Un dimanche à l’opéra – Engelbert Humperdinck, Hänsel und Gretel

Fin de saison ! En ce jour de fête nationale, voici mon dernier dimanche à l’opéra pour cette saison lyrique avant notre prochain départ en vacances ! Aujourd’hui, un très bel album qui me fera retomber un peu en enfance, quand je dévorais les contes des frères Grimm, dont est issu le présent livret, rédigé par la soeur du compositeur, Adelheid Wette, qui réorganise l’histoire bien connue –des enfants, leurs parents, une sorcière, la forêt et beaucoup de pain d’épices !– en trois actes. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Acte 1 : Hänsel und Gretel, deux enfants d’une famille pauvre, sont laissés seuls à la maison, à l’orée de la forêt. Leur mère, Gertrud, exaspérée par leur manque de travail, les envoie chercher des fraises dans la forêt. Leur père, Peter, un vendeur de balais –dans conte de Grimm, c’est un bûcheron-, rentre chez eux joyeux car il a fait de bonnes ventes. Cependant, il s’inquiète en apprenant que les enfants sont dans la forêt, car elle est habitée par une sorcière maléfique qui attire les enfants avec des friandises pour les dévorer.
• Acte 2 : Hänsel und Gretel cueillent des fraises mais se perdent dans la forêt. Effrayés et fatigués, ils s’endorment. Ils sont protégés par un chœur d’anges bienveillants, invoqués par le Marchand de sable et la Rosée, les esprits de la forêt. Les enfants passent une nuit paisible sous la garde de ces esprits.
•Acte 3 : Au matin, Hänsel et Gretel découvrent une maison en pain d’épices. Affamés, ils commencent à en manger. La sorcière sort de la maison et les capture. Elle enferme Hänsel dans une cage pour le gaver et le manger plus tard, tandis qu’elle force Gretel à l’aider. Grâce à leur ruse et leur courage, Gretel réussit à tromper la sorcière et à la pousser dans son propre four. La sorcière est vaincue et la maison se transforme, révélant les autres enfants qu’elle avait ensorcelés. Les parents de Hänsel et Gretel arrivent et retrouvent leurs enfants sains et saufs. Tous les enfants libérés expriment leur gratitude et la famille est réunie dans la joie et la gratitude. Le conte se termine sur une note d’espoir et de bonheur, célébrant le triomphe de l’innocence et de la bravoure sur le mal.

« Hänsel und Gretel » est présenté par Engelbert Humperdinckcliquer sur son portrait pour le voir en plus grand– comme « un opéra féerique en trois actes ».
L’œuvre, du fait de son argument et de ses héros enfantins, est souvent décrite comme un opéra pour enfants, bien que sa complexité musicale attire également les mélomanes les plus sérieux ! L’opéra est réputé pour sa riche orchestration et son utilisation de leitmotivs. Il est fortement influencé par Richard Wagner, avec qui Humperdinck a travaillé pendant deux ans –1880-81– en tant qu’assistant. Les mélodies sont inspirées des chansons populaires allemandes, ce qui les rend accessibles et facilement mémorisables par des enfants, sans pour autant tomber dans la facilité. Les éléments magiques sont accentués par des instruments spécifiques et des effets orchestraux, comme l’utilisation de la célesta pour créer une ambiance enchantée : à cet égard, la fin du deuxième acte est une magnifique réussite et comporte notamment l’air très célèbre « Abends will ich schlafen gehn ».
Engelbert Humperdinck utilise une combinaison de styles harmoniques et de timbres pour créer une atmosphère féerique et parfois sombre. Hänsel und Gretel explore des thèmes aussi variés que la pauvreté, la faim, le courage, l’amour familial, et la lutte entre le bien et le mal. La musique et le livret capturent l’innocence et l’aventure des enfants, tout en intégrant des éléments de tension -les enfants se trouvent en danger- avant le triomphe final : destiné à des enfants élevés sous le régime bismarckien, la fin est hautement morale, évidemment !

