J’écoute ce matin la toute première version qui a honoré ma discothèque de l’unique opéra de Béla Bartók, « Le château de Barbe-Bleue : lorsque je l’avais achetée, après avoir entendu l’oeuvre à l’opéra national du Rhin, cette version était alors la seule dans les rayons de mon disquaire. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Elle m’a toujours donné toute satisfaction, même si ce n’est pas ma préférée.
Le Château de Barbe-Bleue (en hongrois A Kékszakállú herceg vára) est un opéra en un acte de Béla Bartók, composé en 1911 et créé en 1918. Le livret, écrit par Béla Balázs, est basé sur la légende de Barbe-Bleue. L’opéra se concentre sur une interaction intime entre seulement deux personnages : Barbe-Bleue et sa nouvelle épouse, Judith. L’histoire explore des thèmes psychologiques profonds, notamment la solitude, la quête de vérité et les mystères de l’âme humaine.
L’opéra est fondé sur un conte de Charles Perrault, écrit en 1697, qui aborde le thème de la déloyauté conjugale : l’épouse supposée soumise à son mari s’avérant irrespectueuse des règles établies, elle encourt la mort pour avoir désobéi. –Les ligues féministes « Me Too » y verront sans doute un symbole du patriarcat, alors que le conte parle des tentations auxquelles l’être humain succombe et de leurs conséquences possibles-. Ainsi, L’œuvre commence par un prologue où un narrateur s’adresse au public, l’invitant à découvrir une histoire qui se déroule dans l’âme humaine. Le narrateur pose la question de savoir si ce que nous voyons dans le château de Barbe-Bleue est réel ou s’il s’agit d’une représentation des profondeurs de la psyché. –Ce prologue parlé est absent de la version écoutée ce jour-.
Le livret de l’opéra « Le Château de Barbe-Bleue » est une œuvre dense qui s’articule, en un acte unique et sept scènes, autour de la relation psychologique entre deux personnages : Barbe-Bleue et Judith. Il se compose de sept scènes correspondant aux sept portes mystérieuses du château que Judith veut ouvrir.
• Ouverture, prologue parlé – Un narrateur introduit l’histoire, interrogeant l’audience : « Où est le château ? Est-il dans ce monde ou en dehors ? ». Il plante le décor mystérieux du drame qui va se jouer.
• Scène 1 – L’entrée dans le château
Judith et Barbe-Bleue viennent d’entrer dans le château, une forteresse sombre et froide. Judith, récemment mariée à Barbe-Bleue, exprime son amour mais est intriguée et inquiète par l’atmosphère lugubre. Barbe-Bleue tente de la rassurer, mais Judith sent le poids d’un secret. Barbe-Bleue l’avertit : ce château renferme ses mystères, et il serait peut-être dangereux de les dévoiler. Mais Judith, curieuse et résolue, demande l’ouverture des portes.
• Scène 2 – La première porte : La salle de torture
Judith insiste pour ouvrir la première porte, malgré les réticences de Barbe-Bleue. Derrière, elle découvre une salle de torture, sombre et effrayante, avec des instruments marqués par le sang. La vue la trouble, mais elle persiste dans son désir de voir plus loin. Barbe-Bleue tente d’atténuer son inquiétude, affirmant que ces instruments appartiennent au passé, mais Judith commence à sentir le poids du secret.
• Scène 3 – La deuxième porte : La salle d’armes
À la deuxième porte, Judith découvre une salle remplie d’armes. Les lames sont ternies par le sang séché, et une ambiance lourde règne dans la pièce. Pourtant, elle ne se laisse pas détourner de sa quête. Elle veut tout savoir, tout découvrir.
• Scène 4 – La troisième porte : Le trésor
La troisième porte révèle une immense pièce pleine de richesses : des bijoux, de l’or, des pierres précieuses. Cependant, Judith remarque que tout ce trésor semble recouvert d’une étrange ombre, comme si une présence pesait sur lui. Barbe-Bleue reste évasif, essayant de rassurer Judith sans pour autant lui dire toute la vérité.
• Scène 5 – La quatrième porte : Le jardin
Judith ouvre la quatrième porte et découvre un jardin merveilleux, d’une beauté irréelle. Mais même ici, elle remarque des tâches de sang, comme si ce jardin paradisiaque était contaminé par un passé sombre. Barbe-Bleue, de plus en plus troublé, demande à Judith d’arrêter son exploration.
• Scène 6 – La cinquième porte : Le royaume
La cinquième porte s’ouvre sur une vue majestueuse : un vaste royaume s’étend sous les yeux de Judith, avec des montagnes, des rivières et des villes. C’est une scène de pouvoir et de contrôle. Mais même ici, Judith perçoit une ombre. Barbe-Bleue répond que le passé ne doit pas être révélé, mais Judith est désormais trop investie dans sa quête.
• Scène 7 – La sixième porte : Le lac de larmes
La sixième porte s’ouvre sur un lac silencieux et sombre. Judith comprend que ce lac est fait des larmes versées par ceux qui ont partagé la vie de Barbe-Bleue avant elle. Elle commence à sentir le poids de la tragédie et de la solitude qui entourent Barbe-Bleue. Barbe-Bleue, le cœur lourd, demande à Judith de renoncer, mais elle ne peut plus faire demi-tour.
• Scène 8 – La septième porte : Les épouses de Barbe-Bleue
Enfin, Judith exige l’ouverture de la dernière porte. Derrière elle, se tiennent les anciennes épouses de Barbe-Bleue, toutes vivantes mais enfermées dans une obscurité éternelle. Elles sont belles, majestueuses, mais prisonnières à jamais du château. Judith, horrifiée, réalise son sort. Elle est condamnée à devenir, elle aussi, une ombre dans le passé de Barbe-Bleue. La porte se referme sur elle, et Barbe-Bleue reste seul, à nouveau entouré de ses secrets et de ses mystères.
• Final – Le narrateur clôt l’histoire en rappelant que le château de Barbe-Bleue est un lieu intemporel, où se rejouent sans fin les drames de la curiosité et du mystère.
Pour en savoir sur cet opéra, je vous renvoie, une fois n’est pas coutume, à la très intéressante notice à lire ici.