Playlist « American way to Beethoven »

Dans la décennie qui suivit la seconde guerre mondiale, c’est sans doute aux Etats-Unis que les orchestres étaient au plus haut niveau : les musiciens avaient été largement préservés du conflit, d’une part, et de nombreux chefs européens parmi les plus célèbres s’étaient installés là-bas pour échapper à la guerre et au fascisme, d’autre part. Si le cas le plus célèbre reste Arturo Toscanini, qui déposa ses valises à New York, Cleveland et Chicago ne furent pas en reste, avec les arrivées respectives de George Szell et Fritz Reiner, hongrois tous les deux.
A eux trois, ils formèrent le « courant objectiviste » –s’abstraire des traditions interprétatives jugées trop romantiques ou subjectives telles qu’elles s’étaient développées en Europe vous l’impulsion de chefs comme Furtwängler ou Mengelberg, par exemple– en annonçant se plier aux seules exigences écrites sur la partition, sans idiosyncrasie superflue.

Le caractère tyrannique des trois lascars –plus connus pour leur efficacité et leurs coups de gueule que pour leur bonhommie-, et l’accueil enthousiaste du public américain les confortèrent dans cette approche, très appréciée, semble-t-il, des discophiles et des critiques de l’époque.
Ils y instaurèrent donc de nouveaux dogmes interprétatifs, faits de rigueur assez sèche et de virtuosité, qui interdirent par exemple à Celibidache, déjà fantasque et pas du tout réputé pour son efficacité en répétition, de trouver un orchestre acceptant de l’accueillir lorsqu’il quitta Berlin, et conduisirent leurs orchestres vers les plus hauts sommets.

Dans Beethoven, ça fonctionne étonnamment bien ! Et la playlist de ce jour –consacrée aux symphonies n°3, 5, 6 et 7 par l’orchestre de Chicago sous la direction de Fritz Reiner– est, à ce titre, tout-à-fait bienvenue ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.


Edit : Les versions de Fritz Reiner sont à la fois vives et puissamment architecturées. Comme celles de Toscanini, elles s’avèrent remarquablement « philologiques », mais sont bien mieux enregistrées. Evidemment, point d’arrières-plans métaphysiques ici… Les mieux réussies de cette série sont sans doute les symphonies 3 et 7. Les trois derniers mouvements de « La Pastorale » sont également très beaux, mais la 5ème me semble manquer un peu de passion, même si elle est fort bien construite et avance avec ardeur.

Playlist du petit matin

Il est encore tôt et la maisonnée dort, ce qui ne m’empêche pas de profiter de cette playlist plutôt variée, même si elle ne comprend guère d’oeuvre rare ou sortant un peu de l’ordinaire. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Quelque sonates de Beethoven pour prolonger un peu Noël, avec la suite de la (re)découverte du très beau coffret entamée dans le jours qui suivirent le Réveillon. Et je reste toujours aussi enthousiaste et agréablement surpris par le remixage qui apporte un peu de corps supplémentaire à des prises de son qui semblaient en manquer lors des rééditions précédentes, et qui me font apprécier d’autant de magnifiques interprétations. Les sonates « médianes écoutées ce matin à volume modéré permettent d’entamer de bien belle manière cette journée !

De même, la symphonie n°3 de Beethoven dans cette version était assez ingrate, en termes sonores, dans la quasi-totalité des éditions précédentes, tant la prise de son originelle est mate. Dans cette réédition à partir des bandes-mères de la radio américaine, on retrouve un peu d’air et d’espace tout-à-fait bienvenus : cela ne nuit pas à la lisibilité extrême voulue par le chef ni au jaillissement rythmique ou à l’approche « objective »qu’il privilégiait dans Beethoven, et qui fit, à une certaine époque, référence dans de nombreux pays, au moment même où les versions studio de Furtwängler étaient vouées aux gémonies.

Le disque consacré à des concerti pour instruments divers de Vivaldi est tout-à-fait satisfaisant pour démentir l’adage selon lequel le musicien aurait écrit « 650 fois le même concerto ». Selon les derniers « standards du moment », elle est un peu sage et s’inscrit dans un courant « HIP modéré », mais le travail sur les timbres, les rythmes et la beauté des sonorités rend cette version d’une écoute réellement agréable ! –cf. extrait ci-dessous-.

