Playlist « Le pire disque de ma discothèque »

Dans la série « Un jour, un album » : Kiss – Alive !

Aujourd’hui, j’ai essayé d’écouter ce qui doit être le pire disque de ma discothèque –oui, encore plus nul que le remake d’Exile On Main Street de Pussy Galore, mais celui-ci a au moins des prétentions expérimentales et on peut parfois en rire-. Après cette vaine tentative –l’album est assez long : un double LP à l’origine, dont je ne suis d’ailleurs pas arrivé au bout…-, repos obligatoire de mes oreilles !

Je vous parle ici de l’album « Alive ! », de Kiss, sorti il y a tout juste 50 ans, en 1975. Il s’agit en réalité d’un « faux » live quasiment totalement réenregistré en studio –c’est le cas pour de nombreux albums live retouchés en studio, mais jamais à ce point-là-, qui connut une grande destinée commerciale en son temps, puisqu’il établit la popularité du groupe pour quelques années : je ne sais pas, en revanche, si leur popularité a perduré au-delà du milieu des années 80…. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand : la pochette est l’élément le plus réussi de l’album…-.

Avec le recul, c’est nul et ça sonne fauxmême les errements drolatiques de Florence Foster Jenkins « sonnent » moins faux-. En réalité, les musiciens jouaient tellement faux en concert qu’un énorme travail de post-production a été indispensable. Hors la batterie et les cris du public, tout a été refait, le producteur ayant expressément demandé aux musiciens de s’appliquer pour jouer juste et en rythme… Ce qui ne sauve à peu près rien par ailleurs : paroles stupides, musique assez indigente et même pas mémorable ni très bien jouée, setlist hyper-monolithique où tout finit par se ressembler sans aucun point fort, immanquable solo de batterie pénible soutenu par les éructations du guitariste-chanteur… : l’essentiel du show devait se situer dans le maquillage et la pyrotechnie !
L’album rencontra un tel succès commercial qu’il fut assez rapidement suivi d’un « Alive II », que je ne connais pas mais qui, de notoriété publique, est moins bon que « Alive ! ». Ça me semble inimaginable !

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Des goûts et des couleurs, 7

Felix Mendelssohn-Bartholdy – Le songe d’une nuit d’été

L’ouverture du « Songe d’une nuit d’été », de Felix Mendelssohn-Bartholdy est, à mes oreilles, la plus belle preuve de l’existence qu’on peut être adolescent et génial : la qualité de cette page musicale dépasse de très loin la qualité de n’importe quelle oeuvre précoce du « divin Mozart » ou de tout autre compositeur. Mendelssohn a tout saisi de la pièce de Shakespeare et en restitue, en une petite dizaine de minutes, toute la magie et la féérie. C’est une petite merveille de verve, de finesse et  d’orchestration !

Il composa le reste de sa musique de scène, dont la célèbre « Marche nuptiale », quinze ans plus tard, à la demande du roi de Prusse, et n’atteignit plus tout-à-fait le même niveau, même si l’ensemble est très réussi, mais l’ouverture, ah, l’ouverture !
La discographie de l’oeuvre est relativement abondante, proposant des versions plus ou moins complètes de la partition. Etonnamment, ma version préférée est celle du chef japonais Seiji Ozawa, très peu présent dans ma discothèque. Il est suivi de près par un autre chef que je n’apprécie généralement pas outre mesure, Claudio Abbado pour son tout dernier concert berlinois, peu avant son décès, et par une autre version entrée dans la légende, celle de Peter Maag.
Toutes les autres versions présentent de belles qualités et des mérites divers, mais je n’aime ni celle de Savall, qui manque de vie à mes oreilles, ni celle de Levine, sonore et brutale plus que féérique. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.


