Original en noir et blanc

On peut être absolument original et servir la musique avec un respect scrupuleux : ce fut le cas de ce drôle de pianiste autrichien, Friedrich GULDA.
Point de chaise percée ou de mitaines à la manière de Glenn Gould, son cadet de deux ans; pas trop d’ostentation dans un jeu par ailleurs fort limpide et d’une belle technique –il remporta le premier prix au concours international de Genève en 1946, à tout juste 16 ans-; pas de prétention à l’intellectualisme alla Brendel, malgré un look au moins aussi austère en début de carrière –lunettes à larges montures et cravate en toutes occasions. Tout cela changea radicalement par la suite ! -. Simplement : servir la musique, partager la joie de jouer ensemble et ouvrir des ponts entre la musique classique « savante » et d’autres formes de musiques moins écrites a priori : Gulda, grand ami de Joe Zawinul –Weather Report, Miles Davis, Cannonball Adderley…-, fréquenta longtemps les clubs de jazz et composa plusieurs morceaux dans cette veine.

Son répertoire s’avère assez restreint : Beethoven avant tout, un peu de Mozart –plutôt le dernier Mozart-, un peu de Schubert et de Bach, des pièces isolées de Chopin, Debussy… Sa discographie est néanmoins abondante, pourtant, et complexe, puisqu’il enregistra pour de grands et petits labels, ces derniers ayant disparu ou ayant été rachetés : un véritable dédale, donc, au gré des rééditions sous licence.

beeth_gulda3C’est à Gulda que je dois ma première intégrale des sonates de Beethoven, il y a très longtemps. Un coffret de 11 33T ou pressage assez médiocre, sous son label d’origine Amadeo –une sous-branche autrichienne de Philips-. Un coffret qui reste merveilleux : il s’agit de la troisième (!!!) intégrale des sonates pour piano du compositeur, enregistrée en 1967, dans l’ordre strict de leur numérotation d’origine, comme il le fit toujours, ce qui est très rare. Un Beethoven mâle, viril, filant tout droit et sans fioriture excessive. Dans cette veine « directe » inscrite dans une tradition allemande « sans pathos » directement issue du grand Artur Schnabel, on n’a jamais fait mieux ! Diversement accueilli en France lors de sa sortie en 1968, il bénéficie désormais dans notre pays de la même aura glorieuse et légendaire qu’en Allemagne ou en Angleterre.
Ce coffret a été multi-réédité, il est désormais disponiblepour peu de temps, semble-t-il– à petit prix chez Decca, qui fut par ailleurs l’éditeur d’une autre intégrale des mêmes oeuvres par le même pianiste, enregistrée dans les années 50 –indisponible actuellement sur le marché officiel-.
beeth_gulda1Enfin, le pianiste avait enregistré, à 23 ans, une intégrale des sonates de Beethoven –plus une série de variations pour piano du compositeur– pour la radio autrichienne. Ce coffret a été réédité et salué unanimement par la presse spécialisée en 2010. Il reste disponible, mais à prix relativement élevé. –Cliquer sur les imagettes pour les voir en plus grand-.

Véritable star dans son pays natal et en Allemagne, Gulda organisa sa propre mort –fictive– par communiqué de presse, pour mieux ressusciter en concert !
C’est d’ailleurs lors de quelques concerts mythiques avec l’orchestre philharmonique de Münich que sa réputation de joyeux fêtard de la musique fut définitivement établie. La vidéo ci-dessous est tout-à-fait révélatrice de cette joie communicative –les musiciens de l’orchestre de Celibidache en train de sourire, qui l’eût cru ? -. Gulda, avec son bonnet et en pantalon de survêtement, semble diriger à peu près n’importe comment depuis son piano et se perdre dans sa partition de poche, mais la version de ce cinquième concerto de Beethoven est à connaître absolument : le second mouvement –début à 20:45-, notamment, est tout-à-fait magnifique ! L’échange avec les musiciens de l’orchestre est constant et bienveillant –ça devait les changer du vieux grincheux pansu 😉 -.

Riche et célèbre bien que peu connu dans nos contrées, Friedrich Gulda est mort en 2000.

