Playlist « Bons pour l’asile ! »

La playlist de ce jour est consacrée à trois musiciens bons pour l’asile psychiatrique : c’est d’ailleurs là qu’ils ont, chacun, fini leur vie, dans un dénuement social à peu près complet. La musique, sans laquelle la vie serait une erreur selon Friedrich Nietzsche, adoucit les moeurs, mais elle peut aussi rendre fou, semblé-t-il ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Robert Schumann – Symphonie n°4
Orchestre philharmonique de Berlin, Rafael Kubelik – 1963 ****

Robert Schumann mourut à l’asile psychiatrique d’Endenich, près de Bonn, en 1856. Peut-être atteint de neurosyphillis –diagnostic remis en cause de nos jours-, il passa les deux dernières années de sa vie à se laisser mourir à petit feu dans cette institution, dont, malgré l’avis des médecins et de ses amis, sa femme Clara, avec laquelle les relations s’étaient progressivement détériorées, ne voulut jamais qu’il ressorte : elle ne lui rendit visite qu’une seule fois, quelques jours avant le décès du musicien…
De santé très fragile, pianiste et chef d’orchestre raté, il composa, outre son merveilleux corpus pour piano, quatre symphonies dont l’orchestration est souvent jugée maladroite, ou pour le moins manquant de couleurs, mais d’une belle veine mélodique, et dont je préfère très largement la quatrième. Rafael Kubelik enregistra deux intégrales des symphonies de Schumann, au début des années 60, puis au milieu des années 70.

• Friedrich Nietzsche – Musique pour piano
Jeroen van Veen – 2016 ***

Friedrich Nietzsche, sans doute atteint lui aussi de neurosyphillis, végéta durant les onze dernières années de sa vie dans la maison de sa mère, puis de sa soeur, où il mourut, après être passé par les asiles psychiatriques de Bâle puis d’Iéna. Mort-vivant à partir de 1889, il détestait sa soeur, anti-sémite notoire, qui contribua largement à sa récupération par le régime national-socialiste.
Nietzsche, philologue-philosophe qui avait tué dieu et considérait que les Juifs étaient le plus grand peuple de l’histoire, écrivait dans une langue remarquable. Critique musical ami/ennemi de Wagner et qui admirait profondément « Carmen », de Bizet, il composa également quelques très jolies, à défaut d’être géniales, pièces pour piano, fort peu enregistrées.

• Hans Rott – Symphonie n°1 – Suite pour orchestre
Orch. Symph. Radio de Francfort, Paavo Järvi – 2010 *****

 » Un musicien de génie … qui est mort non reconnu et dans le besoin au seuil même de sa carrière. On ne peut pas mesurer ce que la musique a perdu en lui. Telle est la hauteur à laquelle son génie s’élève dans sa symphonie, qu’il a écrite alors qu’il avait 20 ans et qui fait de lui le fondateur de la Nouvelle Symphonie comme je l’envisage « . C’est ainsi que s’exprimait Gustav Mahler au sujet de Hans Rottcliquer sur son unique portrait réalisé de son vivant connu pour le voir en plus grand-, foudroyé à 22 ans par une forme de folie hallucinatoire –il avait notamment menacé un passager avec un revolver lors d’un voyage en train, affirmant que Brahms avait rempli le train de dynamite pour le faire sauter…– et des symptômes maniaco-dépressifs dont il ne se remit jamais et qui contribuèrent à son enfermement en asile psychiatrique à Vienne pour les dernières années de sa courte vie -il est mort à 25 ans-.
Au contraire de Mahler, Brahms n’avait pas apprécié outre mesure l’unique symphonie de Rott, la jugeant à la fois belle et maladroite. Redécouverte dans les années 80, sa publication en CD fit l’effet d’une petite bombe, dont le souffle est assez rapidement retombé. Cette symphonie est en effet à la fois riche en très belles choses, mais passablement décousue. La version de Paavo Järvi est la meilleure que je connaisse de cette oeuvre, plusieurs fois enregistrée depuis sa redécouverte.

