Une autre page de petite histoire

L’année dernière, à peu près à la même époque, je vous parlais de l’histoire en jaune, qui permettait de reconstruire un peu de la saga de l’enregistrement audio. Aujourd’hui, je vous propose quelques petites histoires en lien avec les premiers enregistrements réellement Hi-Fi, au sortir de la seconde guerre mondiale.

ffrrdeccaDeux phénomènes majeurs permirent de passer progressivement de l’ère du 78T à celle du 33T : • d’une part, l’enregistrement sur bandes magnétiques, mis en oeuvre très tôt en Allemagne –la qualité des retransmissions radio allemande interpellait les Européens des pays alentours et, surtout, la bande magnétique permit d’enregistrer les oeuvres d’un seul tenant, et non pas par « bouts de 4 minutes »-; d’autre part, l’amélioration des microphones, qui est due aux Anglais, en lien direct avec les systèmes acoustiques de détection des sous-marins ennemis pendant la guerre : cette technologie fut reprise par la marque anglaise Decca dès 1944, et popularisée sous le terme de « ffrr », soit full frequency range recordings.

ffrrdeccaLPLe premier enregistrement répondant quasiment aux normes Hifienregistrement encore mono, certes, mais proposant une bande passante considérablement élargie et s’étendant de 80 à 14000 Hz-, très supérieur aux enregistrements réalisés par la concurrence de l’époque, eut lieu à Londres en 1945 : il s’agit de la 5ème symphonie de Tchaikovsky par le National Symphony Orchestra, sous la direction de Sidney Beer. Vous pouvez en écouter des extraits, pour vous rendre compte de la qualité sonore obtenue eu égard aux standards moyens de l’époque –le disque est cependant hors catalogue depuis longtemps, et difficilement trouvable, et son intérêt artistique est plutôt mineur-.

MilsteinWalterUne fois cette technologie appropriée, il fallait encore passer du 78T –4 minutes par face– au 33T « long player », dit LP. C’est grâce à l’enregistrement sur bandes magnétiques que ce passage fut considérablement simplifié, puisque le montage ne posait plus, désormais, de problèmes insurmontables. Le premier 33T LP / 30cm de l’histoire du disque fut réalisé par Columbia records. Il s’agit du concerto pour violon de Mendelssohn, dans la version de Nathan Milstein dirigé par Bruno Walter. Hors classique, le tout premier LP produit était « The voice of Frank Sinatra ».

Il va sans dire que, rapidement, l’ensemble du catalogue 78T commença à disparaître, au profit du nouveau standard infiniment plus pratique proposé par le LP.

C’est alors que l’histoire « moderne » de l’enregistrement audio put commencer.

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Opinions divergentes…

DieWeltAlors qu’en France, un ancien président –jaloux, peut-être,  de l’article paru en Allemagne– appelle le nouveau président à se ressaisir –sic : c’est une grande première qu’un ex veuille prendre la place d’un président en exercice dans le cadre de négociations à l’étranger, et ça montre le désarroi dudit ex…-, en Allemagne, un édito très intéressant paru dans le quotidien allemand « Die Welt » nous éclaire sur l’image du mal-nommé « Flamby » à l’étranger : c’est le nouvel homme fort de l’Europe selon ce quotidien -cliquer sur l’image pour la voir en grand-.

Il est trop tôt, à cette heure, pour savoir quelle vision l’aura emporté quant à l’aide apportée à la Grèce, puisque c’est de cela dont il s’agit, mais on sait depuis quelques minutes qu’un plan d’aide a été acté. La patrie de Platon, Aristote et Euclide, ce berceau de la démocratie, peut respirer –un peu, mais quand même…-.

Il faudrait toujours lire la presse étrangère en balancier de la presse nationale, ça permet de relativiser et d’avoir une vue plus large des événements. La synthèse des opinions divergentes, évidemment, ça reste un exercice un peu vain et stérile, mais il est au moins bon de savoir qu’elles existent et que les opinions ne sont jamais aussi monolithique qu’on voudrait parfois le croire –sauf pour les lecteurs-commentateurs du Figaro, parfois trop drôles à force d’outrance et de manque de recul… : ça fait presque peur ! -.

La radio de l’été : MA saison 6

FOND2Ça y est, mon choix est arrêté en matière de livraison annuelle pour « La Radio de l’été« . En cette sixième saison, et la troisième pour ce qui me concerne, j’ai choisi cette très –très, très– jolie chanson de Brian WILSON –d’abord parue sur le miraculeux PET SOUNDS des Beach Boys en 1966, grande année pour Bordeaux rouges et les diablotins qui plus est !-.

Ici, tout cela mérite explication, et c’est également le but de la radio de l’été : donner un sens au titre proposé. Donc : j’ai découvert les Beach Boys tardivement, et en deux étapes.