Enfin, j’ai gardé la bonne bouche pour la fin : avant même les sonates de Beethoven, j’ai débuté la journée avec une formidable version des « Variations Engima » d’Elgar –une de mes oeuvres de chevet– dans cette excellente version, qui doit être l’une des toute premières enregistrée en studio par un chef non anglais –il existe une non moins excellente version enregistrée en live par Arturo Toscanini et l’orchestre de la BBC dans les années 30 lors de sa première venue en Angleterre, mais, durant très longtemps, Elgar fut un musicien très « local » supporté quasi-exclusivement par les chefs anglais: Boult, Sargent, Beecham…Ce n’est que vers la fin des années 60 qu’il s’exporta vers le-s continent-s-.
La version du jour est, quoi qu’il en soit, vraiment très belle, par son refus des effets tapageurs et le soin apporté aux lignes mélodiques et aux contrechants, pour une musique qui demande une certaine sobriété, au risque de tomber dans la faute de goût !

Playlist du petit matin pour finir l’année…

Tombé du lit ce matin très tôt, parce que le radio-réveil de TheCookingCat diffusait une musique vraiment insupportable –le mot est faible…– qui m’a propulsé sur mes pieds, je me suis bâti cette petite playlist pour réparer cette tragique erreur mes oreilles, et me confronter à des « grandes oeuvres » dans le cadre d’une écoute domestique tranquille pour le voisinage ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

On trouve donc des transcriptions pour petits ensembles, très alléchantes et joliment colorées :
de la 7ème symphonie de Bruckner;
de la 7ème symphonie de Beethoven –cf. extrait ci-dessous-;
de valses de Strauss pour petits ensemble de salon, écrites par Berg, Webern et Schönberg : idéal pour préparer le concert du Nouvel An de demain…
ainsi qu’une transcription pour piano « main gauche », écrite par Brahms, de la chaconne pour violon de Bach.

Toutes ces oeuvres peuvent s’écouter à volume relativement modéré, vu l’heure, et, de surcroît, trouvent dans ces transcriptions de nouvelles couleurs très agréables. De quoi commencer tranquillement cette dernière journée de l’année, qui s’annonce plutôt chargée !

Je l’ai perdue -???- et ce n’est pas grave…

Aujourd’hui, histoire de rire un peu, j’ai voulu écouter quelques sonates de Beethoven par « Herr Professor Doktor » Alfred Brendel –l’une des rares intégrales de ces oeuvres que je n’aime pas du tout– : impossible de remettre la main dessus ! Or, je suis sûr de ne pas l’avoir vendue –cela m’arrive excessivement rarement– ou donnée à une médiathèque, sort généralement réservé aux doublons, justement parce que ce n’était pas un doublon…

J’ai donc dû la prêter, mais je ne sais plus ni quand, ni à qui… Partie de rigolade remise à plus tard –ou à jamais ?-, donc ! Au demeurant, vu que dans mon souvenir, c’était vraiment très mauvais, ça ne me désole pas plus que ça… Et je ne peux même plus vérifier si j’avais tort, ou non, dans mon appréciation –sachant que par ailleurs, de nombreuses revues spécialisées, en France, en ont toujours pensé et dit le plus grand bien…-.

Un sapin en noir et blanc

Au pied du sapin m’attendaient, cette année, deux magnifiques albums de piano ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

J’ai déjà fini d’écouter le Chopin, jouée avec rigueur et puissance, ce qui change un peu des traditionnelles versions un peu salonnardes que l’on peut entendre ici ou là… Emil Gilels dans Chopin, j’ai toujours aimé ça, mais les enregistrements que j’en avais étaient anciens et soviétiques, loin des standards de qualité sonique que l’on pouvait attendre… Point de cela ici, mais, au contraire, une architecture très maîtrisée et une sonorité magnifique. Chopin n’est pas un musicien que j’apprécie outre mesure, mais,  lorsqu’il est joué ainsi, j’en redemande !

