikovsky sonore et totalement dépoussiérée de tout pathos, trois visions de Rome et Juliette selon Berlioz, Tchaikovsky et Prokofiev…– qui s’inscrivent assez bien dans la « ligne objective » alors en vigueur chez de nombreux chefs d’Outre-Atlantique.

, , , , ,
Retour en haut