Sont présents dans ma discothèque, par ordre chronologique :

Fricsay, RIAS Berlin, 1951 • Maag, OS Londres, 1957 • Szell, Concertgebouw Amsterdam, 1959
• Klemperer, Philharmonia Orchestra, 1960 • Kubelik, OSR Bavière, 1964
• Ozawa, OS Boston, 1994 • Abbado, OP Berlin, 2013
• Levine, OS Chicago, 2015 • Gardiner, OS Londres, 2016 • Savall, Le Concert des Nations, 2024

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Playlist « Symphonies de Haydn à l’ancienne »

La canicule se poursuit et, au moins ici, s’accentue encore… J’en profite pour faire le tour de ma discothèque en privilégiant des oeuvres que j’écoute très rarement, dans des versions anciennes qui me sont sorties de l’oreille depuis longtemps –déjà qu’elles avaient eu du mal à y entrer : les 104 (!!!) symphonies de Haydn sont loin de faire mon quotidien, même si globalement, je les aime un peu plus que celles de Mozart tout de même-.
Surnommé « le père de la symphonie », celles de Haydn, très classiques formellement et inventives thématiquement, sont généralement plus condensées structurellement que cette de Mozart, bien orchestrées et certaines annoncent le jeune Beethoven, le côté « implacable » en moins cependant.
Précisons pour la petite histoire que lorsque j’écoute ces oeuvres, j’ai tendance désormais à privilégier des versions HIP de Derek Solomon et son Estro Armonico, qui enregistrèrent au début des années 80 une petite cinquantaine de symphonies, ou celles de Trevor Pinnock avec l’English Concert, qui enregistra une très belle anthologie des symphonies « Sturm und Drang ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Symphonies n°44 & 49 « La passion » – Orch. de l’opéra de Vienne – Hermann Scherchen – 1957 ****
• Symphonies n°48 & 101 « L’horloge » – Orch.RIAS Berlin – Ferenc Fricsay – 1951 ****
• Symphonie n°67 « La surprise » – Orch. symph. de Pittsburgh – William Steinberg – 1959 ****

Curieusement, à part le disque de Steinberg, qui reçut une bonne critique à sa sortie, les deux autres n’avaient pas bénéficié, au moment de leur sortie, dans les années 50, de la même appréciation positive dans les pays anglo-saxons, où l’on tenait pour modèle de référence la vivacité sèche de Toscanini, dont Steinberg est assez proche. En revanche, Scherchen fut très apprécié, dès sa sortie, en France, grâce notamment à de prises de son excellentes pour l’époque. Quoi qu’il en soit, ils ont bénéficié de critiques dithyrambiques lors de leur réédition ! Pour ma part, ils suffisent à mon bonheur du jour !

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Playlist « Baignade estivale nocturne »

… Mes nuits sans dormir, histoire sans fin…  « Voir le jour se lever est plus utile que d’entendre la Symphonie Pastorale » avait écrit Claude Debussy, dans un jugement lapidaire à propos de la sixième symphonie de Beethoven. Mais, après avoir écrit « La mer », il révisa profondément son jugement, considérant qu’elle constituait « l’un des meilleurs modèles de mécanique expressive : ce Beethoven, quel génie ! ».

Faute de voir la mer cet été –ça sera plutôt tout à la fin de l’été ou en automne cette année– la playlist de ce jour propose trois versions anciennes de « La mer », ces trois esquisses symphoniques pour orchestre, achevées en 1905, essentiellement descriptives –1. De l’aube à midi sur la mer ; 2. Jeux de vague ; 3. Dialogue du vent et de la mer-, à l’instar de la symphonie pastorale…

L’oeuvre, à sa création, fut mal reçue, le critique du journal Le Temps, Pierre Lalo, écrivant notamment : « Je n’entends pas, je ne vois pas, je ne sens pas la mer », et un autre critique parisien remarqua que en parlant des auditeurs présents « … Ils ont été servis avec de l’eau agitée dans une soucoupe ». Aux États-Unis, les premières réactions ne furent pas plus favorables : « … l’océan du compositeur est un étang à grenouilles, dont certaines étaient entrées dans la gorge des cuivres ». Mais, par la suite, l’oeuvre rencontra un beau succès, tant au concert qu’au disque –c’est assurément l’oeuvre la plus enregistrée du compositeur-.

J’ai mis longtemps à accrocher à ce compositeur et à cette oeuvre, que j’apprécie énormément désormais et qui est très bien représentée dans ma discothèque. Les trois albums de cette playlist nocturne constituent chacun d’excellentes propositions à plus d’un titre, et les compléments sont tous de belle qualité également. Eu égard à leur époque respective, les prises de son s’avèrent très bonnes, ce qui est essentiel dan cette oeuvre. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Arturo Toscanini – BBC Symphony Orchestra – 1935 *****

A mes oreilles, la meilleure version du chef italien, et notamment parce qu’il dispose d’un orchestre qui semble beaucoup plus souple que son orchestre de la NBC à New York, et bénéficie d’une prise de son moins mate que celles réalisées pour lui par RCA.

