Nouveauté et réaction : c’était mieux avant…

L’histoire est un éternel recommencement et, comme chacun sait, c’était toujours mieux avant… Ainsi, chaque nouveauté technologique apporte son lot de réactions teintées de méfiance et de conservatisme…
C’est ainsi que l’arrivée du LP en Europe provoqua Outre-Manche des réactions qui, avec un peu plus d’un demi-siècle de recul, frisent le cocasse ! Les six premiers mois de l’année 1950 furent l’occasion d’échanges extrêmement vifs, notamment en Angleterre,  entre partisans de l’introduction du LP –incassable, permettant de proposer une vingtaine de minutes de musique par face– et ceux du 78 tours. Aussi curieux que cela puisse nous paraître aujourd’hui, ce sont ces derniers, qui, dans un premier temps, marquèrent le plus de points :

il faut se souvenir que, d’une part, les premiers LP étaient chers, car importés des Etats-Unis, et que leur lecture nécessitait l’investissement dans un nouveau matériel coûteux –les platines habituellement utilisées pour la lecture de 78s tours les plus performantes n’étaient pas assez performantes pour lire des 33T sans les endommager irrémédiablement en labourant le sillon, la force d’appui du bras pour une très bonne platine 78 tours variant de 13 à 20 grammes !-;

 d’autre part, l’Angleterre avait énormément investi dans la production des 78T et en était le premier producteur mondial, notamment par le biais d’EMI-HMV, et la période d’après-guerre ne permettait pas d’investir rapidement dans de nouveaux outils de production aussi rapidement qu’aux Etats-Unis –au sortir de la guerre, l’Angleterre était dans un état économique désastreux, et les disques étaient lourdement taxés, le taux de cette taxe étant révisé annuellement et ayant varié entre 1944 et 1951 entre 46% et 100% !-;

enfin, les 78T produits en Angleterre étaient réputés pour leur qualité remarquable, bien supérieure à ceux produits sur le continent ou Outre-Atlantique. De même, leurs appareils de reproduction étaient au top de la technologie de l’époque et une véritable culture « audiophile » et mélomane s’y était développée –cf. cette page de publicité d’avril 1950, encore toute à la gloire d’un matériel « haut de gamme » pour la lecture de 78 tours : cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Edit : ce repiquage de 78T enregistré en 1928 laisse entendre que, bien mis en oeuvre, le 78T, pour des oeuvres comportant peu d’instruments et une bande passante peu étendue, était déjà, en effet, très performant.

Ainsi, HMV-EMI préféra investir dans les journaux et les revues spécialisées de l’époque pour vanter les mérites du 78T et rassurer les acheteurs sur leur pérennité. Et une drôle de guerre entre partisans de la nouvelle technologie et ceux de l’ancienne eut cours, via le courrier des lecteurs du magazine « The Gramophone », sur fond de chauvinisme exacerbé… C’est, en définitive, le LP qui s’imposa rapidement sur le marché, même en Angleterre, via la firme –anglaise– Decca notamment, qui dès mars – avril 1950, commença à produire des 33T et en fit une énorme publicité dans les mêmes revues ! EMI-HMV y vint un peu plus tard, mais produisit durant plusieurs années encore des versions 78T de ses publications LP.

Une discothèque. Bilan 2017. 2

Les belles prises de son

Quelques très jolies surprises en matière de prise de son m’attendaient au tournant de mes achats en 2017. Même si les très vieilles cires ne me dérangent pas, j’apprécie toujours avec beaucoup de délectation les beaux enregistrements, techniquement parlant. Et, cette année, j’ai été vraiment bien servis, y compris chez les grands éditeurs : rééditions et remastering soignés chez Warner Classics, très bon niveau global chez Deutsche Grammophon… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

En matière de prise de son, je répartirai cette liste en deux groupes –le partage se fait en matière de perspective sonore, et non pas en matière de moyens techniques, même si, pour le coup, les deux critères se superposent– :

• les prises de son à fort « impact physique » : c’est le cas des deux enregistrements analogiques réalisés par RCA, en 1959 et 1960. Ça peut paraître ancien, mais, à cette date, la firme américaine mobilisait le meilleur matériel possible et, surtout, enregistrait sur des bandes analogiques « larges » de 3,5 pouces –afin, notamment, de pouvoir réduire au maximum le souffle inhérent à l’analogique-, normalement réservées à l’enregistrement vidéo. Peu de micros, judicieusement placés dans une très bonne salle, cela donne des résultats qui  demeurent époustouflants, aujourd’hui encore, en matière de scène sonore, de présence et de dynamique.

• des enregistrements d’une transparence remarquable : il s’agit des trois albums enregistrés par la firme anglaise Chandos. Autant les enregistrements réalisés par ce relativement « jeune » label me semblaient un peu « congestionnés dans un halo réverbéré » dans les années 70 et 80, autant, depuis qu’ils maîtrisent parfaitement les techniques numériques, leurs enregistrements sont très réussis, en matière de transparence, d’équilibre entre les pupitres et de vérité des timbres. En outre, ils proposent régulièrement des productions assez rares et l’on peut faire de très belles trouvailles dans leur catalogue, notamment en musique anglaise –en partenariat avec la BBC-.
Techniquement, quelques-uns de mes « disques de démonstration » proviennent de ce label –peu connu, en France, même dans les magasins Hi-Fi où j’en ai ébahi quelques-uns avec quelques extrais bien choisis, qui changent un peu du sempiternel jazz-rock qu’ils proposent pour mettre en valeur leurs équipements…-.

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