Mes « guitar heroes » ont généralement la virtuosité peu ostentatoire mais se promènent sur leur manche avec aisance et élégance, au gré des gammes pentatoniques qu’ils parcourent et agrémentent de leur petite note bleue. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Ils cherchent plus le feeling adéquat et la beauté des sonorités que la vitesse d’exécution ou le verbiage musical, qui sont deux denrées que je ne cherche pas particulièrement, même si elles peuvent impressionner les oreilles un peu naïves. Et ils jouent si possible sur Gibson Les Paul, profitant du son charnu qu’elle permet –même si certains utilisent aussi une Fender Stratocaster-.
Eric Clapton se montre étonnamment sobre sur l’album live de George Harrison, John Mayall réduit ses trois guitaristes fétiches –Eric Clapton, Peter Green et Mick Taylor– au rôle d’accompagnateurs de luxe sur ce drôle d’album. Les deux autres permettent d’entendre dans de bonnes conditions deux des tout meilleurs guitaristes de slide guitare : Duane Allman et Mick Taylor. Les quatre albums sont évidemment chaudement recommandés, même si le dernier est difficile à trouver.
Ce matin, j’ai appris que le tout premier site consacré au Mac et au monde Apple a tiré sa révérence vendredi soir. Même si je ne fréquentais plus que de loin en loin, il constitua à l’époque, une mine de renseignements techniques, avec en particulier un forum d’entraide très convivial, au moment où la santé d’Apple laissait particulièrement à désirer et où Système 7.5.x occasionnait parfois bien des galères !
La surprise, d’abord, est pleine de bleu –un vrai festival, que dis-je : une orgie !-, et du meilleur bleu ! Elle est ici, c’est la dernière surprise de l’année, forcément, et elle pourra utilement contribuer à permettre d’aborder 2016 de belle manière avec, notamment, son quatrième paquet 🙂 très adapté aux fins de soirée apaisées. ENJOY !
Quant à la playlist, elle est bleue au niveau visuel, après celle tout en rouge présentée il y a quelques temps déjà. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Elle n’en est pas moins agréablement fériée et plaisante aux oreilles : le meilleur Dire Straits, l’un des meilleurs Gainsbourg –l’autre étant « L’homme à tête de chou »-, le premier Mahler de Karajan et un Ramones fidèle à la tradition du groupe.
Une playlist qui se passe de commentaires superfétatoires ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Il s’agit-là des quatre premiers albums des Rolling Stones dans leur édition anglaise –il convient de privilégier systématiquement les éditions UK aux éditions US, beaucoup moins cohérentes-, écoutés dans l’ordre de leur parution entre 1964 et 1965.
A l’époque de la sortie du premier, la très sérieuse revue Gramophone le critiquait ainsi, dans la section « Jazz » du magazine : « They play a kind of negro music in a far more idiomatic way than the Beatles, and with lot more technical skills ». Soit : « Ils jouent un genre de « musique nègre » de manière beaucoup plus idiomatique que les Beatles, et avec beaucoup plus de compétences techniques ».
Ce qui n’est sans doute pas faux si on compare l’extrait ci-dessous avec une chanson du genre « Love me do », beaucoup plus édulcorée –et aux paroles sans aucun des arrière-plans vaguement salaces, pour l’époque, entendus ici-.
Une toute petite playlist à cette heure –cliquer sur l’image pour la voir en grand-, pour bien commencer la journée et se faire plaisir avec :
• une jolie voix d’une artiste qui fut une chanteuse très talentueuse avant de tout gâcher par ses addictions, malheureusement;
• un très souriant solo de piano au milieu d’une chanson joliment jazzy;
• un titre inédit de Neil Young très difficile à trouver, et vraiment excellent –l’une des plus belle chanson de l’artiste à mes oreilles-;
• un boogie-blues bien balancé, complété d’un rock endiablé et qui commence à la guitare acoustique très virtuose et d’un quatuor à cordes soutenant William Sheller;
• le solo de guitare le plus prodigieusement construit qu’il m’ait été donné d’entendre, plus de trois minutes de pur plaisir auditif : ça va d’un bariolage coloré, au début, à une montée lente mais inexorable du climax sans aucun pain et avec la sonorité inimitable de la Gibson Les Paul –extrait ci-dessous : PLAY IT LOUD ANDENJOY !-.