Hänsel (mezzo-soprano) et Gretel (soprano) sont les protagonistes principaux, représentant l’innocence et la bravoure des enfants. La sorcière (mezzo-soprano ou ténor travesti) est l’antagoniste, caractérisée par une musique sinistre et captivante. Les parents (baryton pour le père et mezzo-soprano pour la mère) jouent des rôles importants, reflétant la réalité de la pauvreté et de la lutte quotidienne. Les personnages magiques, comme le Marchand de sable et la Rosée, ajoutent une dimension féerique à l’opéra.
Les personnages principaux sont remarquablement incarnés dans la version de ce jour –les deux enfants, la géniale sorcière de Christa Ludwig, et, dans une moindre mesure Gertrud-, enregistrée en 1971 et où Dietrich Fischer-Dieskau trouve, à mes oreilles, son meilleur rôle dans celui du père –mais j’ai toujours eu du mal à apprécier cet immense artiste, à l’expressivité trop précieuse à mon goût-. Quant à la direction d’orchestre, elle absolument est superbe, jouant à fond le jeu du merveilleux féérique. Kurt Eichhorn n’est pas le plus célèbre des chefs d’orchestre, et il signe sans doute ici son meilleur disque, qui a fait toute sa réputation.

Créé en 1893 sous la direction de Richard Strauss, Hänsel und Gretel connut un succès immédiat et reste, aujourd’hui encore, un classique régulièrement joué dans de nombreuses maison d’opéra. Il a également été enregistré, souvent avec réussite, par les plus grands chefs au sein d’une discographie dont le présent album est l’un des sommets.

Playlist anthologique en CD qui s’use !

La playlist du jour est consacrée à un seul groupe, via une anthologie en deux volumes et quatre disques récemment éditée et que je me suis procurée en « CD qui s’use », c’est à dire en LP ! Le volume 2 vient de paraître, l’histoire ne dit pas s’il y en aura un troisième. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les prises de son n’étant pas de première qualité, peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Au demeurant, les pressages 180 grammes sont exemplaires et silencieux et l’ensemble bénéficie d’une sélection judicieusement effectuée et d’une belle ligne éditoriale.
The Kinks est sans doute le plus anglais des groupes anglais des 60’s, que j’apprécie de plus en plus, tant pour leurs premiers singles que pour leurs concept albums de la fin des années 60 et du début des années 70.

Playlist « Cette année-là. 2012 »

Thomas Newman – BOF « Skyfall »
Mozart – Concertos pour piano 20 & 21 – Jan Lisiecki ; ORS Bavière, Christian Zacharias
Nick Drake – Five Leaves Left
Berlioz – Symphonie Fantastique – Scottish Chamber Orchestra, Robin Ticciati
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Finalement, on n’aura pas besoin d’essayer…

… ce qu’on n’avait pas encore essayé –ici, pour mémoire…- !
Passé le moment de surprise initiale, ça n’empêche pas un certain bazar à l’heure actuelle, et ça risque de durer encore un petit moment, puisque tout le monde a perdu –ou tout le monde a gagné, selon le point de vue auquel on se place…-.

Pendant ce temps, j’ai fêté mon dignement mon départ en retraite en plusieurs temps conviviaux et j’ai été couvert de cadeaux : officiellement, je partirai définitivement le 1er novembre ; plus officieusement, entre congés et autres vacances, on ne me verra plus beaucoup au travail après l’été !
En cette période de grande incertitude, cette retraite arrive vraiment à point nommé, et  je m’envie au plus haut point !

Playlist dominicale d’une évidente cohérence !