• Herbert Von Karajan – Philharmonia Orchestra – 1954 *****

La première version du chef autrichien, qui enregistra l’oeuvre au moins quatre fois, à Londres, Berlin ou Paris, et toujours avec succès. Le chef propose déjà une version superbement hédoniste de l’oeuvre et à cette date, le Philharmonia Orchestra était sans doute l’un des deux ou trois meilleurs orchestres d’Europe.

• Paul Paray – Detroit Symphony Orchestra – 1955 *****

Très belle version transparente et détaillée, claire et rapide, totalement dégraissée, malgré un orchestre aux qualités un peu inférieures aux deux précédents -les timbres ne peuvent rivaliser avec ceux du Philharmonia, par exemple- : une superbe antithèse à la version de Karajan !

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Playlist « L’empereur du violon »

Profitant d’une météo peu clémente ces derniers jours, je revisite à l’occasion de ces playlists estivales mon « fond de discothèque » et celle de ce jour est consacré à plusieurs concertos pour violon par celui qui fut surnommé l’empereur du violon », et dont ses confrères disait notamment qu’ « il a[vait] établi toutes les normes pour jouer du violon au XXe siècle » et que « les objectifs qu’il s’étaient fixés demeurent, et, pour les violonistes d’aujourd’hui, il est plutôt déprimant qu’ils ne soient plus jamais complètement atteints ». J’ai nommé Jasha Heifetz.

Né en 1899 en Lituanie –alors russe-, enfant prodige et réputé pour être le plus phénoménal des enfants prodiges de son temps –il fut admis dans la classe du réputé Leopold Auer, qui détestait les enfants prodiges, à 9 ans et enregistra ses premiers disques à 10 ans-, émigré très tôt en Amérique pour échapper à la révolution et au régime soviétique, il débuta très jeune une carrière de virtuose couronnée d’un tel succès que Fritz Kreisler, sans doute le violoniste virtuose le plus réputé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, affirma que devant tant de génie, « il n’avait plus qu’à casser son instrument sur ses genoux »… Sa carrière, couronnée d’un immense succès à travers le monde entier, s’étira jusqu’au début des années 60.
Richissime –il avait fondé l’éphémère « One Million Dollars » trio-, réputé d’une extrême exigence avec les autres et plus encore avec lui même, doté d’une personnalité complexe il est également réputé pour n’avoir jamais souri en public, et aucune photo ne le montre autrement qu’avec un visage austère.

Les enregistrements de cette playlist –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, tous réalisés après la seconde guerre mondiale pour RCA, bénéficient du savoir-faire de la firme à cette époque et s’avèrent tous très convenables techniquement, avec cette particularité toutefois d’enregistrer le violon très près du microphone, comme le souhaitait Heifetz, sans que cela nuise au demeurant à la lisibilité de l’orchestre. Les accompagnements vont du tout-venant un peu routinier à l’excellent.

La firme américaine, à travers ces enregistrements, contribua à établir le mythe de l’infaillibilité du violoniste, à l’instar du halo d’infaillibilité qui entourait Arturo Toscanini –autre artiste RCA– à la même époque. C’est, évidemment, un mythe !

• Beethoven & Mendelssohn – OS Boston, Charles Munch – 1955, 1959 *****
• Brahms & Tchaïkovsky – OS Chicago, Fritz Reiner – 1957 ***/*****
Les *** sont essentiellement tributaires de mon peu d’appétence pour le concerto pour violon de Brahms, que je n’apprécie pas beaucoup, quelle que soit l’interprétation envisagée…
• Bruch & Sibelius – New Symphony Orchestra of London, Malcolm Sargent & OS Chicago, Walter Hendl – 1962, 1959 ****/*****

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Playlist « Les 80’s à Boston »

Avec New York, Boston est l’autre ville de la côte est des États-Unis à avoir connu une scène pop-rock prolifique et très active à partir des années 70. La playlist de ce jour donne un très modeste aperçu de l’éclectisme musical remarquable de cette scène bostonienne à travers trois albums relativement contemporains les uns des autres –début des 80’s-, mais chacun très différent de ton et d’esprit ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Steely Dan – Gaucho – 1980 ****

