Playlist « Musique française pour le piano »

(Mes nuits sans dormir, une fois de plus…) De la musique française, je n’en écoute pas si souvent, et de la musique française pour le piano encore moins souvent, mais ces albums, écoutés nuitamment, sont tout-à-fait agréables et comportent de nombreux petits bijoux.
Ces pièces généralement courtes sont interprétées par Pascal Rogé, pianiste français discret et rare, qui s’est fait une spécialité de ce répertoire : ses disques sont régulièrement encensés par la presse étrangère –sa discographie chez Decca est relativement abondante-, et pourtant peu souvent cités en France : nul n’est prophète en son pays ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Dans les pièces pour piano à quatre mains de Francis Poulenc ou d’Erik Satie, Pascal Rogé est accompagné par Jean-Philippe Collard.

• Francis Poulenc – Pièces pour piano, extraits de l’intégrale – Pascal Rogé – 1987 *****
• Gabriel Fauré – Musique pour piano, anthologie – Pascal Rogé – 1990 *****
• Erik Satie – Musique pour piano, vol. 2 – Pascal Rogé – 1989 *****

Étonnamment, le label Decca, très réputé, et de longue date, pour ses prises de son dans le domaine symphonique ou lyrique, ne s’est jamais montré à la hauteur de sa réputation en ce qui concerne la musique pour piano, quel que soit l’artiste envisagé…

Playlist « Grand seigneur romantique »

Faite de frasques amoureuses et de repentir religieux, marquée par des engagements sociaux et patriotiques d’une grande générosité, la vie mouvementée de Franz Liszt est archétypique de l’image que l’on pourrait se faire du musicien romantique.
Sa biographie dans l’excellent « La vie de Liszt est un roman », du grand dramaturge hongrois Zsolt Harsányi, d’une lecture agréable, permet de découvrir un musicien éminemment sympathique, qui fut aussi le plus grand pianiste de son temps et un compositeur inventif –c’est lui qui « inventa » notamment le poème symphonique– et talentueux, voire génial à l’occasion.
Compositeur prolifique, Les oeuvres de Liszt oeuvres ont parfois été éclipsées par ses talents de virtuose et d’interprète, statut pour lequel il était reconnu dans toute l’Europe. Nombre de ses compositions les plus célèbres restèrent longtemps ignorées, par le simple fait qu’il fut, pendant longtemps, le seul à pouvoir les interpréter : c’est le cas, notamment, de ses études ou de pièces les plus brillantes pour le piano –leur écoute est parfois épuisante tant il y a de notes…-. Avec le temps, il s’assagit et ses réalisations les plus marquantes sont d’une grande beauté et, parfois, d’une belle intériorité. Par ailleurs, Liszt, dans ses oeuvres orchestrales, intégra de nombreux éléments empruntés au folklore hongrois.

Parmi mes oeuvres préférées du compositeur figurent celles de la playlist du jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Mazeppa – Fantaisie hongroise – Rhapsodies hongroises n°4 & 5
Shura Cherkassky, piano – Orch. philharmonique de Berlin, Herbert von Karajan – 1961 *****

A l’instar de Tchaïkovsky, Liszt fait partie des compositeurs qui ont toujours réussi à Herbert von Karajan. Le chef autrichien enregistra finalement assez peu de pièces orchestrales du compositeur, mais ce disque, le troisième qu’il mit en boîte pour la firme Deutsche Grammophon, en 1961, est absolument somptueux, notamment pour Mazeppa, épique dans cette version, et pour une Fantaisie hongroise remarquable de puissance, de couleurs et d’engagement à l’orchestre, mais aussi de virtuosité enflammée de la part de Sura Cherkassy, formidable pianiste souvent un peu fantasque, ici pleinement dans son répertoire ! Un très grand disque, bénéficiant d’une superbe prise de son de surcroît !