Playlist pour aborder le week-end

Longue et belle playlist entamée hier et poursuivie tôt ce matin ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

playlist28102016

Richard Strauss était au coeur du répertoire de Karajan, qui en fut peut-être l’interprète majeur au vingtième siècle. Les poèmes symphonique de Richard Strauss profitaient grandement de cette vision ample, fondée sur des timbres et des couleurs d’une beauté inapprochée à l’époque de la parution de cet album –1973-.
r_strauss1888Il s’agit là essentiellement de pages « de jeunesse » du compositeur, toutes écrites avant qu’il ait 30 ans. Son Don Juan est inspiré de fragments de la pièce inachevée de Nikolaus Lenau et non de Molière ou de Mozart : Don Juan renonce à sa quête de la femme idéale et, lassé de la vie, décide de se laisser tuer lors d’un duel. Till Eulenspiegel est un personnage récurrent de la littérature allemande dont la première émergence remonterait au tout début du 16ème siècle. Vivant au Moyen-Âge, c’est un joyeux farceur qui s’inscrit contre les normes établies et en mourra sur le gibet.

Gilbert Kaplan, qui dirige la deuxième symphonie de Gustav Mahler, n’était pas un chef d’orchestre, mais un richissime homme d’affaire américain qui tomba amoureux de cette symphonie. Il en acheta le manuscrit autographe, prit quelques cours de direction d’orchestre et  loua ponctuellement les meilleurs orchestres mondiaux pour ne diriger que cette oeuvre une cinquantaine de fois –et, une fois, l’Adagietto de la cinquième symphonie-.
g_mahler_29102016Il enregistra deux fois cette symphonie, la version écoutée est la seconde, avec l’orchestre philharmonique de Vienne. Ces deux versions furent appréciée par les critiques, et sont peut-être les versions les plus philologiques de cette symphonie complexe. Quant aux musiciens, leur appréciation du chef est assez divergente : pour certains, c’était un chef acceptable, pour d’autres, il était tout simplement nul et ne savait pas diriger ! Quoi qu’il en soit, la prise de son de cet album est une des meilleures jamais réalisée : elle est tout bonnement exceptionnelle !

Les sonates pour piano et violoncelle de Beethoven par Pierre Fournier et Friedrich Gulda ont été enregistrées en 1959 et, depuis cette date, ont un statut de « référence » qui ne s’est jamais démenti : l’équilibre entre les deux instruments, difficile à obtenir, est idéal. Une vision claire et structurée et une vraie complicité entre deux musiciens qui devinrent très amis suite à cette première rencontre. –Cliquer sur l’extrait pour avoir une idée de la chose-.

Enfin, le « Live in Italy » de Lou Reed est considéré par certains comme son meilleur album en concert. Ce n’est pas mon cas, mais je peux comprendre cette appréciation : c’est le plus facile d’accès, Lou Reed étant entrée dans une phase plus apaisée de sa vie à cette époque.

Playlist « La première est la dernière »

beeth_kgoldJe vous parle ici d’un temps que les moins de 33 ans ne peuvent pas connaître… Au sortir de l’adolescence, j’entrais dans la vie active avec l’enviable statut d’étudiant salarié et avais donc quelques sous à consacrer à l’achat de disques : beaucoup de 33T à cette époque, mais je commençais également à acheter les tout premiers Compact Disc.

A cette époque, donc, le CD fit son apparition, d’abord très discrète, dans les étalages des disquaires. On ne pouvait pas encore parler de rayons ou de bacs, tant ils étaient en petit nombre –et l’offre donc très restreinte-. Chez « l’agitateur culturel » –à l’époque, le slogan lui allait assez bien, depuis…-, on n’avait même pas accès à la chose : une photocopie de la pochette sous plexiglass servait à choisir son CD, et un vendeur vous accompagnait à la caisse avec l’objet : il ne vous était pas remis avant passage à ladite caisse ! Chez mon revendeur préféré, qui restait encore pour une très courte période « le premier disquaire de France » –mais le CD contribua paradoxalement à sa perte-, j’avais le droit d’en écouter quelques-uns dont les boîtiers étaient déjà descellés –parce que le vendeuses, pour faire leur travail de conseil, étaient tenues de les écouter auparavant : ce temps-là a également disparu : désormais, les vendeurs remplissent vident les rayons…-.

portr_beeth_1804C’est à cette époque qu’Herbert Von Karajan commença à enregistrer, pour une nouvelle postérité, sa dernière intégrale des symphonies de Beethoven –mais aussi de larges pans de son répertoire avec une boulimie frénétique, malgré la maladie et les relations dégradées avec son orchestre berlinois-, qui fut donc la première disponible en CD.