• La première étape, c’était par le biais d’un excellent livre de Jean-Michel VARENNE, « Les poètes du Rock », lu vers 1982 ou 1983, si ma mémoire est bonne –et, en l’occurrence et en la matière, elle me trahit assez rarement…-.

poetrockIl semble que l’ouvrage soit désormais épuisé, mais si vous le trouvez en médiathèque, précipitez-vous : l’approche est assez originale et intéressante, plutôt littéraire et sociologique dans mon souvenir, bien que l’auteur semble résolument attiré par les aspects les plus glauques des poètes et musiciens qu’il recense –on aime les poètes maudits en France…-. Bref, les Beach Boys y étaient mentionnés, mais, dans mon esprit de l’époque, ils étaient tellement associés aux surf’trucs, surfin’machins et autres beach partys que je n’y prêtais pas une formidable attention. Tragique erreur !

petsounds• A l’été 2002 –et je suis sûr de cette date-, j’empruntais en médiathèque ledit « PET SOUNDS », désireux avant tout de compléter une culture de la musique west-coast qui m’échappait quelque peu ! Claque monumentale : ce disque est absolument génial, d’une beauté naïve mais fulgurante, fondée sur des mélodies et une harmonie à faire passer les Beatles pour des amateurs un peu racoleurs et très peu subtils… Le disque fut un bide relatif au USA et un succès absolu en Europe, et notamment en Angleterre. Parmi tous ces joyaux, c’est cette jolie pépite que je vous propose pour la radio de l’été, dans une version très maitrisée, et néanmoins chargée d’émotion. Bonne écoute !

Playlist, mises à jour et lectures…

Playlist02052015Petite playlist éclectique et assez dynamique, ce matin –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, pour entamer le week-end gentiment, tout en effectuant la mise à jour de mon nuage musical, qui ne l’était plus depuis quelques semaines : cela a donc pris quelques longues minutes, mais ça va désormais beaucoup plus vite qu’avant –je lançais ça le soir et ça prenait une partie de la nuit si j’attendais trop longtemps entre deux sessions d’export…-.

J’en ai profité, notamment, pour lire quelques articles éloignés de l’actualité quotidienne –Royal baby girl, qui n’a pas encore de prénom connu à cet instant, est née, ça fait la Une partout dans notre presse républicaine 😛 😛 😛-, mais néanmoins intéressants, dont celui-ci, vraiment bien –et tous les autres articles de ce blog sont au moins intéressants, avis aux amateurs !-.

Rose carréEn parlant de nuage, cette année, en mai, il faut se recouvrir d’un fil par rapport à avril : la météo, ici, est assez nulle ! Pas l’heure, encore, de ressortir l’appareil photos, mais cela ne saurait trop tarder désormais, d’autant que les roses du jardin rosissent à vue d’oeil… Et même si Pâques est passé, je profite de ce temps pour écouter cela –extrait ci-dessous-,, qui bénéficie d’une prise de son absolument magnifique !

Matinée musicale et théâtre

Ce matin, voilà de quoi contenter mes oreilles, sous une petite pluie et un ciel plutôt gris… –Cliquer sur l’image pour la voir en grand-.

Playlist27042015

Hier soir, à la TV, ils passaient « Troie », une vision jeune et moderne de la guerre deTroie, très éloignée de l’Iliade à dire vrai –mais, sur cet événement supposé, on ne saura jamais où se situe la vérité, alors, pourquoi pas ?-… Du coup, tant qu’à en avoir une vision contemporaine, j’ai relu « La guerre de Troie n’aura pas lieu », de Giraudoux, une de mes pièces de théâtre de chevet, avec le « Caligula » de Camus. J’en ai même retrouvé une version audio avec Louis Jouvet –Hector, le très humaniste prince troyen-, l’un des créateurs de la pièce. Pacifiste convaincu, Giraudoux essaie de décrypter les événements déclencheurs d’une potentielle nouvelle guerre mondiale, à travers les machinations politiques des uns et des autres. Evidemment, la déclamation telle qu’on l’entend est passée de mode, mais c’est un autre petit morceau d’histoire malgré tout –et le texte est très beau– !

C’est le bagne !

berryer-presentationLecture intéressante, au gré d’une recherche qui m’y a incidemment conduit, hier soir, d’un opuscule en ligne vite lu : « Sept mois au bagne », d’un illustre inconnu, Henry-Marie-Pierre BERRYER, qui y fut gardien pendant une courte période. Il s’agit de la retranscription d’un texte manuscrit et joliment illustré par l’auteur. Celui-ci en livre un récit brut,  assez bien écrit et construit, dans un style relativement plaisant. A l’époque de l’écriture de ce petit livret, le débat, en métropole, était engagé quant au maintien d’un déportation vers le bagne dans « les colonies ». Néanmoins, le texte passa quasi-inaperçu dans ce contexte, d’autres plumes bien plus prestigieuses ayant pris part au débat -et notamment le journaliste Albert LONDRES-.