Quant aux sonates de Beethoven par Gulda, je vous en ai déjà parlé ailleurs : ma première intégrale en 33 tours, ruinée par un pressage médiocre, du souffle de bande, un son maigrelet et des saturations… Tout cela a disparu dans cet excellent remastering et je la redécouvre avec un plaisir intact : une version virile, très rapide et virtuose, un jeu incisif et, enfin, un équilibre entre les deux mains qu’on ne faisait que deviner dans la version 33T. Cerise sur ce beau gâteau : les concerti pour piano dans une version que je n’avais jamais entendue !

Une discothèque. Bilan 2017. 3. TOP 10 Classique

Choisir, c’est éliminer –et parfois, c’est un crève-coeur…-. Voici donc mon TOP 10, en classique, cette année, après mûre réflexion ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Beaucoup de « grand répertoire », non ?

On retrouve, cette année encore, des symphonies de Brahms –alors qu’il s’agit d’un musicien que j’apprécie moyennement seulement– que je cherchais depuis moultes années à un prix accessible –généralementrien de ce que fait ce très grand chef un peu méconnu ne m’est indifférent-, mais également une formidable intégrale des symphonies de Mahler, acquise il y a une petite dizaine de jours à très vil bas prix –si bas que c’est indécent– en cumulant des « bons-cadeaux » de la boutique en ligne…

Playlist Beethoven à l’ancienne

Tout occupé, depuis tôt ce matin, à télétravailler à la maison –centralisation de données éparses, harmonisation des formats de fichiers, synthèse des documents et préparation d’un volumineux rapport de restitution d’audit : bref, que du bonheur !-, je me suis concocté une petite playlist ne comportant que de « vieilles » versions des sonates de Beethoven : elles ont toutes été enregistrées entre 1950 et 1960. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Cela aide à passer aimablement le temps, et même à réfléchir, sachant que la musique est plutôt en sourdine, mais que mes doigts jouent parfois du piano sur le clavier de zoliMac, et qu’ainsi, j’écris plus vite –cf. l’extrait ci-dessousen même temps, il s’agit plus d’un travail de relecture et de correction que de saisie volumineuse, à ce stade…-.

En revanche, côté oreilles, ce n’est généralement que du bonheur, et je retrouve avec plaisir des versions que je n’écoute plus aussi souvent qu’auparavant, le choix étant abondant dans ma discothèque, et mes goûts plus portés vers des interprétations un peu plus contrastées et architecturées que celles-ci, marquées par une approche « romantique et poétique ». Mais c’est très beau, indéniablement…

Une toute petite dépense pas superflue !

Dernièrement, j’ai eu dans ma boîte aux lettres, pour la très modique somme de 6,79€ et via une remise de 10€ en « bon-cadeau » ce magnifique coffret, que je lorgnais depuis bien longtemps ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les 32 sonates pour piano de Beethoven, j’en ai déjà des versions à la pelle, mais celle-ci, quasi-unanimement louée par la presse spécialisée en France et en Europe, je ne la connaissais pour ainsi dire pas du tout, hors peut-être l’une ou l’autre sonate entendue à la radio il y a très longtemps.

Chaque intégrale présente des vertus plus ou moins nombreuses, peu d’entre elles sont totalement exemptes de baisse de tension ici ou là… Aucune, non plus, ne constitue un ratage complet et intégral –la technique nécessaire pour les aborder, notamment les dernières, ne les réservant pas, de toute façon, à n’importe quel pianiste débutant !-.

Pour le coup, celle-ci constitue une vraie très bonne surprise : parmi les intégrales « récentes », je n’en vois pas de plus aboutie, à la fois virile et poétique, très bien enregistrée, et d’un intérêt constant –elle a été enregistrée patiemment, en 12 ans, ce qui explique sans doute, aussi, cette belle réussite, chaque sonate ayant été mûrie et abordée au terme d’une lente appropriation-. Elle vient s’installer très haut dans mon panthéon personnel, à côté de Schnabel, Gulda I et II et au-dessus de Kempff I, Grinberg et autres Backhaus ou, dans une moindre mesure, Pollini et Nat ou Arrau. Tout en sachant que Gilels, qui n’a malheureusement pas eu le temps, pour cause de décès avant l’heure, d’achever son intégrale, reste perché tout au sommet !