Disons-le tout de suite : elle n’a pas eu aussi bonne réputation que les précédentes –les deux premiers albums du coffret, soit 5+6 et 9 furent cependant largement primés, en France et en Allemagne, par la presse spécialisée : l’appréciation fut donc largement positive, mais un peu plus nuancée que pour les deux intégrales précédentes– et ne bénéficie pas de l’aura mythique de ses devancières –surtout celle de 1962-. La prise de son, mate et compacte, reste le principal obstacle à une découverte de ce corpus dans de bonnes conditions : on était encore au début de l’enregistrement digital chez l’éditeur jaune.

Quelques années plus tard, un nouveau remastering parut, selon le procédé « Original Image Bit-Processing », qui permit enfin d’en profiter dans de meilleures conditions –et de revendre, dans ce son largement amélioré, mais loin d’être idéal pour autant, les mêmes CD à prix fort-. C’est donc cette édition qui est l’objet de la playlist de ce jour.

beeth_56_kgoldDepuis l’achat de ce qui fut mon premier CD de musique classique –symphonies 5 et 6, la neuvième fut acquise la semaine suivante. Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, bien de l’eau a coulé sous les ponts de l’Ill et du Rhin… Au bilan de cette intégrale : je reste très attaché à la symphonie Pastorale, extrêmement bien jouée, avec des timbres magnifiques et un clair-obscur saisissant qui lui sied à ravir –cf; l’extrait ci-dessous-.
Je reviens souvent avec beaucoup de plaisir vers le dernier mouvement de la Troisième –le reste de la symphonie est très bien aussi, mais pas aussi excellent-, qui coule avec puissance et naturel. La Cinquième est puissante –et le dernier mouvement très sonore !– mais je préfère d’autres versions du chef, ce qui vaut également pour la Neuvième. La Quatrième et la Septième sont celles qui souffrent le plus de la prise de son, la Huitième est moins réussie qu’auparavant, et j’écoute très rarement la première et la Deuxième, dans quelque version que ce soit.

Cure de Cure et une Pastorale !

beeth_kempe_6Petite playlist au goût gentiment nostalgique pour cette première vraie journée automnale, avec quatre albums des Cure, écoutés strictement dans l’ordre présenté –cliquer sur les images pour les voir en plus grand-, qui n’est pas strictement chronologique, et, pour faire bonne mesure, une très jolie version de la symphonie n°6 « Pastorale » de Beethoven –l’une des plus belles versions de la discographie, sans doute, même si l’intégrale dont elle provient est assez inégale et que je n’y reviens pas très souvent. La prise de son en est formidable : c’était, à l’origine, un LP quadriphonique-.

The Cure et moi, c’est une vieille histoire d’amour, les plus anciens lecteurs de ce blog le savent. Je les ai un peu moins écoutés ces deux dernières années, mais j’y reviens chaque fois avec un énorme plaisir et leur discographie à la fois riche et variée constitue un vrai « monde en soi », qui ne ressemble à aucun autre : un mélange doux-amer et souvent capiteux –et les lignes de basse de bon nombre de leurs chansons, simples et mélodieuses, sont parmi les plus agréables à jouer et mènent une vie « autonome » très plaisante-.

playlist01102016

En extrait, une jolie bluette qui est, sauf erreur de ma part, la seule chanson du groupe avec un saxophone. Ça n’empêche pas qu’elle soit très réussie !