Hier soir, j’ai ressorti un vieux CD de blues de derrière les fagots, dont j’avais gardé un très bon souvenir, mais ce que j’ai entendu était encore nettement meilleur que le souvenir que j’en avais ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Ce disque a d’ailleurs failli ne jamais exister, puisqu’à l’époque du concert, la vague du blues était un peu agonisante… Il est finalement paru une petite vingtaine d’années après le concert, sur un label à la diffusion assez confidentielle, et je l’avais acheté assez rapidement après cette sortie. Il existe également un film de cette tournée, à la disponibilité aléatoire –et l’image, de toute façon, n’est pas très bonne, sans même parler du son-.
Au début des années 80, John Mayall avait reconstitué les Bluesbreakers pour une assez longue tournée. Outre le « vieux monsieur » –chant, guitare rythmique, clavier, harmonica-, donc, on trouvait Mick Taylor –ex-Rolling Stones– à la guitare, John McVie –Fleetwood Mac– à la basse et Colin Allen –ex-Stone The Crow– à la batterie. Une fois le répertoire arrêté, ils se produisirent dans de nombreuse petites et moyennes salles, attirant des foules grandissantes pour finir en apothéose. Il était temps que l’affaire s’arrête, cependant, John McVie étant dans l’incapacité de poursuivre son rôle depuis un moment, le bougre tâtant la divine bouteille avec une frénésie en forte augmentation et tenant difficilement son rôle certains soirs.
Le disque qui en témoigne est absolument remarquable et seules deux chansons ont un son un peu moins bon –dont l’extrait que vous pouvez écouter ci-après, une vraie tuerie en matière de guitare blues, et une vraie leçon : à cette date, aucun guitariste anglais ne lui arrivait à la cheville en matière de blues-. La pochette originale est un clin d’oeil à celle de l’album communément appelé « Beano », paru chez Decca en 1966 –cliquer sur l’imagette pour la voir en plus grand-. Le répertoire, puisé dans la liste très riche des compositions originales de Mayall himself plutôt que dans des adaptations de vieux blues américains, est excellent, comme les musiciens. Mick Taylor-sur une Ibanez copie de Stratocaster blanche, ce qui est rare chez lui, adepte presqu’exclusif de la Gibson Les Paul– trouve ici l’espace d’expression que les Rolling Stones lui refusèrent toujours, il est d’une classe et d’une beauté de sonorité exceptionnelles : toucher, vibrato d’une ampleur inimaginable, fluidité… Ça mérite vraiment un très soutenu coup d’oreilles ! Sa meilleure prestation en live officiel, avec celle de l’album « Little Red Rooster », et, dans un tout autre genre, celle entendue lors de la tournée 72/73 des Rolling Stones.
Thématique « Star-Spangled Banner » dès l’aube de cette nouvelle journée… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. L’album du Grateful Dead, le cinquième du groupe, est très loin du Blues cher au coeur de Jerry Garcia, mais constitue un retour vers les racines blanches de la musique populaire américaine : vaguement folk, très country et très vocal, aussi. Intéressant, mais pas fondamental.
Du coup, « America stars and bars » de Neil Young en est presque une suite logique, dans la même veine, même si son sommet « Like a hurricane », est un pur rock très brut de décoffrage, à la guitare saturée et chargée d’émotion, comme souvent chez ce musicien.
Le concerto pour violoncelle d’Eliott Carter a été composé en 2001, mérite un coup d’oreille curieux, mais ne va pas révolutionner le genre…
Enfin, les Cramps font du Cramps, en s’amusant comme toujours : vivant et faussement glauque, même si on est loin de l’inventivité des débuts.
Devinette du week-end –facile– 🙂 Hier soir, j’ai entendu ce chant jubilatoire, dans une ambiance assez électrique. Les paroles sont à peu près incompréhensibles pour une oreille normalement constituée…
Mae hen wlad fy nhadau yn annwyl i mi, Gwlad beirdd a chantorion, enwogion o fri; Ei gwrol ryfelwyr, gwladgarwyr tra mad, Tros ryddid collasant eu gwaed.
Gwlad! Gwlad! pleidiol wyf i’m gwlad Tra môr yn fur i’r bur hoff bau, O bydded i’r hen iaith barhau.
Et vous, vous y comprenez quelques chose ? Et d’ailleurs, savez-vous seulement ce que c’est ???