Playlist « Voyage dans le passé »

Aujourd’hui, je remonte dans le temps avec cette playlist, qui comprend ni plus ni moins que l’écoute des tout premiers disques que l’on avait offert, il y a très longtemps : ce sont les premiers disques que j’ai jamais eus, et étant encore enfant et donc totalement désargenté, il fallait que j’attende l’occasion de cadeaux pour qu’ils entrent en ma possession… –Cliquer sur limage pour la voir en plus grand-. Finalement, je n’avais pas si mauvais goût que ça !

Ce n’est que bien plus tard que j’ai acheté mon premier électrophone, qui marchait assez bien –on pouvait notamment l’équiper d’enceintes relativement performantes, ce que je n’ai pas tardé à faire, et il avait le mérite d’avoir une force d’appui réglable, évitant ainsi de trop labourer les sillons… L’ampli intégré à l’ensemble possédait même une entrée/sortie magnétophone au vieux format DIN 5 broches, ce qui permettait d’enregistrer des LP pour les copains, ou de brancher une radio pour profiter d’un son de meilleure qualité-.

Cet électrophone amélioré m’a servi assez longtemps –quatre à cinq ans-, le temps de réunir assez d’argent de  poche pour aller, au tout début des années 80, vers des choses plus sérieuses… Autant vous dire que j’ai tondu bien des pelouses et lavé maintes voitures pour y parvenir !

Playlist entre déceptions et belles réussites

Cette playlist entamée fort tôt en tout début de matinée –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– commence par une sérieuse déception.

J’avais toujours entendu et lu beaucoup de bien de Sir Clifford Curzon, pianiste anglais qui débuta sa carrière peu avant la seconde guerre mondiale, pour l’achever au début des années 1970. J’ai donc emprunté ce petit coffret à la médiathèque, pour m’en faire une idée. On y trouve notamment du très joli Mozart et un Schubert avenant.
Pour le reste, la confrontation avec les grands concertos du répertoire me laisse sur ma faim : notamment, le premier concerto pour piano de Brahms, dans la première version que le pianiste en enregistra –il paraît qu’une autre version est légendaire, j’ai un peu de mal à l’imaginer– m’a fait penser à la fable de La Fontaine « La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf ».
Il en va de même avec la sonate de Liszt, plutôt claire et très chamboulée parfois, et j’ai été franchement très déçu par les « Variations Eroica » de Beethoven, complètement bizarres et heurtées rythmiquement et vraiment loin de mon idéal. En définitive, les critiques anglais sont aussi chauvins lorsqu’ils parlent d’artistes locaux que les critiques français lorsqu’ils parlent d’artistes français…

Du coup, pour me remettre les oreilles à l’endroit, je suis retourné aux mêmes variations par Emil Gilels, admirable d’abattage et beaucoup plus engagée. Il est curieux de constater que le pianiste russe se montrait un architecte très patient dans les sonates de Beethoven, mais joua toujours les différentes séries de variations sur des tempi rapides et avec une phénoménale virtuosité, sans jamais sacrifier la construction.

L’autre souvenir d’une relative déception est ce live des Cure à Saint-Malo, en 2005. J’y étais, j’avais assez peu apprécié le concert, du fait d’un son très médiocre et d’un public relativement aviné et agité. Le groupe, en quatuor à l’époque, n’avait plus de clavier, et, malgré tout l’immense talent de Porl Thomson à la guitare –cliquer sur l’image tte de droite pour la voir en plus grand-, cette absence se fait parfois cruellement ressentir. Le concert fut filmé partiellement par Arte, et permet enfin d’entendre la guitare acoustique, essentielle sur l’extrait ci-dessous : en vrai et d’où j’étais, on ne l’entendait pas du tout…

Là encore, il a fallu me remettre les oreilles à l’endroit, avec un autre concert d’un tout autre genre, oscillant entre blues et jazz-rock avec cet excellent concert « pirate » de Mick Taylor dans un « café » de Philadelphie, en 1987. Soutenu par un très bon groupe -un bassiste de feu notamment-, le guitariste s’y révèle particulièrement brillant et inspiré, et le disque est excellent malgré un son seulement correct…

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