La playlist du jour est d’une évidente cohérence thématique ! Pensez donc : elle réunit deux artistes qui furent les créateurs du Velvet Underground dans deux albums en solo sortis chacun en 1989 et un album qu’ils écrivirent conjointement en mémoire d’Andy Warhol, après décès de celui-ci –1987-, et qui parut en 1990. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Il s’agit de trois excellents albums, loin des expérimentations sonores et musicales propres aux premières années du Velvet Underground –qui étaient essentiellement dues à John Cale et à sa formation classique (il fit partie du courant avant-gardiste américain, avec John Cage ou La Monte Young et c’est lui qui imposa le concept de drone au sein du groupe, dont il était l’altiste-bassiste-pianiste) bien plus qu’à Lou Reed, beaucoup plus conventionnel musicalement parlant-.

John Cage, friand de moultes expériences capillaires, retrouve ses racines classiques dans le très beau « Words For The Dying« , assez loin de l’idée qu’on se fait d’un album de rock : c’est un orchestre classique et des choeurs que l’on entend dans toute la première partie de l’album, intitulée « The Falklands Suite », sorte de suite symphonique illustrant des poèmes de Dylan Thomas. La seconde partie, plus conventionnelle mais également belle, est dénommée « Songs Without Words ».
A mes oreilles, c’est, avec « Paris 1919 », le plus bel album du compositeur gallois, au sein d’une discographie de l’artiste très personnelle et originale.

Lou Reed, pur produit de l’intelligentsia new-yorkaise, donne lui aussi à entendre, avec « New York » un de ses meilleurs albums –sa discographie est très inégale, au gré de ses changements d’humeur et de son instabilité : ici, il semble avoir trouvé une certaine sérénité– où, dans une ambiance assez apaisée finalement, il décrit pourtant certains des aspects les plus sordides de la Grosse Pomme grâce à ses habituelles habilités de conteur.
Lou Reed avait déjà consacré un album à sa ville natale avec l’excellent « Coney Island ».

Avant les obsèques d’Andy Warhol –qui fut le manager du Velvet Underground à ses débuts et un important soutien financier-, les deux hommes ne s’étaient plus parlés depuis l’éviction de John Cale du groupe, en particulier du fait de l’ego surdimensionné de Lou Reed. Ils surent mettre de côté temporairement leurs différends pour composer ce très bel album-hommage à Andy Warhol : « Songs For Drella« , Drella étant l’un des surnoms du maître du Pop-Art donné par ses disciples a sein de la Factory.

Musicalement, l’ambiance est beaucoup plus apaisée qu’à l’époque du Velvet Underground, et l’instrumentarium réduit au piano et au l’alto de John Cale ainsi qu’à la guitare de Lou Reed –+ quelques pédales d’effets et pas mal de réverbération-. Les deux artistes se partagent le chant pour décrire quelques aspects marquants de la vie et de la personnalité de Warhol. Leur collaboration se réduisit à cet album et à quelques concerts qui suivirent, mais John Cale avait annoncé très tôt qu’il ne voulait plus travailler avec Lou Reed pour d’autres éventuels projets.

Au final, une très belle playlist dominicale, qu’il est possible de prolonger sans qu’elle perde sa cohérence avec les deux albums alternatifs cités dans la notule  !

Playlist « Concert déjanté en puzzle »

La playlist de ce jour, à écouter très fort pour qu’elle soit pleinement appréciable- est constitué d’un unique concert de Lou Reed à New York, en décembre 1973, et édité en deux disques sortis séparément : devant le succès de « Rock’n’Roll Animal », RCA sortit en 1975 l’album «Live », tiré du même show. Le second album connut un succès à peine moindre. -Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La technologie actuelle permet désormais facilement de reconstituer la setlist du concert telle qu’elle se présentait ce soir-là –cf. l’imagette de droite-, plutôt que le puzzle désordonné proposé par la sortie en deux disques et l’assemblage qui en résulta.

