En attendant la petite cérémonie d’intronisation dans un nouveau demi-siècle de ce soir, voilà de quoi commencer cette entrée dignement ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Ma journée d’hier fut essentiellement rythmée par les concerts de Sviatoslav Richter à Carnegie Hall en 1960, date de sa première visite aux Etats-Unis, dont il rentra fort déprimé –le monsieur avait un tempérament complexe-, la lecture du début de ce formidable livre sur la guerre civile aux Etats-Unis entre 1961 et 1965 –je ne l’avais plus depuis des lustres et je le lorgnais depuis longtemps– et la dégustation de ce magnifique breuvage !
Vous pouvez vérifier, le compte est bon ! Avant d’atteindre un demi-siècle, 18 262 jours se sont écoulés –en comptant les années bissextiles et les décalages horaires…-. Et demain, je fêterai donc, pour la 31ème fois –là aussi, le compte est bon– mes 20 ans !
Dans cette attente, et comme aujourd’hui n’est tout de même pas un jour si singulier, ce n’est pas une playlist très spéciale que j’ai concoctée pour accompagner cette matinée –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand et sur l’extrait pour vous mettre de bonne humeur !-.
Quoi qu’il en soit, même si je le voulais, une journée entière ne suffirait pas, demain, pour une « spécial playlist du cinquantenaire» : trop de choses à éliminer pour tenir en 24 heures –même si « choisir, c’est éliminer », ça fait trop d’éliminés pour le coup…-.
« Strasbourg reste sans contredit le lieu de France où la culture musicale s’épanouit de la manière la plus naturelle et la plus traditionnelle ». François Lesure, 1999.
Telle est la conclusion, par un des plus éminents musicologue français, de la préface, de cet excellent petit ouvrage, remarquablement documenté et doté d’une riche bibliographie, qui appelle d’autres lectures. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand et lire le titre–
En matière de devinette –moins difficile qu’il n’y paraît-, je vous propose aujourd’hui d’écouter cet agréable et très connu extrait et de me donner :
• le nom de l’oeuvre;
• le nom du compositeur, surnommé « le Johann Strauss strasbourgeois », puis « le Strauss de Paris », les troubles de l’histoire complexe de la région obligeant… Né à Strasbourg, il fut très en vogue dans les salons parisiens du Second Empire et du début de la Troisième République;
• le nom de l’orchestre interprétant cet extrait -c’est facile dans ce contexte…-;
• en guise de bonus pour départager les éventuels ex-aequo : le nom du chef à la tête dudit orchestre. Autrichien, il en fut le titulaire -très apprécié des musiciens- à la fin du 20ème siècle.
–Cliquer aussi sur l’image pour la voir en plus grand : meilleur indice que cela, je ne pourrai pas vous fournir !-.
Comme d’habitude, le vainqueur gagnera un joli cadeau… Et, pendant que vous vous creuserez la tête –ou pas, parce que ce n’est pas si difficile que ça…-, je profite pour ma part de cette jolie playlist ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Je vous parle ici d’un temps que les moins de 33 ans ne peuvent pas connaître… Au sortir de l’adolescence, j’entrais dans la vie active avec l’enviable statut d’étudiant salarié et avais donc quelques sous à consacrer à l’achat de disques : beaucoup de 33T à cette époque, mais je commençais également à acheter les tout premiers Compact Disc.
A cette époque, donc, le CD fit son apparition, d’abord très discrète, dans les étalages des disquaires. On ne pouvait pas encore parler de rayons ou de bacs, tant ils étaient en petit nombre –et l’offre donc très restreinte-. Chez « l’agitateur culturel » –à l’époque, le slogan lui allait assez bien, depuis…-, on n’avait même pas accès à la chose : une photocopie de la pochette sous plexiglass servait à choisir son CD, et un vendeur vous accompagnait à la caisse avec l’objet : il ne vous était pas remis avant passage à ladite caisse ! Chez mon revendeur préféré, qui restait encore pour une très courte période « le premier disquaire de France » –mais le CD contribua paradoxalement à sa perte-, j’avais le droit d’en écouter quelques-uns dont les boîtiers étaient déjà descellés –parce que le vendeuses, pour faire leur travail de conseil, étaient tenues de les écouter auparavant : ce temps-là a également disparu : désormais, les vendeurs remplissent vident les rayons…-.