Groupe informel composé de très nombreux musiciens entourant Donald Fagen –claviers– et Walter Becker –guitare, basse, chant-, les deux seuls membres permanents, Steely Dan évolua entre le rock conventionnel, la pop mélodique, le rythm’n’blues et le jazz. « Gaucho », superbement enregistré d’un point de vue technique et hyper-produit, fit d’abord le bonheur des amateurs de chaînes Hi-Fi et servit longtemps de disque-test dans cette perspective. Album plutôt jazz baignant dans une ambiance assez intimiste, « Gaucho » donne à entendre les meilleurs requins de studio de l’époque et se vendit remarquablement bien aux États-Unis, où il remporta le convoité trophée de « disque de l’année » en 1980.

• The J Geils Band – Freeze Frame – 1981 ****

Il aura fallu que le J Geils bans sorte en 1981 un album très peu représentatif de leur style habituel –le rythm’n’blues et le Chicago Blues– pour atteindre à une notoriété planétaire. Leur succès était auparavant essentiellement limité aux États-Unis et, plus encore, à Boston, leur ville d’origine, où ils étaient cutlissime depuis longtemps. « Freeze frame », qui propose une pop pêchue et efficace où dominent les claviers –une première dans la musique du groupe– est leur dixième album déjà. Le disque contient l’énorme succès « Centerfold », unique numéro 1 du groupe, que j’ai eu la chance de voir en première partie des Rolling Stones en 1982 : l’occasion de découvrir un excellent guitariste, J. Geils, et un superbe harmoniciste, Magic Dick.

• The Real Kids – Hit You Hard – 1983 ****

Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le mercredi 2 février 1983 ? Moi, oui : c’était le jour où les Real Kids, ce merveilleux groupe bostonien de Power Pop, se produisait à Paris dans sa formation originelle –la meilleure-, au Bataclan, et j’étais dans la salle ! Il en est résulté l’un des plus exceptionnels albums live qui soit, chaud comme la braise, le trop méconnu « All Kindsa Jerks Live » ! Lors de ce séjour parisien, le groupe enregistra pour le label français New Rose l’’album « Hit You Hard », destiné au seul marché européen. Très bon, très pop et mélodieux, c’est incontestablement l’album le mieux produit de leur discographie. Le destin de ce groupe très attachant est à rapprocher de celui des Flamin’Groovies : belle renommée et énorme succès d’estime qui ne se sont cependant  jamais traduits commercialement…

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Playlist « Musique contemporaine d’alors… »

L’excellent coffret EMI consacré à William Steinberg –imagette ci-contre-, que je vous ai présenté au moment de sa découverte –c’est ici-, contient, outre les nombreux trésors du « grand répertoire » qu’il offre, quelques pièces de « musique contemporaine » de l’époque, beaucoup plus rares au moment de leur enregistrement par le chef américain, avec son orchestre symphonique de Pittsburgh.

Aux États-Unis et à cette époque, William Steinberg était le chef qui proposait le répertoire le plus original, le plus varié et le plus aventureux, au concert comme au disque : il enregistra rapidement durant les années 50 une quarantaine de disques pour Capitol Records, filiale américaine d’EMI/HMV. La playlist de ce jour est consacrée à quelques-unes de ces pièces « contemporaines ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Ernst Toch – Symphonie n°3 – 1955 **** – L’enregistrement fait suite à la création de l’oeuvre, le 02 décembre 1955, par le chef et son orchestre. Il s’agit d’une oeuvre originale, à l’instrumentarium très varié et qui reste assez facile à approcher.

• Ralph Vaughan-Williams – Five Tudor Portraits – 1935 **** – L’oeuvre est une « suite chorale », genre hybride entre la symphonie chorale et l’oratorio anglais, écrite pour orchestre, deux solistes et choeurs, sur des poèmes de la Renaissance de John Skelton. La version de William Steinberg est, sauf erreur, la toute première jamais enregistrée, en 1952, lors du festival annuel international de musique contemporaine de Pittsburgh.

• Ernest Bloch – Concerto grosso pour orchestre à cordes et piano – 1925 **** – L’oeuvre, en quatre mouvements et d’un abord facile, a été enregistrée en 1953 par William Steinberg durant un concert au festival annuel international de musique contemporaine de Pittsburgh.