• Sonate en si mineur
Emil Gilels, piano – 1970 *****

Cette sonate, oeuvre de la maturité du compositeur dédicacée à Robert Schumann, est la seule que Liszt composa, lui qui écrivit énormément pour son instrument de prédilection, et à toutes les époques de son abondante production. C’est l’une des très grandes sonates pour le piano composées après celles de Beethoven, et l’une des plus populaires finalement, bien quelle ne soit pas si facile d’accès : d’une durée d’une trentaine de minutes, elle est d’une grande difficulté pour l’interprète et ne comporte aucun programme explicite, même si certains ont voulu en donner des explications littéraires, à l’instar de ses poèmes symphoniques. La légende dit que Brahms s’endormit à son audition et que Clara Schumann détestait l’oeuvre, n’y pouvant que des bruits incohérents. Nonobstant cette appréciation, cette sonate est devenue l’une des oeuvres les plus enregistrées de Liszt. La version du jour est proprement magistrale !

• Concertos pour piano n°1 & 2
Samson François, piano – Philharmonia Orchestra, Constantin Silvestri – 1961 ***

Cet album fait partie de l’un des cinq tout premiers disques qui amorcèrent ma discothèque enfantine ! Je pense qu’avant mes dix ans, le disque devait tomber en rondelles, tant j’ai écouté le second concerto pour piano, en un seul mouvement découpé en six parties, qui état l’une de mes oeuvres favorites à cette époque ! Le premier concerto est nettement plus virtuose et de forme plus conventionnelle, et, avec le temps, j’ai appris à l’apprécier presqu’autant que le second. La réécoute de cette version me laisse un peu sur ma faim désormais : j’en connais de bien plus abouties que celle-ci désormais.

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Playlist « Romantique, russe et contrastée »

La playlist du jour est consacrée à Piotr Tchaïkovsky, très célèbre compositeur russe, très romantique et très populaire et apprécié d’un large public, notamment pour ses ballet d’accès très facile. Elle se compose, de manière contrastée, d’une oeuvre hyper-connue et de trois oeuvres beaucoup plus rares. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Symphonies n°1 «Rêves d’hiver»
Symphonie n°2 «Petite Russie»
Symphonie n°3 «Polonaise»
Orchestre philharmonique de Berlin, Herbert Von Karajan – 1979 ***

Des six symphonies de Tchaïkovsky –orthographié « à l’allemande » sur les pochettes des disques de la playlist du jour-, seules les trois dernières sont très populaires et assez massivement enregistrées. Les trois premières, a contrario, n’apparaissent souvent que dans le cadre d’intégrales et beaucoup plus rarement en albums séparés : c’est le également cas pour les deux albums consacrés à ces symphonies, enregistrées lors de la parution de l’intégrale d’Herbert Von Karajan –cliquer sur l’imagette pour la voir en plus grand– sortie en 1979 et sporadiquement apparus de manière isolée.
Le chef autrichien n’enregistra ces trois premières symphonies qu’une unique fois, contrairement aux trois dernières, dont il laissa d’innombrables versions tout au long de sa carrière –jusqu’à 7 versions officielles pour la symphonie n°6 « Pathétique »-. Composées entre 1866 et 1875, leur moindre popularité est justifiée par leurs moindres qualités : c’est de la «bonne musique», toujours très bien orchestrée –le compositeur savait indéniablement faire « sonner » un orchestre-, un rien prosaïque parfois –à mes oreilles au moins– et sans éclair de génie. La deuxième symphonie est celle que j’apprécie le moins. Les trois dernières symphonies sont incomparablement meilleures !