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Playlist « Schumann et les Grands Anciens »

Dans cette playlist, quelques pièces pour le piano –l’oeuvre pour piano de Schumann est globalement magnifique et côtoie les plus hauts sommets de la littérature pour l’instrument– sont interprétées par de « Grands Anciens », dont les précieux témoignages sont préservés grâce au disque. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Une notule qui comporte même un extrait !

• Carnaval – Claudio Arrau – 1967 *****

L’anthologie consacrée à Robert Schumann qu’enregistra entre 1967 et 1976 le pianiste chilien Claudio Arrau pour Philips reste, à mon avis, incontournable, et constitue un très bon moyen de découvrir les oeuvres pianistiques du compositeur : tous ces enregistrements furent réunis en un coffret de 7 CD édité à l’origine par Philips, qui offrait régulièrement de très belles prises de son, charnues et profondes, au pianiste, dans le cadre de sa remarquable Arrau Edition, malheureusement indisponible depuis des lustres…

• Waldszenen – Wilhelm Kempff – 1974 ***

A contrario, l’anthologie enregistrée par Wilhelm Kempff à peu près à la même époque pour le label Deutsche Grammophon par Wilhelm Kempff est beaucoup plus inégale. Le pianiste, né dix ans avant Arrau, avait près de 80 ans au moment de sa réalisation, et ses doigts répondent parfois difficilement aux exigences de ces partitioons. Les Waldszenen font partie des pièces les plus réussies –mais les « Études symphoniques », par exemple, sont à éviter-. De très nombreux disques de Wilhelm Kempff souffrent souvent de prises de son assez métalliques et manquant de graves, alors que son éditeur savait réaliser d’excellentes prises de son de piano depuis longtemps…

• Etudes symphoniques – Emil Gilels – 1984 *****

L’enregistrement, live, fut réalisé lors de l’un des tout deniers concerts d’Emil Gilels, en septembre 1984 à Locarno, en Suisse. Les « Études symphoniques » de Schumann constituaient la dernière oeuvre de ce concert, qui comprenaient également quelques sonates pour piano de Scarlatti en entrée, suivies de « Pour elle piano » de Debussy. Gilels enregistra assez peu de Schumann durant sa carrière, mais il y excellait cependant, et ces études symphoniques sont absolument superbes !

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Playlist en couleurs – Rouge, -encore, mais sans devinette !-

• Fischer-Z – Red Skies Over Paradise- 1981 *****

Celui-ci, je l’aime tellement qu’il fait partie des rares albums que j’ai racheté en vinyle ! De plus, les lignes de basse de la majorité des chansons tombent merveilleusement sous les doigts !

• Ramones – Mondo bizarro – 1992 ***

Départ de Dee Dee Ramone, songwriter d’une partie du répertoire du groupe, et arrivée de CJ Ramone à la basse, sans que cela change fondamentalement le son ou l’énergie légendaire du groupe.

• Robert Schumann – Les symphonies – Orchestre révolutionnaire et romantique, J.E. Gardiner – ****

Écoute de la version originelle de la quatrième symphonie, qui date de 1841 et dont la publication fut interdite par Clara Schumann. La version «finale» est plus tardive de dix ans et c’est celle qui est passée à la postérité et qui est traditionnellement jouée.

• Dire Straits – Making Movies – 1980 ****

Un moment d’histoire : mon tout premier CD acheté, à une époque où l’objet était encore très rare et ultra-protégé contre le vol chez les disquaires : les photocopies des pochettes étaient placées sous plexiglass et le CD n’était disponible qu’en réserve, une fois l’objet payé !

Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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Playlist romantique, virtuose et poétique

Même si je ne les écoute pas très régulièrement, j’aime beaucoup, en général, les oeuvres pour piano de Robert Schumann : sa production, profondément romantique, est riche et variée, poétique et virtuose, et très expressive. La playlist de ce jour est piochée parmi trois albums qui ont out été encensés par la presse spécialisée, au moment de leur parution ou de leur réédition.
J’ai opté pour une optique chronologique en fonction de la date de composition des différentes oeuvres écoutées ce jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Papillons, op. 2 (1831) – Wilhelm Kempff. Il s’agit d’une pièce regroupant 12 miniatures contrastées et reliées par des motifs thématiques, inspirées par le roman « Flegeljahre » de Johann Paul Friedrich Richter, dit Jean Paul, écrivain emblématique du romantisme allemand.
• Carnaval, op. 9 (1835) – Wilhelm Kempff. Carnaval est une suite de 21 pièces représentant des personnages réels ou imaginaires, et qui introduit deux personnages récurrents dans les écrits de Schumann : le tempétueux Florestan et le rêveur Eusebius, soit les deux facettes du compositeur.
• Études symphoniques, op. 13 (1834-1837) – Geza Anda. Schumann a composé ces variations sur un thème du baron von Fricken. Elles sont d’une très grande virtuosité qui n’exclut pas la poésie pour autant. La version de Geza Anda est particulièrement brillante. A contrario, la version de Wilhelm Kempff est assez besogneuse et j’ai du mal à comprendre les critiques très positives lues ici ou là sur son interprétation de cette belle oeuvre : à mon avis, le pianiste –près de 80 ans à l’époque de l’enregistrement– n’avait sans doute plus les doigts pour la jouer…
• Kinderszenen, op. 15 (1838) – Martha Argerich.
• Kreisleriana, op. 16 (1838) – Martha Argerich. Le disque de Marha Argerich est tout simplement merveilleux, c’est l’un de mes tout premiers CD de piano, et j’ai toujours beaucoup aimé les Kinderszenen et leur très célèbre « Pays merveilleux » introductif.
• Fantaisie en ut majeur, op. 17 (1836-1838) – Geza Anda. La fantaisie est une autre oeuvre ambitieuse de grande dimension, influencée par Beethoven, qui requiert virtuosité et abattage : tout ce dont faire preuve Geza Anda.
• Scènes de la forêt, op. 82 (1848-1849) – Wilhelm Kempff. Les scènes de la forêt sont constituées de huit petits tableaux poétiques et intimistes. Ici, Wilhelm Kempff se montre tout-fait à son aise.

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Playlist à l’américaine

Ce matin, j’enchaîne une série de concertos pour piano bien connus interprétés par le pianiste américain Harvey Lavan Cliburn, qui connut une grande célébrité sous le nom de Van Cliburn, notamment parce qu’il remporta le premier concours international Tchaïkovsky –appelé à devenir un concours prestigieux-, à Moscou, en 1958, en pleine guerre froide. Le président du jury du concours, rien moins qu’Emil Gilels, au risque de l’emprisonnement ou de la déportation, dut se présenter devant le Soviet suprême pour justifier cette victoire.
Les quatre concertos de ce jour –Beethoven ; MacDowell ; Prokofiev ; Schumann– sont tous magistralement interprétés : Van Cliburn était un pianiste énergique et rigoureux, développant de fort elles sonorités. Solide est le terme qui me semble le mieux adapté pour caractériser son jeu. Il est accompagné de fort belle manière par l’orchestre de Chicago, sous la baguette notamment d’un Fritz Reiner toujours précis mais beaucoup plus souriant que d’habitude et presque tendre -notamment dans le concerto de Beethoven-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Tout au long de la décennie qui suivit son triomphe et avant un effacement progressif à partir du milieu des années 70, Van Cliburn enregistra quelques uns des plus grands –et célèbres– concertos du répertoire classique, dans d’excellentes conditions techniques –les fameuses prises de son RCA de l’époque– et en bénéficiant du support des meilleurs orchestres américains et et de chefs aussi renommés que Reiner, Leinsdorf ou Ormandy. Ces enregistrements, tous recommandables, sont réunis dans le coffret à tout petit prix présentés dans l’imagette de droite –les coffrets de cette collection sont généralement très recommandables et bénéficient d’un remastering de qualité-. A titre anecdotique, son enregistrement du premier concerto pour piano de Tchaïkovsky, qui fait partie de ce coffret, fut le premier disque de « musique classique » vendu à plus d’un million d’exemplaires.