Sardequin a trouvé, assez très rapidement, la réponse à la devinette du mois de septembre. Le guitariste qu’il vous était demandé de reconnaître était bien Mike BLOOMFIELD, –cliquer sur le portrait pour agrandir l’image– accompagné du Paul Butterfield Blues band, dans un court extrait du morceau «East West» daté de 1966.
Evidemment, ce n’était pas aussi simple que ça en avait l’air dit comme ça : Mike BLOOMFIELD, prodigieux guitariste de blues, le premier américain blanc à percer dans ce domaine, est tombé un peu dans les oubliettes de l’histoire du genre, du fait d’une carrière quelque peu erratique, liée à des soucis de santé nombreux.
C’est lui que vous entendez à la guitare électrique sur le merveilleux «Highway 61 Revisited» de Bob Dylan, où il se montre particulièrement brillant.
Parmi les guitaristes blancs pionniers du blues, dans les années 60, on peut le comparer à Peter Green ou Mick Taylor, voire Eric Clapton au début de sa carrière –avant la création de Cream– : comme eux, il utilise une Gibson Les Paul et privilégie la beauté de la sonorité et la fluidité technique, à l’inverse de guitaristes plus ostentatoires comme Jimi Hendrix, Eric Clapton dans Cream, Jimmy Page ou Jeff Beck, qui exploitèrent plutôt d’autres palettes de la guitare électrique –pédales d’effets, larsen, saturations…-.
La décennie 70 fut cruelle pour Mike BLOOMFIELD : de complexion déjà fragile et amateur notoire de diverses substances de surcroit, il la traversa quasiment en «grand absent» malgré quelques productions sporadiques. Il ne vit quasiment rien de la décennie 80, puisqu’il fut retrouvé mort dans sa voiture –suicide probable par overdose– en 1981, à 37 ans.
Pour le retrouver dans toute sa vraie grandeur de précurseur –un blanc américain jouant du Chicago blues au début / milieu des années 60-, outre l’extrait sonore proposé en fin de notule, vous pouvez vous tourner vers les disques proposés ci-dessous. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Vous y entendrez un guitariste fluide, parfait connaisseur des gammes pentatoniques agrémentées de quelques innovations harmoniques rares pour l’époque, et toujours une sonorité vraiment belle.
L’annonce a fait les choux gras de la presse, dès hier : BB King n’est plus. Surnommé « Black Boy King » par les blancs racistes du sud des Etats-Unis au début de sa carrière, il se renomma lui-même « Blues Boy King », afin de garder les mêmes initiales. On ne l’entendra plus, de même qu’on n’entendra plus Lucille, sa très belle guitare –une Gibson ES335 relookée rien que pour lui-.
Des trois King du blues –Freddie King, Albert King et, donc, BB King-, c’était celui qui me parlait le moins, car représentant d’un blues rural du sud, à l’inverse du blues plus urbain des deux premiers cités, qui allait progressivement déboucher sur le Chicago Blues. Mais je l’appréciais néanmoins beaucoup.
Ayant entamé une carrière couronnée d’un succès relatif au début des années 50, il sera éclipsé durant une grande partie des sixties par l’émergence de la vague du british blues, et il faudra attendre 1969 pour que sa carrière redémarre pleinement.
Grâce à son titre le plus connu « The thrill is gone », d’une part, et aux Rolling Stones, d’autre part, qui le choisirent, avec Ike and Tina Turner, pour ouvrir leurs concerts lors de la tournée US de 1969. Il en reste les traces –show complet-, que Lester Bang, le grand critique rock américain, qualifia de plus grand live jamais enregistré.
Personnage débonnaire, grand guitariste par le feeling et un toucher exceptionnel, il nous manquera. Restent tous ses disques, et de nombreuses vidéos, qui montrent que son plaisir de jouer était resté intact jusqu’à la fin.
Excellente prestation de Rory Gallagher, guitar-hero irlandais trop tôt disparu… Potentiellement, l’un des clients les plus sérieux à la succession de Mick Taylor au sein des Rolling Stones : il n’osa pas réveiller Keith Richards pour lui demander s’il devait annuler sa tournée au Japon alors que sa « candidature » était à l’étude… Du coup, il parti au Japon, au grand dam de son manager, qui pensait que quel que soit le choix du groupe, sa notoriété n’en serait qu’accrue et qu’une tournée annulée et reportée aurait été « sold out ». Pour Bill Wyman, le choix était quasiment arrêté, et seul son départ vers le Japon conduisit à son élimination.