Concerto pour piano n°1
Ivo Pogorelich ; Orch. symph. de Londres, Claudio Abbado – 1986 ****

Des trois concertos pour piano du même compositeur, seul le premier est réellement populaire et constitue un cheval de bataille du répertoire concertant pour les pianistes. Le jeune Ivo Pogorelich, très bien accompagné par Claudio Abbado, ne s’y trompa pas en l’enregistrant dès le début de sa carrière, en 1986 et en délivrant une très bonne version –sans totalement égaler les versions princeps d’Emil Gilels, voire de Martha Argerich, au moins à mes oreilles-, dans de très bonnes conditions techniques. L’oeuvre est brillante, ultra-virtuose et son introduction est archi-célèbre, y compris auprès d’un public non mélomane.

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Playlist « Bons pour l’asile ! »

La playlist de ce jour est consacrée à trois musiciens bons pour l’asile psychiatrique : c’est d’ailleurs là qu’ils ont, chacun, fini leur vie, dans un dénuement social à peu près complet. La musique, sans laquelle la vie serait une erreur selon Friedrich Nietzsche, adoucit les moeurs, mais elle peut aussi rendre fou, semblé-t-il ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Robert Schumann – Symphonie n°4
Orchestre philharmonique de Berlin, Rafael Kubelik – 1963 ****

Robert Schumann mourut à l’asile psychiatrique d’Endenich, près de Bonn, en 1856. Peut-être atteint de neurosyphillis –diagnostic remis en cause de nos jours-, il passa les deux dernières années de sa vie à se laisser mourir à petit feu dans cette institution, dont, malgré l’avis des médecins et de ses amis, sa femme Clara, avec laquelle les relations s’étaient progressivement détériorées, ne voulut jamais qu’il ressorte : elle ne lui rendit visite qu’une seule fois, quelques jours avant le décès du musicien…
De santé très fragile, pianiste et chef d’orchestre raté, il composa, outre son merveilleux corpus pour piano, quatre symphonies dont l’orchestration est souvent jugée maladroite, ou pour le moins manquant de couleurs, mais d’une belle veine mélodique, et dont je préfère très largement la quatrième. Rafael Kubelik enregistra deux intégrales des symphonies de Schumann, au début des années 60, puis au milieu des années 70.

• Friedrich Nietzsche – Musique pour piano
Jeroen van Veen – 2016 ***

Friedrich Nietzsche, sans doute atteint lui aussi de neurosyphillis, végéta durant les onze dernières années de sa vie dans la maison de sa mère, puis de sa soeur, où il mourut, après être passé par les asiles psychiatriques de Bâle puis d’Iéna. Mort-vivant à partir de 1889, il détestait sa soeur, anti-sémite notoire, qui contribua largement à sa récupération par le régime national-socialiste.
Nietzsche, philologue-philosophe qui avait tué dieu et considérait que les Juifs étaient le plus grand peuple de l’histoire, écrivait dans une langue remarquable. Critique musical ami/ennemi de Wagner et qui admirait profondément « Carmen », de Bizet, il composa également quelques très jolies, à défaut d’être géniales, pièces pour piano, fort peu enregistrées.

• Hans Rott – Symphonie n°1 – Suite pour orchestre
Orch. Symph. Radio de Francfort, Paavo Järvi – 2010 *****

 » Un musicien de génie … qui est mort non reconnu et dans le besoin au seuil même de sa carrière. On ne peut pas mesurer ce que la musique a perdu en lui. Telle est la hauteur à laquelle son génie s’élève dans sa symphonie, qu’il a écrite alors qu’il avait 20 ans et qui fait de lui le fondateur de la Nouvelle Symphonie comme je l’envisage « . C’est ainsi que s’exprimait Gustav Mahler au sujet de Hans Rottcliquer sur son unique portrait réalisé de son vivant connu pour le voir en plus grand-, foudroyé à 22 ans par une forme de folie hallucinatoire –il avait notamment menacé un passager avec un revolver lors d’un voyage en train, affirmant que Brahms avait rempli le train de dynamite pour le faire sauter…– et des symptômes maniaco-dépressifs dont il ne se remit jamais et qui contribuèrent à son enfermement en asile psychiatrique à Vienne pour les dernières années de sa courte vie -il est mort à 25 ans-.
Au contraire de Mahler, Brahms n’avait pas apprécié outre mesure l’unique symphonie de Rott, la jugeant à la fois belle et maladroite. Redécouverte dans les années 80, sa publication en CD fit l’effet d’une petite bombe, dont le souffle est assez rapidement retombé. Cette symphonie est en effet à la fois riche en très belles choses, mais passablement décousue. La version de Paavo Järvi est la meilleure que je connaisse de cette oeuvre, plusieurs fois enregistrée depuis sa redécouverte.