C’est à cette époque qu’Herbert Von Karajan commença à enregistrer, pour une nouvelle postérité, sa dernière intégrale des symphonies de Beethoven –mais aussi de larges pans de son répertoire avec une boulimie frénétique, malgré la maladie et les relations dégradées avec son orchestre berlinois-, qui fut donc la première disponible en CD.
Disons-le tout de suite : elle n’a pas eu aussi bonne réputation que les précédentes –les deux premiers albums du coffret, soit 5+6 et 9 furent cependant largement primés, en France et en Allemagne, par la presse spécialisée : l’appréciation fut donc largement positive, mais un peu plus nuancée que pour les deux intégrales précédentes– et ne bénéficie pas de l’aura mythique de ses devancières –surtout celle de 1962-. La prise de son, mate et compacte, reste le principal obstacle à une découverte de ce corpus dans de bonnes conditions : on était encore au début de l’enregistrement digital chez l’éditeur jaune.
Quelques années plus tard, un nouveau remastering parut, selon le procédé « Original Image Bit-Processing », qui permit enfin d’en profiter dans de meilleures conditions –et de revendre, dans ce son largement amélioré, mais loin d’être idéal pour autant, les mêmes CD à prix fort-. C’est donc cette édition qui est l’objet de la playlist de ce jour.
Depuis l’achat de ce qui fut mon premier CD de musique classique –symphonies 5 et 6, la neuvième fut acquise la semaine suivante. Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, bien de l’eau a coulé sous les ponts de l’Ill et du Rhin… Au bilan de cette intégrale : je reste très attaché à la symphonie Pastorale, extrêmement bien jouée, avec des timbres magnifiques et un clair-obscur saisissant qui lui sied à ravir –cf; l’extrait ci-dessous-.
Je reviens souvent avec beaucoup de plaisir vers le dernier mouvement de la Troisième –le reste de la symphonie est très bien aussi, mais pas aussi excellent-, qui coule avec puissance et naturel. La Cinquième est puissante –et le dernier mouvement très sonore !– mais je préfère d’autres versions du chef, ce qui vaut également pour la Neuvième. La Quatrième et la Septième sont celles qui souffrent le plus de la prise de son, la Huitième est moins réussie qu’auparavant, et j’écoute très rarement la première et la Deuxième, dans quelque version que ce soit.
Une seule oeuvre dans la playlist du jour, mais un opéra de près de trois heures, issu de ce que le régime national-socialiste allemand appela « Entartete Musik », soit « Musique dégénérée ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
N’en croyez rien ! C’est une très belle oeuvre, dont le livret, écrit par le compositeur, Franz SCHREKER –1878-1934– situe l’action dans la Gênes du 16ème siècle, et inscrit cette action dans une perspective presque psychanalytique –une réflexion sur l’amour et la laideur, sur fond de bordel à ciel ouvert et de complot en coulisse : tout cela est simplifié, l’intrigue mêle des composantes artistiques et politiques, mais l’ensemble reste relativement cohérent malgré cette complexité de prime abord : une très bonne analyse de l’oeuvre est également disponible en ligne pour les lecteurs courageux-.
L’opéra est écrit pour un grand nombre de solistes dans sa version sans coupure et un orchestre relativement fourni, comme tous les opéras viennois de cette époque post-wagnérienne. La musique, en parfaite adéquation avec les émotions exprimées par les personnages, pourrait s’écouter sans le texte avec un intense plaisir, tant elle est réussie.
Longtemps inaccessible au disque malgré un beau succès initial lors de sa création en 1918, l’œuvre –« Die Gezeichneten » est régulièrement traduit en français par « Les Stigmatisés », traduction non littérale assez proche de ce que pourrait évoquer le titre allemand, mais pas complètement exacte non plus…– a été sortie de l’oubli lors de l’apparition de ce magnifique album, paru dans l’ambitieuse série « Entartete Musik » de Decca, au milieu des années 90. Un remarquable et très complet livret, une merveilleuse prise de son accompagnaient cette découverte, l’un des fleurons de cette fort intéressante collection. Depuis, d’autres versions, dont certaines très réussies, ont paru, mais, le plus souvent, avec de sérieuses coupures qui, généralement, amputent le troisième acte –ça coûte moins cher en solistes à distribuer !-et viennent quelque peu défigurer la cohésion de l’ensemble, même si, sur scène, le spectateur qui ne connaît pas le livret ne s’en rendra pas forcément compte.