Playlist en noir et blanc

La playlist en noir et blanc de ce matin est consacrée pour partie à des « bizarreries » de ma discothèque, à savoir des disques qui s’éloignent assez résolument des canons du genre mais n’en sont pas moins passionnants pour autant. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

playlist25092016

Le Beethoven de Maria Grinberg est très diversement apprécié de par le monde –très favorablement au Japon en France, d’une manière générale, beaucoup moins favorablement dans d’autres pays européens : lorsque je l’avais acheté, mon disquaire allemand, grand spécialiste du piano, m’avait signalé que c’était une choix très contestable !-. Le son n’est pas formidable et les pianos utilisés ne sont pas tous très performants, mais c’est un Beethoven vivant et dynamique que j’aime écouter de temps à autre.

Le Beethoven d’Anatol Ugorski est tout aussi étrange : très très très  lent –certains accords de la toute dernière sonate du compositeur sont quasiment arpégés tant le tempo est lent-, mais d’une magnifique sonorité et avec de grands écarts dynamiques. En plus, je peux même profiter de la fameuse « Lettre à Elise » !!! Et je vous en fait profiter également en extrait ci-dessous.

Les deux pianistes partagent la particularité d’avoir été longtemps réprimés par le régime soviétique : leur carrière en pâtit sérieusement.
Vraisemblablement, deux albums qu’on ne saurait recommander pour découvrir ces oeuvres, mais qui s’avèrent très bine adaptés pour les approfondir ou les entendre autrement.

Histoire de remasterisation, suite -et pas fin-

Beeyh_pianoComme annoncé plus avant, le coffret tant attendu est arrivé ce jour dans ma boîte aux lettres, pendant que j’étais au travail –pour une fois, je l’avais fait livrer à la maison…-.

En guise de tout premier verdict suite à cette très rapide écoute : il est trop tôt pour me faire une idée précise de la qualité de la remasterisation de l’ensemble, puisque je viens tout juste de l’ouvrir et que je n’avais plus le son de l’ancienne version complètement dans les oreilles.

Le redécoupage des CD est exactement le même qu’avant, et le même très bon texte de présentation a été repris, écrit en plus petits caractères –sympa pour les yeux des quinquas, dont je ne suis pas encore tout-à-fait…-.

Beeth_Schnabel_partA priori, la méthode adoptée a été de récupérer les disques 78 tours dans leur meilleur état possible et de refaire le transfert en haute résolution, en limitant à la fois la compression et la réduction de souffle. Pour certaines saturations propres à l’enregistrement de l’époque, évidemment, pas de solution envisageables, elles sont intrinsèques au son capté. Il reste également des bruits de surface ponctuels, preuve que les 78T sont dan sun état de conservation loin d’être idéal. Sur une bonne installation, on y gagne cependant une meilleure lisibilité de la main droite, plus d’espace et de vie, et la main gauche semble également moins étouffée.

Il faudrait que je compare sonate par sonate et mouvement par mouvement, et notamment sur les enregistrements les plus anciens, mais sur ce que j’ai pu comparer, c’est globalement mieux et plus agréable, même si c’est loin d’être parfaitement parfait !

Voici donc, pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion, un premier extrait : la version initialement parue, dans le remastering ancien :

Puis, en deuxième extrait, la version remasterisée :

Enfin, en guise de bonus, je vous propose d’écouter ma version préférée, dans une prise de son moderne ! Ça change, non ?

Et on me rembourse même 1 euro !

Beeth_Schnabel_WarnerDernièrement, j’ai pré-commandé, pour une somme que je jugeais déjà dérisoire eu égard à la valeur inestimable de l’objet, ce coffret merveilleux –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Je sais qu’il est merveilleux, parce que je l’ai déjà dans une première réédition datant d’il y a 25 ans –cliquer sur l’autre imagette pour la voir en plus grand-.

Beeth_Schnabel_EmiOr, si le contenu musical est remarquable –la toute première intégrale des sonates pour piano de Beethoven par l’un de ses plus illustres serviteurs, enregistrée de 1932 à 1934 : 204 faces de 78T, accessibles en souscription– et que le texte d’accompagnement, rédigé par un fin connaisseur et éminent linguiste, est à la hauteur, le son, quant à lui, est particulièrement épouvantable dans ce vieux remastering –qui, en plus, coûtait un bras à l’époque de sa sortie-. Même si j’ai l’habitude des enregistrements anciens, ceux-ci m’ont toujours semblé particulièrement difficile à appréhender -d’autres éditions reparues depuis étaient sensiblement meilleures-.