L’auteur, pour ce qu’on en sait –c’est à dire pas grand-chose, et un moteur de recherche ne vous en apprendra guère plus– était dessinateur, et employé initialement comme géographe militaire. Il fut pour un temps membre de « la pénitentiaire » –et, visiblement, semble bien mieux instruit que les surveillants « garde-chiourme qu’il dépeint-, d’où il fut assez rapidement renvoyé pour cause de maladie officiellement, d’esprit plutôt rebelle officieusement. C’est durant cette période qu’il fut affecté comme gardien au bagne de Guyane, où il ne resta que sept mois, entre 1929 et 1930, période suffisante pour qu’il en soit profondément dégoûté –et rapatrié, malade, vers la métropole-….

Si vous avez une petite heure devant vous, c’est instructif, vraiment !

En ce jour de Saint Valentin…

… qu’on ne peut ignorer, à force de surmatraquage publicitaire, une jolie lettre, écrite par Sullivan Ballou, durant la guerre civile aux USA –ma marotte, comme le savent les plus anciens lecteurs de ce blog-. Document relativement connu, mais tout-à-fait d’à-propos en ce jour.

Sullivan Ballou décéda quelques jours plus tard, lors de l’une des toutes premières bataille de ce long conflit –première bataille de Bull Run, en juillet 1861– à 32 ans. Il était commandant de son bataillon. Sa lettre fut retrouvé parmi ses bien personnels, et fut remise à son épouse post mortem.

Sous le document –cliquer sur l’image pour la voir en grand-, la lettre dite en musique –extrait de l’excellentissime documentaire de Ken Burns : « La guerre civile », paru en DVD chez Arte-. Le morceau qui l’accompagne est « Ashokan farewell« , de Jay Ungar.

BallouLettre

L’homme qui savait tout

Pico_Roman
A titre de curiosité pour découvrir ce génie précoce qu’était Pic de la Mirandole, plus que pour les qualités d’une biographie romancée et factuellement critiquable, je vous recommande malgré tout la lecture de cet ouvrage, appréhendé ce week-end suite à un commentaire anodin livré sur le blog de Gilsoub. –Cliquer sur les images pour les voir en grand-.

Un peu oublié de nos jours, Pic de la MirandoleLe Prince de la concorde– symbolise très bien l’humaniste touche-à-tout de la Renaissance italienne : c’est même le plus parfait exemple du syncrétisme humaniste. Polyglotte dès son plus jeune âge, esprit remarquablement ouvert et curieux, orateur de talent, personnalité attachante, et, paraît-il, tempérament séducteur –les femmes, dit-on, ne pouvaient pas l’écouter sans l’aimer-, l’homme avait tout pour plaire et plaidait pour l’acquisition d’une culture générale vaste et ouverte…

Pico_Portrait

 

Ses idées lui valurent bien des tracas –et une condamnation papale– avec les autorités religieuses de son temps, à une époque où Savonarole –qui fut un temps son ami–  sévissait à Florence. La mort de son plus éminent soutien, Laurent de Médicis –Laurent le Magnifique– lui fut en effet fatale. Il paya de sa vie, fort courte, dans des circonstances qui demeurent mystérieuses, ses idées généreuses et tournées vers la tolérance. Ses ouvrages furent en bonne place au bûcher des vanités.

A lire, malgré tout, pour découvrir ce personnage des plus attachant !

Ci-dessous, la musique qui a présidé à une partie de l’écriture de cette notule…

Emotion esthétique…

Mathis

Dernièrement j’ai écouté cet opéra assez peu connu, créé dans des conditions difficiles en 1938, mais néanmoins très beau et intéressant à plus d’un titre.

C’est assez contrapuntique –une marque de ce compositeur-, bien écrit, les éclats maîtrisés alternent avec des moments de bel intimisme. L’oeuvre reste d’un abord relativement aisé cependant et s’écoute agréablement.

L’opéra raconte vaguement les interrogations du peintre Matthias Grünewald –et plus généralement de l’artiste– face au pouvoir politique, sur fond de luthérianisme naissant et de guerre des paysans dans l’Allemagne médiévale finissante –une période un peu méconnue en France mais fondamentale dans l’histoire de l’Allemagne-.

Pour Hindemith, compositeur allemand confronté à la montée du nazisme au moment de sa composition, ces questionnements étaient pleinement d’actualité -il s’exilera assez rapidement en Suisse manger du chocolat-.

-En extrait, ci-dessous, Le concert des anges, qui ouvre l'opéra-.

Matthias Grünewald est le peintre, dont on ne connaît quasiment rien en matière de biographie, qui a réalisé notamment le retable d’Issenheim, que l’on peut admirer au Musée Unterlinden, à Colmar. Le retable est impressionnant –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, la crucifixion est d’une expressivité crue qui me valut l’un de mes grands chocs esthétiques face à une oeuvre picturale, lorsque je le découvris vers 13 ou 14 ans. Il réalisa quatre autre crucifixions, qui évoluent progressivement vers un quasi-expressionisme. La puissance qui s’en dégage est absolument exceptionnelle, aucune photo ne peut cependant en rendre compte, le retable mesurant 3,50m sur 5,90m.

Grunewald_Issenheim

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