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Playlist « A l’Américaine » – 1. Boston – Steinberg

Je débute aujourd’hui un petit cycle d’écoute consacré à des orchestres et artistes américains, histoire également de refaire un petit voyage remémoratif au sein de ma discothèque…
Le leg de William Steinberg et de l’orchestre symphonique de Boston pour Deutsche Grammophon se limite à trois fabuleux disques, puisque le chef, tout récemment nommé à la tête de l’orchestre en complément de son long mandat à la tête de l’orchestre de Pittsburgh qu’il ne pouvait se résoudre à quitter, dut abandonner ses fonctions assez rapidement en raison d’une santé déficiente.

Son mandat à Boston est resté limité à trois années –1969-1972-, durant lesquelles il enregistra deux trois albums pour RCA et, donc, les trois disques de la playlist du jour.. Les trois albums parus chez l’éditeur allemand ont été enregistrés tout au long de l’année 1971 et outre leurs mérites artistiques considérables *****ils s’inscrivent parmi les versions les plus recommandables de la discographie pour chacune des oeuvres enregistrées-, ils bénéficient tous de remarquables conditions techniques pour l’époque ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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Playlist « À la découverte de quelques raretés de Claude Debussy »

Il fait si chaud –36° prévus aujourd’hui–  que, hors de courtes promenades très matinales ou très crépusculaires, il est plus agréable de rester cloîtré à la maison –où je réussis à maintenir une température raisonnable de 26 à 27°, l’appartement étant traversant et permettant une bonne circulation de l’air– et d’en profiter pour explorer quelques trouvailles au sein de ma discothèque, que je n’avais pas encore écoutées, et qui constituent de vraies raretés, voire une authentique découverte.
C’est le cas avec trois oeuvres de Claude Debussy, extraites du coffret de l’intégralité de ses oeuvres, que je vous présentais rapidement ici, il y a presque un an. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.


On trouvera donc dans cette playlist :

• Première suite pour orchestre – Orch. Les Siècles, François-Xavier Roth – 2013 ***

La première suite pour orchestre est une oeuvre de jeunesse de Debussy, composée vraisemblablement entre 1882 et 1884, au moment où il commençait à exercer à écrire des pièces orchestrales dans le cadre de ses études en classe de composition au conservatoire de Paris. Lorsqu’il soumit au jury de fin d’étude le deuxième mouvement de cette suite, ledit jury constata que le musicien « écrivait mal la musique mais avait cependant fait des progrès ». Nonobstant ces considérations peu engageantes, il s’agit d’une musique toujours très agréable à défaut d’être très originale, mais qui n’annonce pas réellement les futures réussites orchestrales du compositeur que sont le « Prélude à l’après-midi d’un faune » ou « La mer ». L’enregistrement, de très belle qualité technique, est une « première mondiale ». Le disque original comporte également une version assez réussie de « La mer », à laquelle je préfère néanmoins plusieurs autres propositions.

• Fantaisie pour piano et orchestre, version « définitive » de 1910 – François-René Duchâble, piano ;
Orch. Du Capitole de Toulouse, Michel Plasson – 1995 ***

Debussy, peu satisfait de son oeuvre, la désavoua et n’autorisa jamais de son vivant qu’on l’interprète ; ainsi, elle ne fut créée qu’en 1919, un an après son décès. Il retravailla sa partition, dont la première version remonte à 1889, au moins jusqu’en 1910. La version de François-René Duchâble, remarquable pianiste très virtuose qu’il est malheureusement de bon ton de dénigrer en France est de très belle tenue, même si la prise de son semble est tout juste convenable eu égard à sa date.

• Marche écossaise sur un thème populaire – Orch. National de l’ORTF, Jean Martinon – 1973 ***

Le titre exact de cette courte oeuvre pour orchestre, publiée en 1891, est « Marche écossaise sur un thème populaire, ou Marche des anciens Comtes de Ross, dédiée à leur descendant le Général Meredith Reid, grand-croix de l’ordre royal du Rédempteur ». Excusez du peu ! Et, je vous assure : la chaleur ne m’est pas montée à la tête !
Outre cette version pour orchestre, Debussy avait à l’origine composé cette oeuvre pour piano à quatre mains. Il en existe également une transposition pour piano à deux mains de la version pour orchestre ! Comprenne qui pourra ! Au demeurant, l’oeuvre est très agréable et cette version est très bien !