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Playlist « Schumann et les Grands Anciens »

Dans cette playlist, quelques pièces pour le piano –l’oeuvre pour piano de Schumann est globalement magnifique et côtoie les plus hauts sommets de la littérature pour l’instrument– sont interprétées par de « Grands Anciens », dont les précieux témoignages sont préservés grâce au disque. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Une notule qui comporte même un extrait !

• Carnaval – Claudio Arrau – 1967 *****

L’anthologie consacrée à Robert Schumann qu’enregistra entre 1967 et 1976 le pianiste chilien Claudio Arrau pour Philips reste, à mon avis, incontournable, et constitue un très bon moyen de découvrir les oeuvres pianistiques du compositeur : tous ces enregistrements furent réunis en un coffret de 7 CD édité à l’origine par Philips, qui offrait régulièrement de très belles prises de son, charnues et profondes, au pianiste, dans le cadre de sa remarquable Arrau Edition, malheureusement indisponible depuis des lustres…

• Waldszenen – Wilhelm Kempff – 1974 ***

A contrario, l’anthologie enregistrée par Wilhelm Kempff à peu près à la même époque pour le label Deutsche Grammophon par Wilhelm Kempff est beaucoup plus inégale. Le pianiste, né dix ans avant Arrau, avait près de 80 ans au moment de sa réalisation, et ses doigts répondent parfois difficilement aux exigences de ces partitioons. Les Waldszenen font partie des pièces les plus réussies –mais les « Études symphoniques », par exemple, sont à éviter-. De très nombreux disques de Wilhelm Kempff souffrent souvent de prises de son assez métalliques et manquant de graves, alors que son éditeur savait réaliser d’excellentes prises de son de piano depuis longtemps…

• Etudes symphoniques – Emil Gilels – 1984 *****

L’enregistrement, live, fut réalisé lors de l’un des tout deniers concerts d’Emil Gilels, en septembre 1984 à Locarno, en Suisse. Les « Études symphoniques » de Schumann constituaient la dernière oeuvre de ce concert, qui comprenaient également quelques sonates pour piano de Scarlatti en entrée, suivies de « Pour elle piano » de Debussy. Gilels enregistra assez peu de Schumann durant sa carrière, mais il y excellait cependant, et ces études symphoniques sont absolument superbes !

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Playlist douce et intime

Trois très beaux albums de musique pour piano à écouter paisiblement au coin du feu… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Federico Mompou – Musica Callada, cahiers 1 à 4
Federico Mompou, Piano – 1974 *****

Federico Mompou, compositeur espagnol né en 1893 et mort en 1987, enregistra une anthologie de ses oeuvres pour le piano en 1974 pour le label espagnol aujourd’hui disparu Ensayo. Ces enregistrements ont été repris sous licence par l’éditeur Brilliant, qui les a publiés dans un coffret de 4 disques, qui ne semble malheureusement plus disponible à l’heure actuelle. Ces 28 miniatures de « Musique silencieuse » sont réparties en quatre cahiers, composés entre 1959 et 1967 et sont d’une grande concision, qui n’exclut pas une belle expressivité, très dépouillée, et une grande quiétude. Le compositeur les considérait comme sa plus grande réussite.