Pour faire bonne figure, je ne résiste pas au plaisir de vous en proposer un petit extrait, pris au hasard : c’est l’oeuvre entière qui mérite une oreille attentive.
Le premier extrait du futur album des Rolling Stones est disponible ! Christophe, en commentaire de l’article précédent, renvoyait un lien vers une célèbre revue culturelle française présentant, via des versions « roots » –mais pas toujours originelles– le contenu de l’album dans le détail. Ce sont les ayant-droits qui vont être contents ! Juste retour des choses, c’est eux qui percevront les droits d’auteurs !
On sait que Chuck Berry se plaignait avec beaucoup d’aigreur, dans les années 60, de vivre essentiellement des droits versés grâce aux reprises des Rolling Stones, Beatles et autres groupes issus du « British Boom » et non pas des droits issus de ses propres enregistrements.
Dans les années 60, les Rolling Stones enregistrèrent dans les studios Chess, aux Etats-Unis, où ils purent rencontrer quelques-unes de leurs idoles, dont Muddy Waters, re-créateur avec son groupe de la chanson présentée ci-dessous. La « copie » est assez proche de la version enregistrée par Little Walter, spécialiste du Chicago Blues et harmoniciste de Buddy Waters, –et c’est toujours un réel plaisir de retrouver Mick Jagger à l’harmonica, certes plus rauque que celui de Little Walter, mais son jeu reste très énergique et propre : son vrai talent sur cet instrument lui valait d’ailleurs l’admiration de John Lennon, qui ne sut jamais, de son propre aveu, aller au-delà du simple « souffler-aspirer »-, signe que l’assimilation de ce style musical par le groupe n’a plus de secrets pour eux.
Des trois grands musiciens de l’ère baroque –avec Bach et Vivaldi– passés à la postérité auprès du « grand public », Handel –ou Händel, ou Haendel, c’est selon… Lui même signait Handel après son installation en Angleterre– est le seul qui ne vécut jamais d’éclipse après son décès : si ses opéras ont largement bénéficié de la redécouverte baroque après la seconde guerre mondiale, ses oratorios, ses célèbres Water Music ou Royal firewroks Music, ou encore ses magnifiques concerti grossi restèrent toujours très en vogue, quand Vivaldi et Bach avait sombré dans un oubli long d’un siècle, voire plus pour le second.
Handel, quant à lui, fut joué de tout temps, parfois par des orchestres pléthoriques –on parle de plus de 1 000 choristes pour une interprétation de Messiah au début du vingtième siècle– et sans doute totalement « hors style ». Sa musique, si elle n’y a rien gagné, a cependant largement survécu à ces « maltraitances ».
Les plus grands compositeurs l’admiraient : • pour Haydn, « Handel est notre maître à tous »; • pour Liszt, « Handel est grand comme le monde ». • Mais son plus ardent admirateur fut Beethoven : « Handel, voilà la Vérité ! » ou encore « Handel est le plus grand, le plus solide compositeur : de lui, je puis encore apprendre » ou, pour finir cette rubrique élogieuse : « Je voudrais m’agenouiller sur sa tombe ».
Le style épique de cette musique pleine de vitalité, simple sans être simpliste, explique sans doute cette grande notoriété auprès du grand sourd, lui-même souvent inspiré par le genre « héroïque ». Mais, plus généralement, Handel apparaît assez universel par la synthèse réussie des différents courants de son temps -allemands, italiens, français et anglais- qui traversent sa musique.
C’est donc une playlist pleine de cette vigueur joyeuse qui va me permettre d’entamer le week-end ! -Cliquer sur, l’image pour la voir en plus grand-.
Et, pour que vous en profitiez un peu, vous pouvez écouter le petit extrait ci-dessous.