J’ai donc pré-commandé, début juillet, ce petit coffret, qui propose une remasterisation grandement améliorée, qui devrait me permettre de profiter plus confortablement de toutes ces merveilles –on accomplit désormais de vrais miracles dans la réédition de ces vieilles choses-. Et aujourd’hui, en plus, sans avoir rien demandé, la boutique me rembourse 1,01 euro, au motif que je peux profiter du « prix le plus bas » : celui affiché lors de la pré-commande était encore trop haut ! Dès lundi, selon l’annonce de suivi du colis, j’en aurai une idée plus précise.

De quoi me payer un demi-café pour égayer mes écoutes ! J’en reparlerai sûrement, exemples audio à l’appui, très prochainement !

Playlist avant le départ

Juste avant de partir, une playlist pleine de belle et bonne musique pour accompagner les préparatifs de voyage –ma petite valise est prête, je laisse toute la place dans le coffre aux grandes valises de CookingCat !-…  –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Playlist05082016

L’extrait proposé ci-dessous me semble d’ailleurs tout-à-fait adapté à la situation !

Playlist 5X4

Normalement, pour ceux qui n’ont pas oublié leurs tables de multiplication, ça fait 20 !
Ici et hier, dans la série des playlist thématiques, ça fait 5 albums consacrés à la quatrième symphonie de chacun des compositeurs retenus –dont deux fois la quatrième de Bruckner, qui fut la première symphonie que j’ai connue chez ce compositeur, il y a bien longtemps-.

Playlist28072016

J’aime beaucoup chacune d’entre elles, qui font toute partie de mes oeuvres de chevet, y compris celle de Beethoven, injustement méconnue selon moi –les deux premiers mouvements sont magnifiques, notamment-. Schumann la décrivait comme « une menue demoiselle grecque prise entre deux déesses nordiques ».
-Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand, et sur l’extrait pour écouter : saurez vous deviner de quelle quatrième il s’agit ?-.

Les drôles d’aléas du concert !

La musique se vit principalement en concert, même si, à la maison, c’est difficile de faire entrer un orchestre pour soi tout seul !

Beethoven_PianoHeureusement, certains albums sont enregistrés lors d’événements plus ou moins mémorable, et ces enregistrement apportent parfois un supplément d’âme, mais aussi d’autres surprises : parfois, des erreurs d’inattention, des sauts de mémoire, ou simplement des erreurs de doigts chez les pianistes qui entraînent des fausses notes. Ce n’est pas grave en soi, puisque que pour entendre une fausse note, il faut que les autres autour soient bonnes !!! De plus, quand elles s’inscrivent dans la continuité ou le feu d’un discours, elles peuvent passer inaperçues si l’on pas pas fixé l’oeuvre dans ses oreilles ou qu’elles ne sortent pas totalement de la ligne mélodique ou du champ harmonique.

Pour le coup, le premier extrait est joué de manière exacte, même s’il s’agit d’une version –live à Vienne des années 80– que je n’apprécie pas outre mesure : c’est un peu lourd et engoncé à mes oreilles. Mais c’est joué sans erreur de doigts, et vous pourrez vous mettre le court extrait de cette oeuvre très célèbre dans les oreilles.

Le second extrait, lui, provient d’une version enflammée, enregistrée en concert à Prague en 1958. Un piano de feu, bien complété par un orchestre clair et vif. Vous pouvez commencer par entendre le même court passage de piano solo, la réponse de l’orchestre, puis la reprise du piano, et là…

C’est assez formidablement « à côté » pour sauter même aux oreilles les moins aguerries ! Faites l’essai, et vous entendrez : vous ne pouvez pas ne pas entendre ! J’ai failli en tomber de mon fauteuil à la première écoute… Au demeurant, cette version est beethovénienne en diable, et nettement préférable, à mes oreilles, à la précédente.