• Edvard Grieg – Pièces lyriques, sélection de 20 pièces
Emil Gilels, piano – 1974 *****

Cet album fut et reste encensé par la presse spécialisée du monde entier –et même en France-, depuis sa parution. Emil Gilels adorait ces pièces très intimistes et il dut beaucoup insister auprès de son éditeur pour pouvoir les enregistrer : à raison, puisque le disque se vendit très bien ! Dans cet album, qu’il mit un soin maniaque à enregistrer, demandant notamment aux ingénieurs du son de déplacer / repositionner les micros en fonction des caractéristiques de chaque pièce, il en révèle les multiples beautés grâce à son toucher d’une infinie délicatesse, qu’on n’aurait pas soupçonnée chez ce titan du piano !

• Erik Satie – Gymnopédies et autres pièces pour piano
Pascal Rogé – 1984 *****

Autre très beau disque anthologique d’un compositeur à la fois espiègle et pudique, ayant vécu toute une partie de sa vie dans une misère extrême, qu’il dissimulait derrière ses jeux de mots et ses attitudes de dandy. S’il ne fallait qu’un seul disque de Satie dans une discothèque –ce qui serait fort dommage à mon avis-, c’est assurément celui-ci que je choisirais. Pascal Rogé a enregistré chez Decca trois albums complémentaires des compositeur, qui sont actuellement difficilement disponibles, ce qui doit former l’intégrale –ou quasi-intégrale– la plus séduisante à mes oreilles.

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Playlist « Souvent Beethoven varie ! »

Les 32 sonates pour piano de Beethoven représentent une conception nouvelle de l’écriture pianistique : elles constituent la pierre angulaire de l’histoire de la musique pour piano et leur importance ne saurait être surestimée. Mais le compositeur composa de très nombreuses autres pièces pour le piano, dont de nombreuses séries de variations, tout au long de sa vie. L’intégralité de ces variations constitue la playlist de ces deux derniers jours. Pour la plus grande partie, cette playlist est tirée du coffret-anniversaire intégral édité en 2020 pour les 250 ans de sa naissance, que j’avais présenté ici. Je l’ai simplement complétée, pour les 32 variations WoO 80, par la fabuleuse version live d’Emil Gilels, enregistrée en 1968 à Moscou.-Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Nombre de ces variations ne font pas partie du corpus officiel de ses oeuvres publiées. Elles sont répertoriées dans le catalogue WoO –Werke orne Opuszahle– ou dans le plus tardif catalogue Hess, et certaines ont été composées lorsqu’il était encore adolescent, mais même ces « petites pièces » sont souvent remarquablement intéressantes et permettent de mieux comprendre la réputation de Beethoven-pianiste-improvisateur qui était la sienne de son vivant, avant qu’il ne devienne sourd : au fur et à mesure du déclin progressif de son audition, il se plaignait régulièrement que ses pianos, même les plus performants de l’époque, ne produisent pas un niveau sonore suffisant…
Quant aux quatre séries  inscrites au répertoire officiel du compositeur, elle sont tout-à-fait remarquables et n’ont rien à envier aux sonates qui leur sont contemporaines.