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Dimanche à l’opéra – Richard Strauss, « Le chevalier à la rose »

Ma séance dominicale lyrique me conduit cette après-midi –pour cause de préparatifs intenses pour le brunch de la « fête des pères » ce matin– dans la Vienne impériale de la seconde moitié du 18ème siècle, sous le règne de Marie-Thérèse, impératrice douairière du Saint-Empire germanique et reine d’Autriche, avec l’opéra en trois actes de Richard Strauss « Le chevalier à la rose », dans l’ultime version d’Herbert Von Karajan. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

L’argument en est très simple : le baron Ochs auf Lerchenau prépare son mariage avec Sophie Faninal, et fait appel à sa cousine, la princesse Marie-Thérèse von Werdenberg, plus connue sous le nom de « La Maréchale », pour désigner un chevalier qui ira offrir une rose d’argent à la future mariée, selon la tradition.
La Maréchale confie cette mission à Octavian, son jeune amant. S’ensuivent une série de quiproquos, et, en définitive, Octavian s’éprend de la jeune fiancée, horrifiée par son futur mari qui est un homme dépravé et grossier. Avec la bénédiction de la Maréchale, les deux jeunes gens peuvent alors entamer un duo d’amour enflammé.

Ainsi, bien qu’il s’agisse d’un opéra comique, l’œuvre intégrant des thèmes plus sérieux comme l’infidélité, la prédation sexuelle et l’altruisme en amour, mais aussi la nostalgie et l’angoisse face au temps qui fuit.
Une notice assez complète –argument, informations sur le livret et les conditions de création de l’opéra…– se trouve ici.

« Le chevalier à la rose » est bien représenté dans ma discothèque, avec pas moins de six versions :
d’une part, les trois versions d’Herbert Von Karajan : 1956, studio EMI avec le Philharmonia Orchestra ; enregistrée live à Salzbourg en 1960 et sortie officiellement chez DGG en 1999 seulement, dans le cadre de la publication des archives du festival ; 1982, studio parue chez Deutsche Grammophon, et, donc version écoutée ce jour. Les deux premières versions sont généralement considérées comme des versions de référence. Karajan a toujours été un éminent spécialiste de Richard Strauss, reconnu comme tel par le compositeur lui-même, qui, au sortir d’une représentation dirigée par son jeune collègued’Arabella, l’invita au restaurant pour le féliciter et le remercier;
d’autre part, trois versions enregistrées par Erich Kleiber en 1954, Karl « Karli Sac de patates » Böhm en concert au festival de Salzbourg en 1969 et Leonard Bernstein en studio en 1971 –les deux premières sont également souvent considérées comme des versions de référence-, qui, toutes trois, proposent d’excellents plateaux de chanteurs.

La version du jour jouit d’une réputation un peu moindre que les deux précédentes enregistrées par Karajan –cliquer sur les imagettes pour les voir en plus grand-, et pourtant, à mes oreilles, elle n’est pas si loin de les rejoindre : aucun des chanteurs, presque tous à l’aube de leur carrière, ne démérite, même si certains n’égalent pas tout-à-fait leurs prédécesseurs. A contrario, Kurt Moll est sans doute le meilleur Ochs auf Lechernau de l’entière discographie.
Les tempi, relativement lents –comme toujours chez le chef dans cet opéra, qu’il dirigea très souvent– sont cependant très vivants et, surtout, Karajan tire de l’orchestre philharmonique de Vienne –sans doute l’orchestre le plus rétif pour répondre aux exigences des chefs d’orchestre– des sonorités somptueuses et d’une beauté inouïe, qui imprègnent l’oeuvre d’une tendre nostalgie.

Tim Page, critique musical du Washington Post, écrivait, après le dernier concert américain de Karajan, en février 1989 : “Never forget that an orchestra can play with such unity, such subtlety, such luxuriance of tone. You may never again hear such playing but now you know that it can be done”. « N’oubliez jamais qu’un orchestre peu jouer avec autant d’unité, de subtilité et de luxe sonore. Vous n’entendrez peut-être plus jamais un tel jeu, mais vous savez désormais qu’il est possible de le faire ».

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