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Playlist « Vieilles choses : belles choses »

Je retrouve, avec cette playlist et avec plaisir, d’antiques connaissances : des oeuvres que je connais sur le bout des doigts depuis très longtemps, dans des versions de haute tenue et des remasterings soignés : les belles choses sont indémodables !

Schubert – Symphonie n°8 « Inachevée » – OS Pittsburgh, William Steinberg – 1957
Kodaly – Hary Janos, suite – Orchestrai. RIAS Berlin, Ferenc Fricsay – 1961
Schumann – Symphonie n°4 – Philharmonia Orchestra, Otto Klemperer – 1960
Franck – Symphonie en ré mineur – Philharmonia Orchestra, Constantin Silvestri – 1959
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Playlist « Retrouvailles de vieilles connaissances »

Aujourd’hui, nouvelle journée de grandes chaleur et de quasi-sécheresse, je retrouve d’anciennes connaissances : des enregistrements assez anciens, dont les bandes remontent, pour les plus anciennes à 1948 –Beethoven– et les plus récentes à 1957 –Schumann-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La 5ème symphonie a été couronnée « meilleure interprétation de l’oeuvre » par un parterre de chefs d’orchestre réunis par Nikolaus Harnoncourt lors d’une discographie comparée ; c’est en effet une très bonne version, qui fut remarquablement mal accueillie en France lors de sa sortie par la revue « Disques » : trop rapide et trop triomphalement brutale paraît-il ! Jugez-en par vous-même !

La « Flûte enchantée » , de Mozart, est une version sans dialogue, réunissant une distribution dominée, à mes oreilles, par le Papageno d’Erich Kunz, qui est resté, selon moi, inégalé. L’enregistrement fut longtemps regardé comme une référence, mais la prise de son a vieilli et l’absence de dialogues rend l’histoire assez peu compréhensible.
Excellents disques de Schumann –dans la meilleure de ses symphonies à mon avis, sachant que je n’écoute quasiment jamais les trois autres– et de Sibelius, dont le chef fut un ardent défenseur dès le début des années 30 et qu’il enregistra tôt dans sa carrière avec le Philharmonia.

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Playlist « Cette année-là » – 1972

Bach – Transcriptions orchestrales – Philharmonique Tchèque – Stokowski
Neil Young – Harvest (remastered 2009)
Schumann – Symphonie n°4 – Staatskapelle Dresde – Karajan (live)
The Rolling Stones – Exile On Main Street (50th anniversary Deluxe Edition)
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Playlist « Noctambule »

Les nuits sans trop de sommeil –assez fréquentes en ce moment…-, j’ai une liste d’oeuvres favorites sensées favoriser mon endormissement : ça ne marche pas toujours, et je suis parfois obligé d’en écouter deux, voire trois, à la suite. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ces oeuvres, que je connais évidemment sur le bout des doigts de ce fait, je les écoute dans n’importe quelle version qui me tombe sous la main, les albums proposés ici sont les dernières versions que j’en ai écoutées ces derniers jours dernières nuits… Il s’agit :
des « Variations Enigma », d’Edward Elgar;
des « Variations Goldberg », de Johann-Sebastian Bach –qui ont été écrites spécifiquement dans ce but, d’ailleurs, et dont l’extrait proposé ci-dessous est assez dépaysant-;
de la troisième symphonie de Felix Mendelssohn;
de la quatrième symphonie de Robert Schumann.

Ecouter de la musique la nuit, même à faible volume, quand règne un silence profond, est en fait extrêmement enrichissant et permet de se consacrer attentivement à des détails –ne suivre que la main gauche d’un pianiste ou d’un claveciniste, se concentrer sur un instrument ou un groupe d’instruments en particulier…– auxquels je ne prête pas forcément attention lorsque j’écoute une oeuvre plus globalement.

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