Liste exhaustive de l’ensemble des variations pour piano de Beethoven –beaucoup plus complète que celle de l’encyclopédie en ligne française, assez lacunaire !!!.
• 9 variations sur une marche E.C. Dressler en ut mineur, WoO 63
• 6 variations sur une chanson suisse en fa majeur WoO64
• 24 variations sur l’air « Veni amore » de Righini en ut majeur WoO 65
• 13 variations sur « Es war einmal alter Mann » de Dittersdorf en la majeur WoO 66
• 8 variations pour piano à 4 mains sur un thème du comte Waldstein en ut majeur WoO 67
• 12 variations sur le « Menuetto a la Vigano » de J. Haibel en ut majeur WoWo 68
• 9 variations sur un thème de Paisiello ‘Quant’e piu bello » WoO69
• 6 variations en sol majeur sur « Nel cor più non mi sento » de Paisiello, WoO 70
• 12 variations sur une danse russe du ballet de P. Wranitsky « Das Waldmädchen » WoO 71
• 8 variations sur une romance Grétry « Une fièvre brûlante » en ut majeur WoO 72
• 10 variations sur le duo « La stessa, la stessissima » de Salieri en si bémol majeur WoO 73
• 6 variations pour piano à 4 mains sur le lied « Ich denke dein » en ré majeur WoO74
• 7 variations sur « Kind, willst du ruhig schlafen » de Winter en fa majeur WoO 75
• 8 variations sur un tri de Sussmayer « Tandeln und Scherzen » en fa majeur WoO 76
• 6 variations faciles sur un thème original en sol majeur WoO 77
• 7 variations en ut majeur sur « God save the King », WoO 78
• 5 variations en ré majeur sur « Rule Britannia », WoO 79
• 32 variations en ut mineur sur un thème original, WoO 80
• Thème et variation en si bémol majeur « Zur Übung der Faust » Hess 99
• Thème et variation en la majeur Hess 72
• 6 variations en fa majeur, op. 34
• 15 variations et 1 fugue « Eroica » en mi bémol majeur, op. 35
• 6 variations en ré majeur sur un thème original op.76
• 33 variations en ut majeur sur une valse de Diabelli, op. 120

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Playlist « Viva España »

Une playlist très agréable, selon un répertoire espagnol que je maîtrise assez mal, et pleine de soleil pour réchauffer l’air ambiant : les températures matinales sont tout-à-coup très fraîches, depuis ces derniers jours ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Manuel de Falla – L’amour sorcier ; Danses du « Tricorne »
Grace Bumbry – Orchestre RIAS de Berlin, Lorin Maazel – 1965 ***

• Enrique Granados – Goyescas
• Isaac Albeniz – Iberia
Artur Pizarro, piano – 2010 ****

• Joaquin Rodriguez – Concierto de Aranjuez
Narciso Yepes, guitare – Orch. symph. RTV espagnole, Odon Alonso – 1969 ****

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Playlist « Le diable au cheveux rouges »

La victoire d’Emil Gilels, à 16 ans, lors du tout premier concours de piano de l’ensemble des fédérations de l’Union soviétique à l’unanimité des membres du jury, attira sur lui l’attention de Staline, qui le surnomma « Mon diable aux cheveux rouges », du fait de sa virtuosité phénoménale et de sa chevelure flamboyante.

Quelques années plus tard, à peine âgé de 20 ans, Emil Gilels triompha au premier concours international de la reine Elisabeth, malgré l’hostilité marquée que lui vouait son professeur Heinrich Neuhaus, qui lui préférait un autre élève, Sviatoslav Richter. Pourtant, Gilels, qui avoua plus tard ne pas avoir appris beaucoup de Neuhaus, ne lui en tint jamais rigueur. Durant la guerre, Emil Gilels fit partie de la résisance civile et joua tant dans les hôpitaux que sur le front. Alors qu’il avait toujours refusé toute faveur personnelle, il intercéda personnellement auprès de Staline, en 1941, pour faire libérer Neuhaus de prison alors que celui-ci était soupçonné d’accointances avec l’Allemagne nazie, puis pour lui permettre de trouver un piste de professeur lorsqu’il fut exilé à Sverldovsk, entre Oural et Sibérie .

La playlist de ce jour est consacré à des enregistrements d’avant l’évolution d’Emil Gilels vers le style plus décanté qui marquera ses quinze dernières années. Ces enregistrements live sont tous d’origine soviétique, mais Gilels, bardé de décorations et de médailles qu’il ne porta jamais –Prix Staline, Prix Lénine, Artiste du peuple de l’Union soviétique…– fut le premier artiste autorisé à se produire « à l’ouest », sévèrement chaperonné par des agents du KGB cependant, où il enregistra quelques disques pour RCA –et, beaucoup plus tard, pour EMI et Deutsche Grammophon-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Johann Sebastian Bach – Partita n°1 BWV 825 – Suite française n°5 BWV 816 – Fantaisie chromatique et fugue BWV 903 – 1950, 1959 et 1948 *****

Emil Gilels ne joua jamais beaucoup de pièces pour clavier de Bach, mais il fut souverain dans toutes celles qu’il interpréta –souvent dans des transcriptions de Busoni ou de Siloti-, sans rechercher une quelconque authenticité historique, ni livrer d’interprétations outrageusement romantiques. Le travail sur la sonorité est exemplaire, de même que l’utilisation des pédales.