Solide buveur, très estimé de ses pairs, il aurait été un candidat idéal pour son jeu de guitare, mais je pense pour ma part qu’il aurait sans doute mal vécu le fait de n’être pas crédité pour d’éventuelles compositions et relégué au rang de « second guitariste »… Ici, dans un trio formidable, il est éclatant de pêche et de virtuosité !
Petite playlist très blues, ce matin, mais un peu à part, puisqu’il s’agit, d’une certaine manière, d’un retour aux sources… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Je m’explique : Alexis Korner’s Blues Incoporated fut l’introducteur du blues en Angleterre, où il est surnommé affectueusement le « Grandfather of British blues« . Dès les années 50, il rassemblait autour de lui plusieurs musiciens de jazz pour enregistrer de très nombreuses pièces de Chicago Blues. Lui-même guitariste plutôt talentueux, il passa peu à peu à la guitare électrique, avec une grande circonspection cependant.
Au tournant des années 60, il jouait chaque semaine au Marquee Club, où ses fans s’appelaient Mick Jagger, Brian Jones, Eric Burdon ou Eric Clapton –le public traditionnel d’amateurs de jazz fut peu à peu remplacé par un public d’adolscents amateurs de « negro music », comme on disait dans l’Angleterre de l’époque-. Brian Jones, en particulier, eut l’occasion de jouer au sein de ses Blues Incorporated –sous le nom d’Elmo Lewis, il tenait la partie de « bottleneck guitar » dans le titre « Dust my bloom » d’Elmore James-. Plus tard, Alexis Korner invita, en première partie, le groupe Little Boy Blue and the Blue Boys –cliquer sur l’image d’archive pour la voir en grand-, composé, notamment, de Mick Jagger et Keith Richards –leur rencontre avec Brian Jones donna naissance aux Rolling Stones-. Au sein des Blues incorporated d’Alexis Korner, une vraie pépinière de musiciens est née : Charlie Watts et Ginger Baker à la batterie, Jack Bruce à la basse, Cyril Davies à l’harmonica… L’émergence du British Blues le dépassa rapidement, des groupes comme les Rolling Stones, les Yardbirds ou les Animals, puis les Cream, contribuant à le reléguer progressivement dans l’ombre. Pourtant, sans lui, rien ne serait arrivé…
Son meilleur continuateur, en Angleterre, fut l’autre découvreur de talents : John Mayall, qui fonda, pour sa part, les Bluesbreakers, formation largement mouvante, qui permit de populariser le talent des trois meilleurs guitaristes de blues anglais : Eric Clapton, Peter Green et Mick Taylor. Tous trois connurent ensuite des carrières plutôt chaotiques, mais au sein des Bluesbreakers, ils donnèrent, très jeunes, le meilleur d’eux-mêmes, contribuant ainsi à forger leurs légendes respectives et éclipsant quelque peu leur mentor, qui, à plus de 80 ans, poursuit sa carrière.
Enfin, le cas de Mike Bloomfield est un peu part : américain, il fut le premier guitariste blanc à percer dans le domaine du blues aux Etats-Unis et y popularisa, notamment, l’utilisation de la Gibson Les Paul. Virtuose brillant mais peu ostentatoire, une timidité maladive, une santé très précaire –insomniaque chronique, il ratait de sessions d’enregistrement en s’endormant la journée– et l’addiction à diverses substances ne lui permirent jamais d’accéder à la notoriété ultime, du fait de choix erratiques, d’une part, et de l’émergence de Jimi Hendrix d’autre part, qui le relégua au second plan, très injustement tant leurs styles n’ont rien à voir : Mike Bloomfield cherchait avant tout la beauté de la sonorité et la pureté, il exploita donc peu les possibilités offertes par le feedback et les effets variés. Cependant, Mike Bloomfield reste important et a marqué l’histoire de la musique américaine puisque c’est lui qui est responsable de l’électrification de la folk music de Bob Dylan : le guitariste l’accompagne en effet sur l’album « Highway 61 revisited » et y tient les parties de guitare électrique. Du coup, Bob Dylan est devenu intéressant –ou pas, c’est selon…-.