A ce stade de sa carrière, Lou Reed avait connu un énorme succès avec l’album « Transformer », suivi d’un non moins immense bide commercial et critique retentissant avec « Berlin », ce dernier ne connaissant une appréciation positive que des années plus tard. Les titres qu’il propose lors de ce concert proviennent logiquement de ces deux albums et sont abondés de chansons écrites pour le Velvet Underground à la fin des années 60.
Totalement déprimé, rongé par les drogues et les abus de toutes sortes, physiquement très amaigri et le crâne rasé, Lou Reed est entouré d’un groupe réuni autour du guitariste « chef d’orchestre » Steve Hunter : un second guitariste, Dick Wagner, vient l’épauler, et les duettistes sont soutenues par les claviers discrètement présents de Ray Colcord, la batterie pachydermique de Pentti Glan et la basse étonnamment ductile et très expressive de Prakash John. Ce groupe, qui deviendra bientôt celui d’Alice Cooper pour l’enregistrement de son album « Welcome To My Nightmare », propose des versions glam-hard rock des chansons : Lou Reed n’a plus qu’à déposer ses paroles dans un style qu’il affectionnera tout au long des années 70, jusqu’à la caricature parfois : un parlé-chanté qui colle tant bien que mal au rythme et où la mélodie est transformée, voire déformée. En 1973, tout cela passe encore très bien parce que les interactions avec le public sont quasi-inexistantes.
Plus tard dans la décennie, en revanche, et soutenu par des musiciens de moindre envergure, les concerts se transformeront parfois en talk-show où l’artiste se contentera de haranguer le public.

Playlist « Beethoven à la mode soviétique »

Entamée avant l’aube, la playlist du jour propose trois pianistes russes, et pas n’importe lesquels, dans un programme consacré intégralement à des sonates de Beethoven. Les pianistes sont Heinrich Neuhaus, Sviatoslav Richter et Emil Gilels, les deux derniers étant enregistrés en concert. Quant aux sonates écoutées, il s’agit des n°3, 9, 12, 14, 24, 29, 30 et 31. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les enregistrements d’Heinrich Neuhaus sont difficiles à dater, le disque est issu d’un coffret « grands pianistes russes » parus chez en 1986 chez Harmonia Mundi, éditeur français aujourd’hui disparu, qui publiait à cette occasion des enregistrements Melodiya : d’après mes rapides recherches, ces sonates auraient été enregistrées entre 1947 et 1950. Heinrich Neuhaus fut le professeur aussi bien de Gilels –les deux hommes ne s’appréciaient pas, Gilels affirme n’avoir quasiment rien appris de lui, d’autant qu’il avait déjà remporté à l’unanimité le premier prix lors du concours de l’Union– que de Richter, son élève « chouchou ». Etonnamment, il eut la vie sauve durant la guerre, alors qu’il était emprisonné à la Loubianka, grâce à l’intervention personnelle de Gilels directement auprès de Staline. Remarquable pédagogue et interprète, il donne à entendre quatre excellentes versions de ces sonates, dans un son très convenable.

Considéré comme l’un des très grands pianistes du vingtième siècle, Sviatoslav Richter a été autorisé à effectuer des tournées en Occident et aux Etats-Unis à partir de 1960. Il y effectua quelques enregistrements, dont les sonates écoutées ce jour. A mes oreilles, le Beethoven de Richter est très inégal –variable du bon à l’exceptionnel-, et largement tributaire me semble-t-il de l’humeur du jour –le pianiste était d’une personnalité plutôt complexe et parfois assez peu amène-. Pour ces trois sonates, qui ne sont pas les plus connues, il semble être dans un très bon jour.
Enfin, les lecteurs réguliers de ce blog savent que les sonates pour pianode Beethoven par Emil Gilels constituent pour moi le sommet de la discographie de ces oeuvres, bien que son décès prématuré nous prive d’une intégrale complète –indisponible à l’heure actuelle, mais elle ne semble pas supprimée par l’éditeur– . Ici, en concert, il livre une « Hammerklavier » à l’abattage considérable, et dont le troisième mouvement est d’une beauté à couper le souffle. Un très grand disque, qui vient clore une superbe playlist !

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