• Ludwig Van Beethoven – Sonates pour piano n°3, 23 et 27 – 1952, 1961 et 1957 *****

Emil Gilels fut, dès sa prime jeunesse, un interprète exceptionnel des sonates de Beethoven, ce dont témoigne sa fabuleuse quasi-intégrale pour Deutsche Grammophon, enregistrée tout au long des années 70 et 80 –jusqu’à son décès en 1985-. Le mouvement lent de la troisième sonate, ici, est merveilleux de retenue et la sonorité est somptueuse. Dans la 23ème sonate « Appassionata », il donne libre court à tous les contrastes dynamiques dans le premier mouvement, le deuxième mouvement chante superbement puis Gilels est déchaîné dans le mouvement final –sans la reprise-, qu’il dynamite furieusement !

• Liszt – Sonate en si mineur ; Chopin – Sonate pour piano n°2 – 1961 *****

Il existe de très nombreuses versions en concert de la sonate de Liszt par Gilels, qui propose une vision dense, très tendue et assez sombre de l’oeuvre, parfois cataclysmique mais pourtant sensible, sans être sentimentale. Tous ses enregistrements font partie des grandes versions d’une oeuvre qu’il joua tout au long de sa carrière. Emil Sauer, élève de Liszt, avait affirmé un jour, entendant Emil Gilels : «Je n’ai rien entendu de semblable depuis la mort de mon Maître». La sonate de Chopin, notamment connue pour sa fameuse « marche funèbre », est à la fois délicate et intense, superbe de sonorité.

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Playlist « Goldberg dans tous ses états »

Mes nuits sans dormir, le retour… Tant qu’à pratiquer l’insomnie comme un art de vivre, autant aller au bout de cette démarche et, donc, faire comme le comte Von Keyserlingk, insomniaque qui écoutait ces variations écrites pour peupler ses nuits : une légende bien établie raconte qu’il se les faisait jouer au clavecin chaque nuit par un élève de Bach, Johann Goldberg.

Ce qui n’est pas une légende, c’est que l’exemplaire personnel de la partition publiée du compositeur fut retrouvée en 1974 à Strasbourg et qu’elle comprend à la fois des corrections et de la musique supplémentaire : 14 canons sur les nuits premières notes de l’aria. Pour la petite anecdote, le treizième des ces canons est reproduit sur la partition que le compositeur tient en main dans le très célèbre portrait peint par Elias Haussmann en 1746 –cliquer sur l’imagette de gauche pour la voir en plus grand-.

Pour cette playlist nocturne, j’’ai écouté trois propositions différentes de ces variations –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– :

• une version pour clavecin, enregistrée par Trevor Pinnock en 1980, claire, vive et énergique, extrêmement bien articulée rythmiquement ! L’une des toutes meilleures propositions de cette oeuvre au clavecin. *****
• une version transcrite pour trio à cordes, arrangée par le violoncelliste Misha Maisky et enregistrée en 2007, qui apporte forcément des couleurs très différentes à une oeuvre spécifiquement écrite pour le clavecin. ****
• une version pour piano enregistrée par Alexis Weissenberg à Paris en 1982, au début de l’ère digitale. J’aime beaucoup cette version précise et virtuose, la sécheresse du jeu du pianiste étant à mes oreilles parfaitement adaptée à cette oeuvre. ****

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